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Ibn Taïmiya et le djihad défensif

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  • Ibn Taïmiya et le djihad défensif












    Au nom d’Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux




    Ibn Taïmiya et le djihad défensif

    (Partie 1)







    D’après l’article : taqyîd el fahm wa e-dhabt li kalâm Sheïkh el Islam anna el djihâd e-daf’ lâ yashtaritu lahu shart de ‘Imâd Târiq.




    Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Des louanges à la fois pures, bénites et comme Il les aime et agrée ! J’atteste qu’il n’y a d’autre dieu digne d’être adoré en dehors d’Allah, Seul et sans associé ! Il détient les nobles Noms ! Et j’atteste que Muhammad, est Son serviteur, Son Messager, et le Prophète élu ! Que les Prières d’Allah et Ses plus amples Salutations soient sur lui, ainsi que sur ses proches, ses Compagnons, tous ceux qui se contentent de sa tradition et qui suivent sa voie !




    Avant-propos :




    ‘Abd Allah le fils de l’Imâm Ahmed témoigne : « J’ai demandé à mon père : et s’ils venaient à partir en guerre sans l’autorisation de l’Imâm ?

    - Non, répondit-il, pas sans son autorisation, sauf dans la situation où l’ennemi les attaque par surprise, et qu’ils n’aient pas le temps de le prévenir ; je pense que, devant le fait accompli, ils n’ont rien d’autre à faire que de défendre les musulmans. »[1]




    On trouve dans Mukhtazar el Khiraqî, qui est le premier résumé de fiqh de l’école hanbalite : « Il incombe à tout le monde, à la venue de l’ennemi, de se mettre sur le pied de guerre – qu’ils soient en petit ou en grand nombre – ; mais personne ne doit prendre la charge sans l’autorisation de l’Imâm, sauf dans la situation où l’ennemi, en surnombre, les attaque par surprise, et, de peur que le temps qu’ils le préviennent, les hostilités soient déjà engagées. »[2]




    El Muwaffaq ibn Qudâma, qui est le plus célèbre de ses commentateurs, donne plus de détails : « Ils ne doivent pas partir en guerre sans l’autorisation de l’Imâm, sauf dans la situation où ils ne sont pas en mesure de le prévenir quand l’ennemi les attaque par surprise ; dans ce cas, ils peuvent se passer de son autorisation pour éviter la catastrophe. »[3]




    e-Zarkashî, un autre de ses commentateurs, y va de son explication : « Ils n’ont pas le droit de partir en guerre sans l’autorisation de l’Imâm, étant donné qu’une telle décision relève de ses seules compétences. Il est mieux informé des déplacements, de tactiques et du nombre de l’ennemi. Son opinion fait donc autorité, sauf dans la situation où il n’est pas possible de le prévenir, comme, par exemple, quand un ennemi en surnombre les attaque par surprise, et que, faute de temps, ils sont amenés à le repousser dans l’immédiat. Dans ce cas, l’autorisation n’a plus lieu d’être, car c’est un moindre mal. »[4]




    La guerre défensive (qitâl daf’) est la plus haute forme d’autodéfense (daf’ sâil)




    Sheïkh el Islam ibn Taïmiya a dit : « Quant à la guerre défensive, celle-ci incarne la plus haute forme d’autodéfense en vue de protéger l’honneur et la religion. Elle est donc obligatoire à l’unanimité des savants, étant donné que l’ennemi porte atteinte à la vie matérielle et spirituelle des musulmans ; après la foi, rien n’est plus important que de repousser son agression, et cela sans condition, mais uniquement avec les moyens du bord. Les savants de notre école notamment mettent explicitement ce point en avant. »[5]




    et cela, sans condition




    qu’entend notre Sheïkh damascène par « sans condition ». D’autres passages de ses ouvrages nous apprennent qu’il distingue entre un terme dans son acception absolu et un terme dans l’absolu.[6] Ibn el Qaïyim a un discours de ce genre.[7] Il incombe donc de distinguer entre la condition absolue et la condition dans l’absolu. En voici la démonstration.




