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La conception de la foi chez les ash’arites

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  • La conception de la foi chez les ash’arites










    La conception de la foi chez les ash’arites

    (Partie 1)




    L’Imâm Harb ibn Ismâ’îl dit dans ses masâil (p. 366) : « Quant aux kharijites, ils taxent les traditionalistes de murjites. Ils mentent ! Ce sont eux les murjites, car ils prétendent être les seuls à avoir à la foi, et ils vouent à la mécréance tous ceux qui ne pensent pas comme eux. »




    Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !




    Voir notamment : ârâ el murjiya fî musannafât Sheïkh el Islâm qui est une thèse ès Doctorat du D. ‘Abd Allah ibn Mohammed e-Sanad.




    Introduction




    Les ash’aritesn’ont pas une position uniforme sur la conception de la foi. Le père fondateur lui-même a plus d’une opinion sur le sujet. Trois grandes tendances se dégagent chez les partisans de la secte.




    Primo :celle où ils rejoignent le crédo orthodoxe disant que la foi est composée de la parole et des actes. Abû el Hasan l’épousa finalement, ainsi qu’une partie de ses adeptes.[1] Il en parle dans son épitre mas-ala el îmân hal huwa makhlûq aw ghaïr makhlûq ?Dans maqâlât el islâmiyînégalement,[2] il rejoint le crédo traditionaliste selon lequel la foi est composée de la parole et des actes, et qu’elle monte et descend.[3] Sheïkh el Islâmrapporte son discours d’el ibânadans lequel il se range, dans l’ensemble, au crédo de l’Imâm Ahmed.[4] Ibn Taïmiya souligne un point d’une importance capitale pour comprendre la tendance actuelle de la secte. Il explique, en effet, que certains adeptes du fondateur se rendirent compte de l’impertinence de la parole de Jahm. Si beaucoup d’entre eux y renoncèrent, une partie seulement se tourna vers la tendance des anciens.[5]




    Secundo :celle où ils rejoignent le crédo d’ibn Kullâb et des murjiya el fiqahadisant que la foi est composée de la croyance (tasdîq) et de la parole. Nous trouvons dans cet ensemble le reste des ash’aritesqui renoncèrent à la parole de Jahm.[6]




    Tercio : celle où ils rejoignent le crédo de Jahm qui confine la foi dans la croyance (tasdîq). Elle est la tendance la plus notoire imputée à Abû el Hasan et qui fut adoptée par la plupart des grandes références qui le suivirent comme el Qâdhî Abû Bakr el Baqallânî et Abû el Ma’âlî el Juwaïnî (auxquels il faut ajouter Râzi).[7] Celle-ci fut également adoptée par certains partisans d’Abû Hanîfa, à l’image, contre toute attente, d’el Mâturîdî.[8] Selon eux, la foi, qui se vérifie uniquement au niveau dutasdîq, ne varie pas d’un individu à un autre, et est indivisible ; soit elle existe entièrement soit elle est inexistante. Ils ne conçoivent pas de phase intermédiaire. C’est pourquoi, ils imaginent tout à fait un individu ayant une foi parfaite/ou valable (tamm) capable de blasphémer en toute âme et conscience et sans contrainte.




    Les paroles blasphématoires ne sont, à leurs yeux, que le reflet où l’implication de l’absence du tasdîq. À l’inverse, une foi parfaite/ou valable (tamm) n’implique pas forcément les actes ; ils imaginent parfaitement une foi parfaite/ou valable (tamm) sans n’effectuer aucun acte.[9] Jahm, qui confinait la foi dans le cœur, n’imposait même pas l’attestation de la foi. De grandes références à l’image d’Ahmed et de Waqî’ condamnaient à l’apostasie l’auteur d’une telle croyance. Pourtant, el Ash’arî et bon nombre de ses adeptes y adhéraient pleinement, à la différence où ils s’alignaient avec les textes sur les cas d’apostasie. Ils justifiaient qu’on devenait apostat quand la connaissance du cœur (ma’rifa) disparaissait complètement.[10] Le blasphème ne serait donc que la preuve de la mécréance intérieure, non qu’il relève de la mécréance en lui-même. Il est tout à fait possible au même moment, selon eux, que le blasphémateur reste croyant. Quand on leur établit que les textes et le consensus le vouent à la mécréance intérieurement et extérieurement, ils réfutent qu’en réalité, sa mécréance extérieure implique de démentir Dieu intérieurement (takdhîb), ce qui s’oppose littéralement à la foi.[11]




