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Les variations de la foi

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  • Les variations de la foi










    Les variations de la foi

    (Partie 1)




    Il est notoire qu’el Ash’arî et ses adeptes s’accordent avec Jahm sur sa conception de la foi selon laquelle elle se confinerait à la croyance (tasdîq) ou à la connaissance (ma’rifa) venant du cœur. Néanmoins, il leur arrive d’afficher le crédo traditionaliste qu’ils interprètent à leur façon. [E-Nubuwwât (1/580) d’ibn Taïmiya.]







    Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !




    Voir notamment : ârâ el murjiya fî musannafât Sheïkh el Islâm qui est une thèse ès Doctorat du D. ‘Abd Allah ibn Mohammed e-Sanad.




    Le chantage à l’irja




    • Sufiân e-Thawrî a dit : « Les murjitess’opposent à nous sur trois choses : nous disons que la foi est composée des paroles (qawl) et des actes (‘amal), alors que pour eux, elle est composée des paroles sans les actes ; nous disons qu’elle monte et qu’elle descend, alors que pour eux, ni elle monte ni elle descend ; nous disons que nous sommes croyants en prononçant l’attestation de foi (iqrâr), alors qu’eux disent : nous sommes croyants auprès d’Allah. »[1]




    • Ibn Shaïbân ibn Farrûkh demanda à ‘Abd Allah ibn el Mubârak à la fin de sa vie : « Que dis-tu de celui qui commet l’adultère et qui boit de l’alcool, etc. ? Est-il musulman ?

    - Je ne le sors pas de la foi.

    - Serais-tu devenu murjiteà ton âge ?

    - Abû ‘Abd Allah ! Les murjitesne m’acceptent pas ; moi, je dis que la foi monte contrairement à eux. »[2]




    • ‘Abd Allah ibn el Mubârak dit : « Celui qui dit que la foi se compose des paroles et des actes, et qu’elle monte et qu’elle descend, sort de l’irjâ par toutes ses portes sans exception. »[3]




    • Ce même ibn el Mubârak, qui devait rendre des comptes sur sa croyance, fut interrogé en ces termes : « Tu vois l’irjâ ?

    - Moi, je dis que la foi se compose des paroles et des actes, comment pourrais-je alors être un murjite ! »[4]

    • On interrogea l’Imâm Ahmed sur celui qui dit que la foi monte et descend. Ce dernier répondit : « Il n’a aucun lien avec l’irjâ. »[5] La raison, c’est que ce crédo repose sur l’intégration des actes dans la définition de la foi.




    • Un jour, on demanda à l’Imâm : « Qui sont les murjites ?

    - Ce sont ceux qui disent que la foi se compose de la parole sans les actes. »[6]




    • Il disait également sur ceux ne reconnaissant pas que la foi se compose des paroles et des actes : « Ce sont des murjites ! »[7]




    • Mis’ar ibn Qidâm voyait que la foi se composait des paroles et des actes, sauf qu’il refusait de dire je suis croyant in shâ Allah (l’istithnâ), et le justifiait en disant : « Moi, je ne doute pas de ma foi. »[8] Pourtant, l’Imâm Ahmed l’innocentait de l’irja.[9]




    Sheïkh el Islamexplique que l’Imâm Ahmed ne le comptait pas parmi les murjites, qui, contrairement à lui, sortaient les actes de la définition de la foi. Il justifiait simplement qu’il ne doutait pas sur sa foi.[10]




    Pourtant, certaines annales rapportent que l’Imâm était sévère contre ceux qui ne voyaient pas l’istithnâ,[11] mais il visait en réalité ceux qui sortaient les actes de la définition de la foi. Certains anciens disaient également que renoncer à l’istithnâ est le premier pas dans l’irja.[12] Cela ne veut pas dire que d’y renoncer on est forcément un murjite, wa Allah a’lam !




    • Son fils l’interrogea une autre fois sur ceux qui disaient que la foi est composée des paroles et des actes, qu’elle monte et qu’elle descend, mais sans faire l’istithnâ : « Est-il un murjite ?

    - Je pense qu’il n’en est pas un ! »[13]




    • On le questionna également sur celui qui dit : « Je suis croyant pour moi par rapport aux lois terrestres et à l’héritage, mais je ne sais pas si je le suis auprès d’Allah.