    Démonstration :




    1- L’individu est responsable dans les limites de ses capacités




    L’auteur du passage précédent est le même auteur des paroles : « Une étude exhaustive des textes du Coran et de la sunnanous montre que la responsabilité d’un tiers est conditionnée à la capacité de connaitre et d’agir. En étant incapable de fournir l’un de ses deux éléments, il n’en est plus responsable, car : [Allah n’impose rien à la personne qui soit au-dessus de ses capacités].[8] »[9]Ailleurs, il renchérit : « Quand Allah ordonne de Lui obéir et de Le craindre, c’est uniquement dans la mesure du possible, conformément au Verset : [Craignez Allah dans la mesure du possible].[10] Un hadîth nous apprend également : « … et ce que je vous ordonne, faites-le dans la mesure du possible. »[11] »[12]




    Ainsi, ce principe est conforme à la tendance des anciens, et à la majorité des savants. Allah n’impose rien qui soit au dessus de nos forces, et les obligations sont restreintes à la capacité de les faire. La punition prévaut uniquement quand on délaisse volontairement une obligation ou en enfreignant une interdiction, et cela, bien sûr, après avoir établi la preuve céleste contre un fautif éventuel.[13]




    En outre, quand le Législateur enjoint de combattre toute faction rebelle, c’est uniquement dans la mesure du possible, car ils ne sont pas pires que les païens et les infidèles. L’histoire prophétique nous montre qu’il vaut mieux dans certaines situations se concilier l’ennemi en nouant des accords de paix et en lui offrant des largesses. Un Imâm peut s’imaginer à tort avoir la force pour lui tenir tête. Dans ce cas, l’intérêt réclame de renoncer à ce projet.[14]




    2- La règle du moindre mal




    Selon le grand principe de l’Islam, il incombe, d’une part de s’accaparer le bien et de la parfaire, et, d’autre part, de parer au mal et de le minimiser. Or, si le bien et le mal viennent à s’encombrer ou à s’opposer, il faut s’en tenir à l’avantage prépondérant et opter pour le moindre mal.[15] Ainsi, dans la mesure où renoncer aux hostilités engendre un plus grand mal pour la religion, il incombe sous cet angle également de les combattre en vue de repousser le plus grand mal et de sauvegarder le moindre mal. Nous devons donc tenir compte de ce grand principe immuable.[16] Dans le cas où il n’y a pas d’autre solution pour éviter un grand mal que de supporter un mal moins grave, il devient tout à fait légitime de l’adopter.[17] Sheïkh Taqî e-Dîn alla jusqu’à approuver la réaction de certains initiés ayant renoncé à participer à la défense de Damas, convoitée dès lors par les Tatars. La raison, c’est que cette fois-ci, la guerre n’ayant aucun caractère légitime, allait rapporter de grands inconvénients et de sombres lendemains.[18]




    À suivre…











    [1]Masâil ‘Abd Allah li abîhi(2/258).

    [2]Mukhtazar el Khiraqî(p. 138).

    [3]El Mughnî(3/383).

    [4]sharh mukhtazar el Khiraqî(6/450).

    [5]El fatâwâ el kubrâ(4/608).

    [6]Majmû’ el fatâwâ(2/164).

    [7]Badâi’ el fawâid(4/821).

    [8]La vache ; 286

    [9]Majmû’ el fatâwâ (2/164).

    [10]E-taghâbun ; 16

    [11]Rapporté par el Bukhârî (7288), et Muslim (1327), selon Abû Huraïra (t).

    [12]Majmû’ el fatâwâ (31/92).

    [13]Majmû’ el fatâwâ (19/227).

    [14]Majmû’ el fatâwâ (4/442).

    [15]Majmû’ el fatâwâ (28/284).

    [16]Majmû’ el fatâwâ (28/506).

    [17]Majmû’ el fatâwâ (31/92).

    [18]E-radd ‘alâ el Bakrî(2/733).



    التعديل الأخير تم بواسطة كريم زنتيسي; الساعة 2012-01-08, 08:58 AM.