    Dans maqâlât el islâmiyîn, el Ash’arî recense les différentes tendancesmurjites(douze en tout), dont celle qui confine la foi dans la connaissance du cœur du Créateur. On est mécréant uniquement quand on ignore son existence. La Trinité n’est pas de la mécréance en soi, mais elle provient uniquement d’un mécréant, comme l’indiquent les textes et le consensus. Ils résument cette ma’rifaà l’amour et à la soumission intérieure du Créateur. En cela, la prière ne relève pas de l’adoration, car adorer Dieu, c’est simplement le connaitre.

    Abû el Husaïn e-Sâlihî, qui en est l’instigateur, se représentait la foi et la mécréance comme un seul élément compact et indivisible, et n’acceptant aucune variation.[12] Or, comme le souligne ibn Taïmiya, ce même Ash’arî se rallie à la tendance de Sâlihî dans un autre de ses ouvrages aujourd’hui perdu et ayant pour titre el mûjiz,[13] bien qu’au même moment il prétend dans le même ouvrage suivre les traces de l’Imâm Ahmed.[14]

    Ce fameux Sâlihî confinait effectivement la foi dans la ma’rifaet le tasdîq, bien qu’elle réclame certaines exigences, qui, sans les fournir, sont la preuve de l’absence de tasdîqdans le cœur. El Mâturîdî, comme nous l’avons vu, rejoint dans le principe cette tendance, en émettant toutefois une nuance. Ce dernier considère en effet la parole comme une condition (shart) pour la mise en application des lois terrestres.[15] Ainsi, les ash’aritessont en accord avec le jahmismeprimitif confinant la foi dans la croyance intérieure, sans même fournir la parole ni les actes du cœur, et encore moins les actes extérieurs.[16]




    Remarque :




    Le D. Ahmed ibn ‘Atiya el ‘Âmidî – qu’Allah ait son âme – reproche à ibn Taïmiya et à ibn Hazm avant lui de mettre les ash’aritesdans le même lot que les jahmitesdans le domaine de la foi, sous prétexte qu’ils accordent de l’importance aux actes, et en supposant une nuance subtile entre la ma’rifaqui serait propre aux jahmiteset le tasdîqauquel adhèrent les ash’arites.[17] Or, ibn Taïmiya n’a fait que rapporter les analyses de grands commentateurs ash’arites, à l’instar d’Abû el Qâsim el Ansârî.[18] En outre, l’imam fondateur a deux opinions sur le sens de tasdîq, selon les aveux d’Abû el Qâsim el Ansârî lui-même.[19]

    L’une où dans l’optique de Jahm, il serait synonyme de la ma’rifa, et l’autre où il aurait un sens plus restreint. Cette dernière opinion fut adoptée par el Baqallânî et el Juwaïnî.[20] Or, cela ne veut pas dire que les ash’aritesprennent le même statut que les jahmitesaux yeux d’ibn Taïmiya.[21] Nous avons vu plus haut qu’el Ash’arî et bon nombre de ses adeptes s’alignaient avec les textes sur les cas d’apostasie. Ils justifiaient qu’on devenait apostat quand la connaissance du cœur (ma’rifa) disparaissait complètement,[22] contrairement à Jahm qui imaginait la foi possible chez les pires ennemis d’Allah, comme Iblis, Pharaon, les Juifs, etc.[23]




    C’est ce qui nous amène au point suivant.




    À suivre…










    [1]Majmû’ el fatâwâ (7/120, 142, 509).

    [2]maqâlât el islâmiyîn(1/347-350).

    [3]Majmû’ el fatâwâ (7/549-550).

    [4]Majmû’ el fatâwâ (3/223).

    [5]Majmû’ el fatâwâ (7/143).