    - Ce n’est pas un murjite, assura-t-il en réponse. »[14]




    En revanche, ibn Hanbal est intraitable envers la tendance qui confine la foi dans la parole, tout en reconnaissant qu’elle monte, mais sans descendre.[15] Même jugement envers celle qui, très proche de l’autre, la confine dans la parole, bien qu’elle considère les actes comme des lois (sharâi’) par rapport à la foi.[16]




    Quoi qu’il en soit, les murjites s’entendent à sortir les actes de la définition de la foi. Quant aux déviations que l’on peut trouver dans le chapitre de la foi, celles-ci proviennent soit des implications de cette croyance (interdire toute variation, tout fractionnement, la coexistence de la croyance et la mécréance chez un seul individu, imaginer une foi sans qu’elle ne se reflète sur les actes, ou en d’autres termes, une foi sans acte). Soit celles-ci proviennent d’un traditionaliste qui intègre les actes dans la définition de la foi, mais qui rejoint ou plus précisément qui coïncide avec les murjites sur un point donné (interdire que la foi descende, et renoncer à l’istithnâ). Ce dernier n’a aucun lien avec l’irja.




    À suivre…














    [1]Voir : sharh e-sunna d’el Baghawî (1/80).

    [2]Voir : musnad ishâq (3/670).

    [3]Rapporté par ibn Batta dans el ibâna el kubrâ (278).

    [4]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 964).

    [5]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1009).

    [6]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 959-961).

    [7]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 963).

    [8]Voir : el îmân d’Abû ‘Ubaïd (p. 22).

    [9]Voir : huliyat el awliya (7/218).

    [10]Majmû’ el fatâwâ (7/510-511).

    [11]Voir : tabaqât el hanâbila (1/56).

    [12]Voir : e-sunna (n° 1061) d’el Khallâl.

    [13]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1090).

    [14]Majmû’ el fatâwâ (7/253).

    [15]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 978).

    [16]Voir : tabaqât el hanâbila (1/55-56).




  • #2










    Les variations de la foi

    (Partie 2)




    Les variations de la foi




    Mâlik ibn Dinâr nous fait une jolie métaphore de la foi. Il la compare notamment à une plante, qui en la cultivant peut devenir aussi grande qu’une montagne ; mais, en la négligeant, elle peut s’affaiblir ou complètement sécher. Pour Khaïthama ibn ‘Abd e-Rahmân, la foi grossit la saison des pluies et s’amaigrit en période de sécheresse. Un ancien disait que la foi monte jusqu’à devenir aussi grande qu’une montagne et qu’elle peut descendre jusqu’à devenir poussière (ou s’évanouir en fumée).[1]




    El Awzâ’îa dit : « La foi est composée de la parole et des actes, elle monte et elle descend. Quiconque prétend qu’elle monte sans descendre est un mubtadi’, alors méfiez-vous de lui. »[2] Un jour, on lui demanda : « Est-ce que la foi monte ?

    - Oui,répondit-il, elle monte jusqu’à devenir aussi grande qu’une montagne.

    - Est-ce qu’elle descend ?

    - Oui, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien (hattâ lâ yabqâ minhu shaï). »[3]




    Ibn ‘Uyaïna a dit : « La foi est composée de la parole et des actes, elle monte et elle descend.

    - Abû Mohammed, s’exclama son frère Ibrahim, ne dis pas qu’elle monte et qu’elle descend.

    - Tais-toi gamin, fustigea-t-il dans un élan de colère, elle descend jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. »[4]




    Dans une autre annale, il explique ce qu’il entend par hattâ lâ yabqâ minhu shaï. En réponse à une question en effet, il affirma : « « La foi est composée de la parole et des actes, elle monte et elle descend. Elle monte aussi haut qu’Allah le veut, et elle descend jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien ; je veux dire comme cela, en faisant un geste de la main. »[5]




    Ishâq ibn Rahawaïh : « El îmân yazîd wa yanqus hattâ lâ yabqâ minhu shaï. »[6]




    L’Imâm Ahmed : « La foi monte jusqu’en haut des sept cieux, et elle descend tout en bas au plus profond des sept terres. »[7] Ailleurs, il dit que pour les murjites, la foi ne peut descendre.[8]