  • #2









    Au nom d’Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux




    Ibn Taïmiya et le djihad défensif

    (Partie 2)







    D’après l’article : taqyîd el fahm wa e-dhabt li kalâm Sheïkh el Islam anna el djihâd e-daf’ lâ yashtaritu lahu shart de ‘Imâd Târiq.




    3- Une même œuvre peut en même temps renfermer un bien et un mal




    Il faut savoir qu’Allah ordonne ou recommande les bonnes œuvres en général, et, en parallèle, il interdit les mauvaises œuvres. Or, une même œuvre peut renfermer des avantages et des inconvénients. Dans ce cas, le Législateur tient compte de son ascendant ; si elle a plus de bien que de mal, Il l’adopte, et si le mal est prépondérant, alors elle perd toute légitimité, et devient même interdite.[1]




    Par ailleurs, ce n’est pas parce qu’on obtient une chose par l’intermédiaire d’une cause que celle-ci devient forcément légitime. Pour qu’elle le devienne, il faut regarder si ses bons côtés sont prépondérants à ses mauvais côtés, sinon, elle devient interdite, quand bien même, elle fournirait certains avantages.[2]




    Sheïkh el Islam ibn Taïmiya – qu’Allah lui fasse miséricorde – explique à ce sujet : « On peut toujours avancer qu’Alî et son fils el Husaïn renoncèrent à leur projet, tout simplement, car ils n’avaient pas les moyens d’aller au bout ; ils n’avaient pas, en effet, suffisamment d’alliés de leur côté. Ils avaient conscience que beaucoup de sang aurait été versé sans parvenir à l’intérêt escompté.

    Ce à quoi nous répondons : c’est exactement la sagesse dont le Législateur tint compte en interdisant de sortir l’épée contre l’émir, et en encourageant à ne pas participer aux troubles. Peu importe que l’on sorte au nom de la morale (ordonner le bien et interdire le mal), comme ce fut le cas pour les partisans d’el Harra, et Daïrel Jamâjimqui se soulevèrent contre Yazîd, el Hajjâj, etc. On n’enlève pas un mal par un plus grand mal, ce qui en soi est un mal, de la même façon qu’on ne recherche pas un bien, en passant par un mal plus grand que l’intérêt escompté à travers ce bien, ce qui en soi est également un mal. »[3]




    Ceux qui voient que ce genre de troubles rapporte plus de mal que de bien ne doivent pas obéir à l’Imâm, car cela revient à ordonner une mauvaise action. Quand un texte a une portée absolue ou générale (lui obéir en l’occurrence), s’oppose à un autre texte ayant une portée restrictive (ne pas participer aux troubles), il incombe de mettre en avant le second. Surtout si l’on sait que nous avons le devoir de ramener nos litiges au Coran et à la sunna dans l’absolu. La preuve, c’est que le Prophète (r) a prédit que les émirs après lui feraient régner l’injustice. Pourtant, au même moment, il interdit de se rebeller contre eux, en vue des inconvénients énormes que cela engendre. Lui-même interdit à La Mecque de prendre les armes contre les païens, comme le relate le Verset : [Ne vois-tu pas ceux à qui il fut demandé de retenir leurs mains].[4] Les premiers musulmans avaient pour mission d’endurer la persécution Quraïshites, et de ne pas leur en tenir rigueur jusqu’au jour où le Coran leur révéla de nouvelles dispositions.[5]




    4- La législation progressive du djihâd ; en sachant que la période mecquoise n’est pas abrogée




    Les Juifs tiraient en dérision le Prophète (r) dans leur langue, mais sans qu’il ne les punisse, et cela, pour les raisons suivantes :




    Premièrement : à cette époque, les musulmans étaient encore faibles ; il leur était enjoint d’endurer le mal des Juifs et des païens ; la piété était de rigueur. Puis, quand l’Islam prit de l’ampleur, ce statut fut abrogé, et la guerre fut légiférée ; les Juifs furent alors frappés d’un tribut qui était le gage de leur soumission. Il va sans dire que le dhimmî n’est pas capable d’ennuyer ouvertement les musulmans, car sinon il ne serait pas soumis. Certains donnent le nom d’abrogation à ce changement d’attitude envers les ennemis. Pour d’autres, il ne s’agit pas d’une abrogation, mais d’une nouvelle situation qui réclame de nouvelles dispositions, comme le Coran l’avait promis pendant la période de patience.