    [6]Majmû’ el fatâwâ (7/143).

    [7]Majmû’ el fatâwâ (7/511).

    [8]Voir : tabsira el adilla (2/799), e-tamhîd li qawâ’îd e-tawhîd (p. 128), el musâmara bi sharh el musâyara (p. 1, 5) de Kamâl ibn Abî Sharîf, et hashiya ibn ‘Âbidîn (7/342).

    [9]Majmû’ el fatâwâ (7/582).

    [10]Majmû’ el fatâwâ (13/47).

    [11]Majmû’ el fatâwâ (7/557).

    [12]maqâlât el islâmiyîn(1/214).

    [13]Majmû’ el fatâwâ (7/544).

    [14]Dar-u e-ta’ârudh d’ibn Taïmiya (2/16).

    [15]Majmû’ el fatâwâ (7/509-510).

    [16]E-sârim el maslûl d’ibn Taïmiya (3/960).

    [17]Voir : el îmân baïna e-salaf wa el mutakallimîn (151-157).

    [18]Le livre dont s’inspire ibn Taïmiya est aujourd’hui encore à l’état de manuscrit, mais on peut retrouver les passages en question dans nihâyat el aqdâm (p. 472), et el musâmara bi sharh el musâyara (p. 33) de Kamâl ibn Abî Sharîf

    [19]Notons que dans sharh el maqâsid (5/177), e-Tiftizânî dit explicitement que leur Imâm penche éventuellement pour cette opinion.

    [20]E-tis’îniya d’ibn Taïmiya (2/649-651).

    [21]Voir : e-nubuwât (p. 199).

    [22]Majmû’ el fatâwâ (13/47).

    [23]Majmû’ el fatâwâ (13/47).




  • #2









    La conception de la foi chez les ash’arites

    (Partie 2)




    La place des actes du cœur dans la pensée murjîte




    Ibn Taïmiya explique qu’il existe trois sortes de murjites. Premièrement : Ceux qui disent que la foi s’avère uniquement dans le cœur. Ceux de cette tendance se divisent ensuite en deux catégories.

    A- Ceux qui entrent les actes du cœur dans la définition de la foi conformément à la plupart des sectes murjites, comme le relève Abu el Hasan el Ash’arî.

    B- Ceux qui n’entrent pas les actes du cœur dans la définition de la foi, comme Jahm et e-Sâlihî. El Ash’arî et la plupart de ses adeptes optent pour cette tendance.




    Deuxièmement : ceux qui disent que la foi se résume à la parole verbale. Avant el karrâmiya, personne en particulier n’avait avancé cette opinion.




    Troisièmement : tasdîqel qalb et qawl e-lisân. C’est la tendance notoire des fugaha et des pieux parmi eux.[1]




    Or, el ‘Anbârî a compris en lisant ce texte que la plupart des murjites voient les actes du cœur, mais en réalité, il s’agissait de la première catégorie d’entre eux. Sinon, pour le reste, dont les murjiya el fugaha, ils n’entrent pas les actes du cœur dans la foi. C’est ce qui a poussé ibn Taïmiya, a les mettre au pied du mur en disant (pour reprendre la traduction d’un internaute) :

    "S’ils n’incluent pas les actes du cœur dans la définition de la foi, cela implique de rejoindre les propos de Jahm et s’ils les incluent, cela implique qu’ils doivent inclure les actes extérieurs, car ces derniers y sont inhérents."




    Il parle donc des murjiya el fugaha. Ils rejoignent ainsi Mohammed ibn Kullab, le maitre à penser d’el Ash’arî ; el Ash’arî pour sa part, a en fait deux opinions, une qui rejoint les traditionalistes et l’autre qui rejoint el jahmiya et e-salihiya.




    Pour les murjiya el fugaha, les actes du cœur n’entrent pas dans la foi




    Ainsi, pour eux (ibn Kullab et les murjiya el fugaha) la foi c’est le qawl e-lisân et le tasdîq el qalb, ou le tasdîq et l’iqrâr. Certains d’entre eux ajoutent la ma’rifa au tasdîq, comme le souligne ibn ‘Abd el Barr.[2] Ils résument donc la foi dans le qawl ou le mantiq (la parole), soit qawl el qalb et qawl e-lisân.