    Abû Zar’a e-Râzî : « El îmân ‘indanâ yazîd wa yanqus hattâ lâ yabqâ minhu shaï. Celui qui dit autre chose que cela est un mubtadi’ murji !»[9]




    Ibn Abî Hâtim témoigne : « J’ai interrogé Abû Zur’a et mon père au sujet de la tendance des traditionalistes dans les bases fondamentales (usûl) de la religion, et celle des savants qu’ils ont connue à travers toutes les contrées (le hijâz, l’Iraq, le Shâm, et le Yémen) ; ils m’ont répondu notamment : la foi est composée des paroles et des actes, elle monte et elle descend… »[10]




    El Bukhârî est l’auteur des paroles : « J’ai rencontré plus de mille personnes parmi les savants à travers les différentes contrées ; pas un d’entre eux ne conteste que la foi est composée de la parole et des actes, qu’elle monte et qu’elle descend… »[11]




    Dans maqâlât el islâmiyîn, Abû el Hasan el Ash’arî rejoint le crédo traditionaliste selon lequel la foi est composée de la parole et des actes, elle monte et elle descend.[12]Il ramène ailleurs le consensus des anciens sur ce crédo, bien que son penchant pour le kalâm le rattrape quand il prétend la même page que la foi ne descend pas au niveau du tasdîq et du jahl (ignorance), ce qui, à ses yeux, relève du kufr.[13] Tahawî semble épouser cette question dans sa fameuse profession de foi. Ce qui n’échappa pas à Sheïkh el Albani dans sa recension à son livre. Il souligne, en effet, dans la lignée des grandes références traditionnalistes, que même à ce niveau, la foi varie d’un individu à un autre et chez un même individu.[14]




    Nous reviendrons sur ce point, mais retenons ici qu’il existe un consensus, comme le rapporte ibn Taïmiya à plusieurs endroits de ses ouvrages, selon lequel la foi se compose des paroles et des actes, et qu’elle monte et qu’elle descend.[15] Il rapporte même des annales venant des Compagnons utilisant les termes « monter » et « descendre » pour décrire la foi.[16]




    La position de l’Imâm Mâlik et d‘Abd Allah ibn el Mubârak




    Pourtant, Abd Allah ibn el Mubârak appréhendait des termes comme « monter » et « descendre ». Il préférait dire que la foi subit des variations (el îmân yatafâdhal, yatafâwut),[17] des termes sur lesquels il ne régnait aucune divergence.[18] Son intention était noble, mais le fait est que, comme nous l’avons vu, les Compagnons eux-mêmes utilisaient ces expressions, sans qu’aucune contestation venant de l’un d’eux ne nous soit parvenue. Cela a valeur de consensus.[19] Ibn el Mubârak s’aligna par la suite au vocabulaire des anciens, comme nous l’avons vu précédemment. Notons qu’il s’agissait d’une divergence sur la forme, non sur le fond, car il reconnaissait la variation de la foi qui implique de monter et de descendre.[20]




    Même chose pour l’Imâm Mâlik qui, selon l’une de ses deux tendances comme le rapportent certaines annales, se contentait de dire que la foi monte sans n’aller plus loin.[21] Il ne reniait pas qu’elle puisse descendre, nuance, mais il refusait simplement de se prononcer sur la chose. Il rejoignait ainsi certains légistes de la troisième génération (atbâ’ e-tâbi’în). Ibn Taïmiya nous ramène deux causes probables pour expliquer sa position[22] :

    1- Les textes expriment explicitement que la foi monte, mais sans n’aller plus loin. Il s’en tenait ainsi strictement aux textes.

    2- Certains pouvaient s’imaginer qu’en cautionnant la « descente » de la foi, cela impliquerait qu’elle disparaitrait entièrement.




