Introduction à la défense de l’Albani
(Partie 1)
Ibn el Qaïyim : « Ne sois pas affligé par celui qui témoigne contre lui-même, en plus du témoignage de tous les gens de science, qu’il n’est pas un savant. Si tu arrives à avoir sous la main un seul savant, qui a pour ambition et pour devise, la preuve textuelle (ou conforme aux textes ndt.), qui garde la vérité entre les yeux, où qu’elle soit, sans regarder d’où qu’elle vienne, et de qui elle vienne ; tu ne te sentiras plus isolé, mais en bonne compagnie, même s’il venait à te contredire ; car, si c’est le cas, il te donneras des excuses, contrairement à l’ignare et injuste qui, à la moindre divergence, te rend mécréant ou innovateur sans se baser sur aucune preuve. Ta seule faute avec lui, c’est d’aller à l’encontre de ses idées funestes et de son train de vie coupable. Ne te laisse pas impressionné par la recrudescence de ce genre d’individus, qui, aussi nombreux soient-ils, ne valent pas un seul savant. Quant au savant, à lui tout seul, il vaut mieux que toute la terre remplie de ce genre d’individus. » [I’lâm el mawqi’în(3/397).]
Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !
Qu’est-ce que le traditionalisme ?
Sheïkh el Islamibn Taïmiya a dit : « La religion se résume à deux principes : Nous devons uniquement adorer Allah et uniquement l’adorer selon Sa loi. »[1]
« La perfection s’obtient par l’intermédiaire de l’instinct naturel complété de la Loi révélée. Les Messagers ont eu la mission de consolider la nature humaine et de la parfaire, non de la changer et de la corrompre. »[2]
« L’idéal se borne à deux éléments : les sciences utiles et les œuvres pieuses. Mohammed (r) fut chargé de transmettre ses deux éléments sous leur meilleure forme. Ils correspondent à la bonne direction (hudâ)et à la vraie religion (dîn el haqq)qui devait dominer sur la religion entière… La bonne direction c’est les sciences utiles et la vraie religion c’est les œuvres pieuses… » Plus loin, il enchaine : « Les traditionalistes qui suivent fidèlement les pieux Prédécesseurs ne se prononcent sur aucune chose relevant du domaine de la religion sans s’inspirer du Messager (r) ; soit, conformément aux enseignements du Coran et de la sunna. Quant aux innovateurs, ils ne s’inspirent ni du Coran ni de la sunnaet ni des annales remontant aux pieux Prédécesseurs. Ils se tournent plutôt vers la pensée, la langue, et la philosophie. »[3]
« La vérité pure, celle qui n’est entachée par aucune souillure, se trouve avec les gens de la tradition et de l’union. Ce constat notoire a été possible après des études approfondies sur les différentes croyances et les principes des différentes tendances. »[4]
« L’innovation est rattachée à la division comme la Tradition est rattachée à l’union. C'est pourquoi on dit les gens de l’union et de la Tradition en opposition aux gens de la division et de l’innovation. »[5]
« Le terme sunnadans les paroles des anciens englobe le rituel et le dogme. Bon nombre d’auteurs font allusion au dogme dans leurs traités de sunna. »
« La sunnacorrespond aux enseignements du Messager d’Allah au niveau du dogme, de la modération, des paroles, et des actes. »[6]
« Le terme ahl e-sunnadésigne les personnes qui reconnaissent la légitimité des trois premiers Khalifes. Il englobe ainsi toutes les sectes de l’Islam à l’exception des râfidhites. Il peut par ailleurs désigner les adeptes du hadîthet de la sunnapure. Dans ce cas, il inclut uniquement les personnes qui admettent les Attributs divins, la particularité incréée du Coran, la vision d’Allah dans l'au-delà, le destin, et les autres points notoires chez les traditionalistes. »[7]
Ibn Taïmiya définit les traditionalistes comme suit : « Ils représentent ceux qui s’attachent au Livre d’Allah, à la Tradition de Son Messager (r), au consensus des premiers et devanciers parmi les Émigrés mecquois, les Auxiliaires médinois, et leurs fidèles successeurs. »[8]
Les traditionalistes sont ahl el hadîth
Sheïkh el Islam Ibn Taïmiya les a réunis dans une même phrase en disant : « La tendance des anciens ahl el hadîthet ahl e-sunna wa el jamâ’a… »[9] Lorsque les ouvrages des anciens parlent d’ahl el hadîth, ils font allusion à ahl e-sunna. Ibn Taïmiya nous apprend à ce sujet : « Nous n’entendons pas par ahl el hadîthuniquement le faire d’écouter le hadîth, de le retranscrire, et de le rapporter. Nous entendons plutôt par cette dénomination : toute personne plus à même de le garder, de le connaître, de le comprendre intérieurement et extérieurement, de s’y conformer intérieurement et extérieurement. Cela concerne également les adeptes du Coran. »[10]
« Il n’y a aucun mal à afficher la tendance des anciens (salaf), de s’y affilier, ou d’en être fier. Il est même impératif d’approuver l’auteur d’une telle initiative, car la tendance des anciens ne peut que correspondre à la vérité. »[11]