    Ainsi, Jahm, e-Sâlihî, et el Ash’arî s’accordent avec les murjiya el fugaha sur le fait que les actes du cœur ne font pas partie de la foi. La différence, c’est que les derniers reconnaissent qawl e-lisân. Ailleurs, ibn Taïmiya explique que ces deux tendances confinent la foi dans le domaine du qawl. Il dit explicitement que la tendance qui adhère à qawl el qalb et qawl e-lisân, c’est la tendance notoire des murjites. Je vous laisse deviner de qui il parle !




    Les premiers parlent du qawl el qalb et les deuxièmes du qawl el qalb wa e-lisân. Quand ils s’entendent à sortir les actes de la définition de la foi, ils entendent par là notamment, ‘amal el qalb et ‘amal e-lisân. Ibn Taïmiya nous apprend que Hammad ibn Sulaïmân, le Sheïkh d’Abu Hanîfa est le premier à dire que la foi se résume au qawl, en parlant du qawl e-lisân et du qawl el qalb. Ainsi, de nombreux murjites sortent les actes du cœur de la définition de la foi.[3]




    Ibn ‘Abd el ‘Izz explique qu’en disant : aimer les Compagnons fait partie de la foi, e-Tahawî se contredit, puisque le hubb est un acte du cœur alors que son Sheïkh Abû Hanîfa n’introduisait pas les actes du cœur dans la définition de la foi. Il existe deux sortes de ‘amal : ‘amal el qalb et ‘amal el jawârih.[4] C’est ce qui pousse les murjites toutes tendances confondues à dire que les actes extérieurs ne font pas partie de la foi, sauf que pour certains, ils en font partie majâzan (de façon métaphorique), et qu’il est possible d’avoir une foi parfaite sans ne fournir aucun acte extérieur.




    Or, pour être plus complet, il faut savoir que certains chercheurs considèrent que le tasdîq, c’est le ‘amal el qalb et que la ma’rifa, c’est qawl el qalb, en sachant que la limite entre le tasdîq et la ma’rifa est très subtile, c’est pourquoi, beaucoup n’en tiennent pas compte, wa Allah a’lam !




    Dans certains passages, l’Imam Ahmed semble faire une distinction entre la ma’rifa et le tasdîq. Le premier correspondrait à qawl el qalb et le deuxième à ‘amal el qalb. Abû Thawr semble également utilisé le tasdîq pour désigner à la fois qawl el qalb et ‘amal el qalb. Pour trancher, il est possible de dire, comme l’établit implicitement ibn Taïmiya que le tasdîq implique ou est accompagné ou réclame ce que je j’appelle naw’ min ‘amal el qalb ou certains éléments du ‘amal el qalb comme le hubb, la khashya et le tawakkul. ibn el Qaïyim parle de l’inqiyâd.[5]




    Mais, en réalité, cela ne reste pas clair. Il faudrait peut-être qu’un chercheur fasse une étude approfondie sur le sujet, si ce n’est déjà fait, et ce qui n’est pas dans mes compétences. Cette zone d’ombre pousse ibn Taïmiya à dire que la différence entre la ma’rifa et le mujarrad e-tasdîq dépourvu de l’inqiyâd et qui touche tous les deux à qawl el qalb est très subtile. La plupart des érudits contestent cette différence, en admettant qu’elle soit juste. Il n’est pas pertinent d’imposer aux hommes une chose qu’il est pratiquement impossible de se représenter. Ainsi, la théorie d’bn Kullâb et de son élève Abu el Hasan el ‘Ash’arî qui repose sur la différence entre les deux notions est complètement erronée. Les adeptes d’el Ash’arî eux-mêmes ne leur concèdent pas, et ne font pas cette différence.




    Aux yeux d’ibn Taïmiya, il serait extrêmement difficile à l’individu de faire la différence entre son savoir (‘ilm) et son tasdîq dépourvu de l’inqiyâd et des autres ‘amal el qalb.[6] C’est peut-être ce qui explique le passage :




    "S’ils n’incluent pas les actes du cœur dans la définition de la foi, cela implique de rejoindre les propos de Jahm et s’ils les incluent, cela implique qu’ils doivent inclure les actes extérieurs, car ces derniers y sont inhérents."