    L’Imâm Mâlik penchait vraisemblablement vers la première d’entre elles, mais, de toute façon, dans d’autres annales, il rejoint le crédo traditionaliste selon lequel la foi monte et descend. Cette position est la plus notoire que ses adeptes nous ont rapportée.[23]




    Ibn Hanbal, pour sa part, avait deux versions sur les variations (tafâdhul) de la ma’rifa. La plus juste d’entre elles, qui fut adoptée par les partisans de son école, nous apprend qu’elle est sujette au tafâdhul.[24]




    Ibn Taïmiya attire notre attention sur un point extraordinaire. Il nous dit en substance que renier que le tafâdhul dans certains détails de la foi est certes caractéristique au principe murjite selon lequel la foi est indivisible. Néanmoins, cette opinion est parfois reprise par des traditionalistes, à l’image d’ibn ‘Aqîl, qui n’ont aucun lien avec l’irja.[25] En outre, de grandes sommités hanbalites, comme le dhî Abû Ya’lâ, influencé par les néo-mutakallimîn, reprennent l’argument de l’istihlâl pour les cas de blasphème, à la manière du jahmisme primitif. Ce même Abû Ya’lâ a un autre discours dans lequel il rejoint les traditionalistes.[26]




    À suivre…




    Par : Karim Zentici

    http://mizab.over-blog.com/





    [1]Voir : el îmân d’ibn Taïmiya (p. 178).

    [2]Voir : e-sharî’a d’el Ajurrî (p. 117).

    [3]Voir : e-sunna d’e-Lalakâî (5/959).

    [4]Voir : el ibâna d’ibn Batta (2/855).

    [5]Idem.

    [6]Voir : e-sunna (p. 2/680) d’el Khallâl.

    [7]Voir : e-tabaqât d’ibn Ya’lâ (1/259).

    [8]Voir : e-sunna (p. 3/569) d’el Khallâl.

    [9]Idem. (1/203).

    [10]El hujja fî bayân el mahajja de Qawwâm e-sunna (2/424).

    [11]Voir : fath el Bârî (1/47).

    [12]Majmû’ el fatâwâ (7/549-550).

    [13]Risâlat ilâ ahl e-thaghr (p. 272) ; ce passage mérite de plus amples explications.

    [14]Voir son ta’lîq ‘alâ el ‘aqîda e-Tahawîya (p. 43).

    [15]Majmû’ el fatâwâ (6/480, 7/672).

    [16]Majmû’ el fatâwâ (7/223-227, 13/50).

    [17]Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1018).

    [18]Majmû’ el fatâwâ (7/506).

    [19]Majmû’ el fatâwâ (7/223-224).

    [20]Voir : fath el Bârî d’ibn Rajab (1/8).

    [21]Majmû’ el fatâwâ (7/223, 331).

    [22]Majmû’ el fatâwâ (7/223).

    [23]Majmû’ el fatâwâ (7/223, 331).

    [24]Majmû’ el fatâwâ (7/408).

    [25]Majmû’ el fatâwâ (7/408).

    [26]Voir : e-sâlim el maslûl (1/516).



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    • #3









      Les variations de la foi

      (Partie 3)




      Les variations de la foi chez les murjiya el fuqaha




      Tous les murjites parmi les légistes et les mutakallimîn s’accordent à dire que la foi ne peut ni monter ni descendre. Ils rejoignent en cela, comme l’explique ibn Taïmiya, les kharijites et les mu’tazilites, pour qui la foi est une est indivisible ; en en perdant une partie, elle disparait entièrement. Ils en concluent que les plus pervers des croyants et les prophètes et les anges sont égaux dans la foi.[1] Ils se basent sur le principe que le tasdîq venant du cœur et de la parole ou seulement du cœur n’accepte aucune variation.[2] Les murjiya el fuqaha, avec Hammâd ibn Abî Sulaïmân à leur tête, n’échappent pas à la règle.[3]

      Or, ces derniers acceptent de dire que la foi monte, en faisant allusion aux étapes de la Révélation du Coran. En d’autres termes, ils accordent qu’à l’époque prophétique, la venue d’un nouveau Verset imposait un nouveau tasdîq par rapport à ceux auxquels on donnait déjà foi. Le cumul de tasdîq est la raison de l’augmentation de la foi, mais celle-ci s’arrêta le jour où le Livre d’Allah fut parachevé. Depuis, la variation de la foi est impossible sous quelle forme que ce soit.[4]

      Ainsi, ils sont fidèles au principe de l’indivisibilité de la foi qui refuse toute variation que ce soit du point de vue des commandements divins ou du point de vue du comportement de l’individu face à ses commandements, dans le sens où il n’y a pas de différence entre les pieux et les pervers.[5]