Dans certains de ses ouvrages, Sheïkh el Islam ibn Taïmiya surnomme salafî ceux qui adhéraient à la tendance des anciens sur la question d’el fawqiya.[12]
Les traditionalistes sont les adeptes de la vérité
Sheïkh el Islam ibn Taïmiya souligne : « En règle générale, les traditionalistes sont beaucoup plus stables et fermes que les adeptes du kalâm et de la philosophie. »[13] Ailleurs, il précise : « La connaissance, la conviction, la quiétude, la certitude dans la vérité, la parole ferme, et la résolution dans les idées sont les qualités constantes des traditionalistes aussi bien chez leurs savants que chez le commun des gens parmi eux. Nul ne peut le contester ou bien faudrait-il qu’Allah lui fasse perdre sa raison ou sa religion. »[14]
« Or, étant donné que le Messager (r)était le plus parfait des hommes, qu’il connaissait mieux la réalité des choses, et qu’il était le plus juste dans ses paroles et ses différents comportements, il incombait que les meilleurs hommes soient les plus savants, les mieux au courant de sa situation, les plus conformes à lui, et les plus fidèles à sa pratique. »[15]
Le traditionalisme incarne l’orthodoxie musulmane et la tendance médiane
Sheïkh el Islam ibn Taïmiya explique à ce sujet : « Ils se trouvent au milieu entre les différentes tendances comme l’Islam est au milieu entre les autres croyances. »[16] Il a dit également : « Leur tendance est médiane dans le domaine des Noms d’Allah (I)entre les mu’attila(les négateurs ndt.)jahmiteset les mushabbiha(assimilateurs ndt.).[17]Leur tendance est médiane dans le domaine des Actions d’Allah (I)entre les qadarites (partisans du libre libre ndt.),[18]et les jabarites(déterministes ndt.).[19]Dans le domaine du mauvais devenir de l’homme (el wa’îd : la menacendt.), ils sont entre les murjites[20]et les wa’îdiya[21]parmi les qadarites[22]et autres. Concernant les diverses catégories d’individus dans le domaine de la foi et de l’appartenance à la religion, ils sont entre les harûrites[23]et les mu’tazilites d’un côté et les murjiteset les jahmitesde l’autre. Concernant les Compagnons du Prophète (r), ils sont entre les râfidhiteset les kharijites. »[24]
Sheïkh el Islamréfute vivement l’allégation des mutakallimîn selon laquelle la voie des prédécesseurs est certes plus saine, mais que celle des nouvelles générations est plus savante et plus compétente : « Ils ont menti au sujet de la voie des anciens pour s’égarer en retour en validant celle des dernières générations. Ils font ainsi preuve à la fois d’ignorance et de mensonge envers le chemin des anciens ; comme ils font preuve d’ignorance et d’égarement en osant valider le chemin des dernières générations. »[25]
À suivre…
[1]El ubûdiya (p. 31).
[2]Durr Ta’ârudh el ‘Aql wa e-Naql (10/277).
[3]Cet extrait est retranscrit en résumé.
[4]Tarîq el wusûl ilâ el ‘ilm el ma-mûl (p. 22).
[5]El istiqâma (1/42).
[6]El hamawiya(p. 2).
[7]Minhâj e-sunna(2/163).
[8]Majmû’ el fatâwâ(2/375).
[9]Dar-u e-ta’ârudh el ‘aql wa e-naql(1/203).
[10]Majmû’ el fatâwâ (4/95).
[11]El fatâwâ(4/149).
[12]Elle établit qu’Allah est au-dessus de Sa création. (N. du T.) Il a donné ce surnom à un certain nombre de savants. Voir : bayân talbîs el jahmiya (1/122) et Dar-u ta’ârudh el ‘aql wa e-naql (207/7, 134/7).
[13]Majmû’ el fatâwâ (4/51).
[14]Idem. (4/19).
[15]Majmû’ el fatâwâ (4/140-141).
[16]El fatâwâ (4/140).
[17]Ils reconnaissent les Noms et les Attributs divins à outrance au point de faire ressembler Allah à Ses créateurs. (N. du T.)
[18]Ils dénient qu’Allah puisse avoir une action quelconque sur le libre arbitre des êtres humains. En d’autres termes, ils prétendent qu’Allah ne crée pas les actions de l’homme (N. du T.)
[19]Ils reconnaissent l’action d’Allah sur l’homme à outrance à tel point de dire que ce dernier n’a aucun libre arbitre, et qu’Il est entre les Mains d’Allah comme un automate. (N. du T.)
[20]Ils assument que l’auteur des grands péchés va directement au Paradis sans passer éventuellement par un séjour en Enfer.(N. du T.)
[21]Ce sont les kharijites et les mu’tazilites. Ils disent que l’auteur des grands péchés séjourne éternellement en Enfer. (N. du T.)
[22]Ces derniers n’admettent pas qu’Allah puisse à la fois être le créateur des actes de l’homme et à la fois le châtier en Enfer. Comme ils pensent que cela est une forme d’injustice, ils ont tous simplement renié le Pouvoir d’Allah sur les actions de l’homme en disant que l’homme crée ses propres actions. Ils sont comparables ainsi aux manichéens, ceux qui croient au Dieu du bien et au Dieu du mal. (N. du T.)
[23]Une secte des kharijites ayant pris pour repaire sous le Khalifat d‘Alî, la montagne de Harûra en Iraq. (N. du T.)
[24]Majmû’ el fatâwâ (3/141).
[25]Majmû’ el fatâwâ (5/9).
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