    Dans le sens où entre les deux, leur cœur balance, wa Allah a’lam !




    Mais, nous allons essayer de donner quelques éléments de réponses. Nous avons déjà vu que pour les murjiya el fuqaha, la foi se confine dans le qawl, soit qawl el qalb et qawl e-lisân. Creusons un peu maintenant dans la conception de la foi chez les jahmites, et l’énigme se dissipera un peu plus.




    Dans Majmû’ el fatâwa, ibn Taïmiya établit que la foi chez les jahmites se résume à mujarrad ma’rifa el qalb. C’est la pire des définitions de la foi. C’est pourquoi, les anciens comme Wakî’ et l’Imam Ahmed ont kaffar les auteurs d’une telle conception.[7]




    Ailleurs, ibn Taïmiya dit qu’elle se résume, à leurs yeux :

    - au tasdîq qui est la ma’rifa. Celui qui renferme cette croyance, soit le ‘ilm est un croyant parfait, car selon eux, la foi est indivisible, si on enlève une partie, elle s’annule entièrement.

    - Mujarrad tasdîqel qulb wa ‘ilmuhu, cette tendance est celle de Jahm, e-Sâlihî, l’une des tendances d’el Ash’arî, et la plupart des ash’arites.

    - Qawl el qalb(‘ilm).

    - Mujarrad el ‘ilm.




    À suivre…














    [1]Majmû’ el fatâwa (7/195).

    [2]E-tamhîd (9/238).

    [3]El îmân (p. 281-282).

    [4]Voir : sharh el ‘aqîda e-tahâwiya.

    [5]Voir : nawâqidh el îmân el i’tiqâdiya du D. Mohammed el Wuhaïbî (1/38-43).

    [6]Majmû’ el fatâwa(7/397-400).

    [7]Idem. (8/229-230).



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    • #3












      La conception de la foi chez les ash’arites

      (Partie 3)




      Nous avons vu qu’il existe trois sortes de murjites. Premièrement : Ceux qui disent que la foi s’avère uniquement dans le cœur. Ceux de cette tendance se divisent ensuite en deux catégories.

      A- Ceux qui entrent les actes du cœur dans la définition de la foi conformément à la plupart des sectes murjites, comme le relève Abu el Hasan el Ash’arî.

      B- Ceux qui n’entrent pas les actes du cœur dans la définition de la foi, comme Jahm et e-Sâlihî. El Ash’arî et la plupart de ses adeptes optent pour cette tendance.




      Deuxièmement : ceux qui disent que la foi se résume à la parole verbale. Avant el karrâmiya, personne en particulier n’avait avancé cette opinion.




      Troisièmement : tasdîqel qalb et qawl e-lisân. C’est la tendance notoire des fugaha et des pieux parmi eux.[1]




      Ibn Taïmiya explique que l’opinion de la première tendance implique de fournir pour la plupart d’entre eux certains actes du cœur, sauf chez Jahm et e-Sâlihî. Ces derniers reconnaissent le tasdîq sans ‘amal el qalb.




      Ainsi, les jahmites se contentent de la ma’rifa sans l’iqrar de la parole (qui est qawl e-zhâhir), qui est pourtant, la condition sine qua non pour espérer être sauvé et gagner le bonheur éternel. C’est ce qui les différencie notamment avec les murjiya el fuqaha, pour qui le qawl e-lisân est indispensable.




      Or, cela ne veut pas dire que pour eux, les actes ne sont pas obligatoires, mais nous parlerons peut-être de ce dernier point plus tard.




      Dans une analyse très pointue, ibn Taïmiya explique que les jahmites sont comparables aux philosophes grecs, bien que les jahmites soient plus proches de la vérité dans l’ensemble, car ils imposent les actes d’adoration et sont convaincus qu’ils sont utiles, contrairement aux philosophes et aux soufis ultras.