      Notons que les murjites étaient plus allergiques au terme « descendre » que « monter », car, à leurs yeux, le premier impliquait la disparition totale de la foi.[6] Quand ils utilisent les termes « monter » et « descendre », ils font allusion aux actes qui varient d’un individu à un autre, en sachant qu’ils ne font pas, pour eux, partie intégrante de la foi. La variation porte donc uniquement sur les fruits et les résultats, non sur la foi en elle-même.[7]




      En réalité, les variations de la foi ont lieu à plusieurs niveaux :




      •Au niveau des commandements divins,[8]

      •Au niveau de l’état de l’individu[9] ; celle-ci varie en fonction :

      - des actes extérieurs ;

      - des actes du cœur qui varient d’un individu à un autre, mais aussi chez un même individu d’une période à une autre ;

      - du savoir et du tasdîq qui varient quantitativement et qualitativement d’un individu à un autre, mais aussi chez un même individu ;

      - des causes à l’origine de cette variation ;

      - de la constance et de l’assiduité ;

      - des différences de nature, etc.




      Les variations de la foi chez les jahmites




      Il va sans dire que les jahmites ignorent toute variation dans la foi, pour les mêmes raisons évoquées ci-dessus. Ils pensent que la connaissance d’Allah est fixe. Toute entité ne peut à la fois être connue sous un angle et inconnue sous un autre angle. Nombre de traditionnistes et de légistes parmi notamment les hanbalites, auxquels il faut ajouter un grand nombre de partisans d’el Ash’arî et de murjtes, s’alignent avec Jahm sur l’idée disant que la ma’rifa est invariable.[10] Nous avons vu que renier le tafâdhul dans certains détails de la foi est certes caractéristique aux murjites pour qui la foi est indivisible. Néanmoins, cette opinion est parfois reprise par des savants qui ne comptent pas parmi eux.[11]




      L’influence grecque




      Par souci de classification, la logique grecque établit des principes qui restent au stade de la pure représentation mentale, mais qui n’ont aucune place dans le monde réel.[12] Quand ils parlent de l’Homme, en tant qu’espèce et dans l’absolu, ils font allusion au genre humain, cet ensemble dans lequel entrent tous les membres de son espèce. C’est une conception purement abstraite et absolue. Elle reste dans le monde des idées, indépendamment de toute application concrète. Quand on prend un homme x, il n’est pas une partie de l’Homme absolu, étant donné que ce dernier n’existe pas.[13] Les philosophes les plus objectifs l’ont bien compris. Ils contestent ce que les anciens appelaient l’idéal platonicien. Sans entrer dans les détails, Platon avait imaginé un monde sans forme, purement utopique, et parallèle au nôtre.




      Or, les conceptions absolues ne dépassent pas le stade de l’imagination, et celles-ci n’ont aucun lien avec la réalité.[14] Malheureusement, les mutakallimins ont repris ce principe pour l’appliquer au crédo musulman dans les domaines du tawhîd, des Attributs divins, du caractère incréé du Coran, et de… l’îmân.[15] Ils s’imaginent une fois absolue et imaginaire, et qui est une et indivisible. Ensuite, ils appliquent cette conception abstraite à un cas particulier qui est soumis aux lois de la nature et de la religion, et qui a ses propres caractéristiques. C’est ce qui les fait arriver à des conclusions aberrantes que les plus sensés d’entre eux ont cherché, souvent en vain, à pallier !




      L’istithnâ : dire je suis croyant in shâ Allah !




      La plupart des traditionalistes, avec, à leur tête, les Compagnons, les grands imâms parmi leurs successeurs, et la grande majorité des anciens en générale autorisent l’istithnâ.[16] Il est communément transmis que les prédécesseurs, à l’image d’ibn Mas’ûd et ses adeptes, Sufiân e-Thawrî, ibn ‘Uaïyna, la majorité des savants deKûfa, ceux de Bassora comme le rapporte Yahyâ ibn Sa’îd el Qattân, Ahmed ibn Hanbal, etc. avaient ce genre d’expression,[17] qui faisait partie de leur usage (sunna), dans le sens où elle était, pour eux, tolérée. Ils affichaient ainsi leur opposition à ceux qui l’interdisaient.[18] Certains d’entre eux, à l’instar d’e-Lalakâî, allaient jusqu’à l’obliger.[19]




      Il ne faut pas voir de contradiction entre ces deux opinions, car cela dépend sous quel angle on regarde la chose. C’est pourquoi, ibn Taïmiya considère que l’opinion la plus juste consiste à conjuguer entre elles en autorisant l’istithnâ dans certains cas de figure, mais pas tout le temps.[20]




      Les cas de figure oùl’istithnâ est autorisée




      1- Quand c’est en vue de ne pas se faire des éloges, en faisant penser qu’on a atteint une foi pleine en se pliant à tous les commandements divins (obligations/interdictions).