      Le point commun entre les philosophes péripatéticiens et les jahmites, c’est qu’ils résument le bonheur dans la connaissance, soit mujarrad el ‘ilm wa e-tasdîq pour les seconds et la connaissance des choses telles qu’elles sont pour les premiers.[2]




      Nous avons vu aussi que les murjites toutes tendance confondues disent que les actes extérieurs ne font pas partie de la foi, sauf que pour certains, ils en font partie majâzan (de façon métaphorique), et qu’il est possible d’avoir une foi parfaite sans ne fournir aucun acte extérieur.




      Les ash’arites rejoignent les jahmites sur leur conception de la foi. Pour contrer cette tendance, ibn Taïmiya explique que le ‘ilm et le tasdîq ne sont pas suffisants pour arriver à la foi, sans fournir les actes du cœur.[3]




      La variation de la foi chez les ash’arites




      Les ash’arites sont conformes au crédo murjites selon lequel la foi ne peut ni monter ni descendre. C’est ce qui les pousse à dire que la soumission aux commandements divins (faire les interdictions et renoncer aux interdictions) ne relève pas de la foi. Sinon, cela reviendrait à la croyance kharijite qui fait sortir les désobéissants de l’Islam. À leurs yeux, la foi est une et indivisible. Autrement dit, tous les croyants (anges, prophètes, pieux, pervers, etc.) ont le même niveau de foi.[4]




      Certaines grandes références, à l’image d’el Baqallânî, émettent toutefois une nuance. Il existe certes une distinction entre les croyants, mais uniquement au niveau des actes, non au niveau de la foi.[5] Certains ash’arites se rendirent compte de l’impertinence de cette tendance. Comment peut-on comparer le plus pervers des musulmans avec Mohammed le sceau des prophètes (r) ? La parade fut de dire que le Messager (r) se distingue des autres hommes grâce à la constance et à la pérennité de son tasdîq. En cela, sa foi est meilleure que les autres qualitativement et quantitativement. Sur les traces d’el Qalânîsî, Abû el Ma’âlî ne voit pas d’inconvénient à dire que la foi augmente et diminue, si on entend par là, les actes d’obéissances.[6] Il va sans dire que cette justification frôle l’absurde.[7]




      Notons que l’imâm fondateur est revenu à la fin de sa vie à l’opinion des traditionalistes disant que la foi monte et descend, comme nous l’avons vu précédemment.[8]




      Peut-on dire je suis croyant in shâ Allah (el istithnâ) selon la conception ash’arite ?




      Nous pouvons dire que dans ce domaine, ils sont conformes aux traditionalistes sous un certain angle, mais pas sous un autre angle. Ils sont conformes à eux en tolérant qu’on puisse le dire. Abû el Hasan soutenait certes l’opinion de Jahm dans la foi, mais il s’accordait avec la tendance la plus notoire des traditionalistes sur l’istithnâ, comme c’était souvent le cas. Le problème, c’est qu’il maitrisait mal leur crédo. Il cherchait certes à le défendre, mais en se basant sur d’autres raisonnements qu’il empruntait à leurs détracteurs. C’est ce qui le faisait tomber dans des incohérences que lui contestaient les deux côtés.[9]




      Nous disons donc que les ash’arites sont d’accords qu’on dise je suis croyant in shâ Allah, mais en passant par un autre raisonnement que les traditionalistes. Selon eux, cette expression est juste en regard de la finalité (el muwafât), soit si on considère qu’Allah nous fasse mourir musulman.[10] Pour eux, ils étaient ainsi fidèles aux anciens, et ils s’en vantaient, sauf qu’aucun d’eux n’a jamais dit cela. En fait, ils pensaient que c’était la seule façon d’interpréter la chose.[11]




      Par ailleurs, qu’entendaient-ils par « en regard de la finalité » ? Ils se partageaient sur la chose en deux avis[12] :




      Pour les uns : lamuwafât était une condition de validité de la foi (shart sihha), de sa réalité au moment x, et auprès d’Allah. Nous pouvons compter dans cet ensemble, Abû el Hasan, et ibn Fawrk.[13] Je peux dire je suis croyant in shâ Allah, non que je doute de ma foi, mais, car je ne sais pas si, au même moment, Allah me considère ainsi, et que cela me sera utile en regard de la finalité que j’ignore. En un mot, je ne sais pas dans quelle situation je vais mourir.[14] Nul doute que je n’ai pas le droit de dire au moment x que je suis croyant, car cela reviendrait à me donner un bon pour le Paradis, et à me compter parmi ses heureux élus. Cela voudrait dire également qu’Allah est satisfait de moi, alors que c’est une chose que je ne peux pas savoir.




      C’est la même chose pour le mécréant. Nous n’avons pas le droit de dire au temps x qu’il est un ennemi d’Allah, promis à l’Enfer éternel, si ce n’est que dans la mesure où nous appliquons contre les lois terrestres à ce temps x, au vue de ce qu’il affiche non de ce qu’il va advenir.[15]




      Sheïkh el Islâmnote que bon nombre de kullâbite, ont voulu à travers cette explication conjuguer entre le crédo traditionaliste autorisant l’istithnâ et la pensée murjite selon laquelle la foi est indivisible.[16] Abû ‘Ya’lâ notamment rejoint les ash’arites sur ce point.[17]




      Pour les autres : lamuwafât n’est pas une condition de validité de la foi (shart sihha), de sa réalité au moment x, et auprès d’Allah, mais une condition pour avoir droit à la récompense. C’est pour cela que je peux dire je suis croyant in shâ Allah en regard de la finalité, non au moment où je le prononce.




      Bon nombre d’ash’arites rejoignent cette tendance, bien qu’elle s’inscrit à contre-courant du père fondateur.[18] Nous pouvons compter dans cet ensemble el Baqallânî, el Juwaïnî, Abû Ishâq el Asfarâînî.[19]




      En réponse, l’enfant de Harrân émet plusieurs objections, mais nous nous contenterons d’en donner ici qu’une seule. Aucun ancien n’a jamais autorisé l’istithnâ en regard de la muwafât, mais en regarde de la foi parfaite qui implique de se soumettre scrupuleusement aux commandements divins. En cela, dire que je suis croyant, cela revient à se faire des éloges et à se considérer comme un pieux. Il est vrai que de nombreux traditionalistes parmi les partisans notamment des trois grandes écoles (malikite, hanbalites, shâfi’îtes, etc.), rejoignent les mutakallimîns sur ce point.[20]




      Wa Allah a’lam !

















      [1]Majmû’ el fatâwa(7/195).

      [2]Voir : ârâ el murjiya fî musannafât Sheïkh el Islâm qui est une thèse ès Doctorat du D. ‘Abd Allah ibn Mohammed e-Sanad.

      [3]Idem.

      [4]Majmû’ el fatâwâ(12/470-471).

      [5]Majmû’ el fatâwâ(7/408).

      [6]Majmû’ el fatâwâ(7/153) ; voir : el irshâd d’el Juwaïnî (p. 336).

      [7]Majmû’ el fatâwâ (7/153).

      [8]Voir également : el ibâna (p. 39), et maqâlât el islâmiyîn(1/347, 350).

      [9]Majmû’ el fatâwâ (7/120).

      [10]Majmû’ el fatâwâ (7/429, 436-437).

      [11]Majmû’ el fatâwâ (7/436).

      [12]Voir : tabsira el adilla (2/815), e-tamhîd li qawâ’îd e-tawhîd (p. 147-148), sharh el maqâsid (5/216) d’e-Tiftizânî.

      [13]Majmû’ el fatâwâ (7/438).

      [14]Majmû’ el fatâwâ (7/437-438).

      [15]Majmû’ el fatâwâ (7/441) ; voir : sharh el irshâd (280/b).

      [16]Majmû’ el fatâwâ (7/429-430).

      [17]Majmû’ el fatâwâ (7/667).

      [18]Majmû’ el fatâwâ (7/120).

      [19]Voir : el irshâd d’el Juwaïnî (p. 336), et el insâf d’el Baqallânî (p. 91).

      [20]Majmû’ el fatâwâ(7/432, 439).



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