      2- Quand on met l’accent sur le fait qu’on n’est pas sûr que ses œuvres sont acceptées par Allah.

      3- Quand on craint d’avoir une mauvaise fin, étant donné que personne ne connait l’avenir.

      4- Quand on fait allusion à ce dont on est sûr, et sur quoi on a aucun doute, mais tout en s’en remettant à Dieu, et en reposant ses espoirs en Lui.[21]




      Les cas de figure oùl’istithnâ est interdit




      1- Quand on fait allusion à l’essence de la foi sur quoi il est interdit de douter.

      2- Quand on fait allusion à ce dont on est sûr, comme le fait qu’on aime Allah, qu’on donne foi à Sa religion, qu’on fournit l’essence de la foi au minimum sans prétendre avoir une foi parfaite, qu’on est musulman, etc.[22]




      Nous pouvons voir que la divergence entre traditionalistes porte uniquement ou presque sur la forme.




      L’istithnâ chez les murjiya el fuqaha




      Les murjiya el fuqaha, avec Hammâd ibn Abî Sulaïmân à leur tête, mais aussi Abû Hanîfa, interdisent purement et simplement l’istithnâ,[23] car cela revient à leurs yeux à douter de sa croyance (tasdîq), ce qui est une forme de mécréance.[24] Ils sont ainsi fidèles à leur principe selon lequel la foi est une et indivisible, et qu’elle ne se distingue pas d’un individu à un autre. Ils trahissent, en réalité, qu’ils font sortir tous les actes (intérieurs, extérieurs) de la définition de la foi.[25]




      L’istithnâ chez les jahmites




      Les jahmites interdisent l’istithnâ au même titre que lesmurjiya el fuqaha.[26] Les murjites trouvèrent une parade en vue de faire passer leurs idées. Ils s’amusaient à mettre les gens à l’épreuve en le demandant : « Es-tu croyant ? » Ils les mettaient au pied du mur, car ils savaient que personne ne pouvait le renier. Ils en arrivaient à la conclusion que la foi était synonyme de tasdîq, en parvenant ainsi à berner les plus crédules. Certains anciens, comme l’Imâm Ahmed, avait très bien compris leur manège. Ils mirent au rang de l’innovation ce genre de questions binaires et fallacieuses ; c’est pourquoi, ils préconisaient le détail.[27]




      Wa Allah a’lam !























      [1]Manhâj e-sunna(5/204-205).

      [2]Majmû’ el fatâwâ(6/479).

      [3]Majmû’ el fatâwâ(7/507).

      [4]Majmû’ el fatâwâ(7/195).

      [5]Majmû’ el fatâwâ(13/55).

      [6]Majmû’ el fatâwâ(7/404).

      [7]Majmû’ el fatâwâ(7/562).

      [8]Majmû’ el fatâwâ(7/196).

      [9]Majmû’ el fatâwâ(7/562).

      [10]Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naqld’ibn Taïmiya (7/451).

      [11]Majmû’ el fatâwâ(7/408).

      [12]Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql(1/286).

      [13]Majmû’ el fatâwâ(5/206).

      [14]Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql(1/301).

      [15]Majmû’ el fatâwâ(7/405-407).

      [16]Majmû’ el fatâwâ(7/505).

      [17]Majmû’ el fatâwâ(7/438-439).

      [18]Majmû’ el fatâwâ(7/666).

      [19]Majmû’ el fatâwâ(7/429-446).

      [20]Majmû’ el fatâwâ(7/446).

      [21]Majmû’ el fatâwâ(3/289-290) ; (7/446).

      [22]Majmû’ el fatâwâ(7/375, 669).

      [23]Majmû’ el fatâwâ(13/42) ; (7/507).

      [24]Majmû’ el fatâwâ(13/40).

      [25]Majmû’ el fatâwâ(7/375).

      [26]Majmû’ el fatâwâ(7/429).

      [27]Majmû’ el fatâwâ (7/448-449).



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