    En réalité, cette divergence porte plus sur la forme que sur le fond, car lorsque les musulmans retombent dans un état de faiblesse, ils doivent se comporter comme à la période mecquoise. La chose varie donc en fonction des endroits et des époques, et les Versets qui enjoignent à la patience restent en vigueur jusqu’à la fin du monde. Personne ne conteste qu’à Médine, le Prophète appliquait les peines contre les hommes qui affichaient leur hypocrisie, et il fit des expéditions punitives contre les Juifs et les païens. Peu importe qu’on donne ou non le nom d’abrogation à cette nouvelle disposition.[6]




    Ainsi, pendant la période mecquoise, le djihad n’était pas encore légiféré, et la patience était de rigueur. L’émigration offrit aux adeptes de la religion naissante un lieu sûr où il pouvait se renforcer, et d’où partiraient les expéditions militaires. Ils ne s’attaquaient pas à ceux avec qui ils étaient noués par des accords de paix. Si le meilleur des hommes (r) avait eu la mauvaise idée de punir chaque mécréant et chaque hypocrite, la plupart des arabes y auraient vu d’un mauvais œil, et auraient renoncé à intégrer sa religion, car trop dangereuse. Allah (I) révèle : [N’obéis pas aux infidèles ni aux hypocrites, ne prêtent pas attention à leurs nuisances ; et repose ta confiance à Allah, Il te suffit comme protecteur].[7] Cette sourate fut révélée à Médine après la bataille du fossé. Le Messager (r) n’était pas suffisant fort pour s’occuper d’eux ; toute répression aurait engendré un grand désordre dans les rangs. Après la conquête de La Mecque, les habitants de la Péninsule embrassèrent la religion en masse, et les rapports de force n’étaient plus les mêmes.




    Le temps était venu de se tourner vers les Byzantins. La Révélation mit sur la voie les adeptes de la religion naissance. La sourate Le repentir polissait les derniers commandements divins ; le djihad, le pèlerinage et la morale (ordonner le bien et interdire le mal) furent légiférés. La mission de Mohammed (r) touchait à sa fin : [Aujourd’hui, je vous ai parachevé votre religion, Je vous ai parfait de Mes bienfaits, et Je vous ai agréé l’Islam comme religion].[8] Trois mois plus tard, le sceau des messagers rendait l’âme. Il fallait évidemment préparer le terrain : rompre les traités avec les païens. Le ton était donné : [Ô Prophète ! Combats les mécréants et les hypocrites, et sois dur avec eux].[9] Il annonçait l’abrogation de : [N’obéis pas aux infidèles ni aux hypocrites, ne prêtent pas attention à leurs nuisances].[10]




    Les hypocrites n’avaient plus à cette époque d’alliés pour les défendre ; le Prophète (r) avait le champ libre pour faire régner la loi à Médine, et personne n’allait s’en plaindre, car toute la région était rentrée dans les rangs. L’intransigeance devint de rigueur. Selon les savants, la sourate Les coalisés vint abroger les prescriptions précédentes. En voici un autre passage : [Si les hypocrites, les malades du cœur et les perturbateurs à Médine ne cessent pas, Nous te lancerons contre eux, et ils ne viendront plus ou presque te côtoyer dans ses murs ; ils sont maudits ! Où qu’ils soient, ils sont rattrapés].[11] En d’autres termes, ils ne s’aviseront plus désormais à injecter leurs venins. La religion triomphante n’allait plus tolérer de telles exactions.




    Ainsi, quand la conjoncture est favorable aux hypocrites, nous mettons en pratique le v. 48 de la s. Les coalisés. De la même manière qu’en état de faiblesse, il nous est demandé de fermer les yeux sur leurs manœuvres, et attendre que la roue tourne. C’est à ce moment qu’on fait preuve d’intransigeance, conformément au v. 9 de la s. E-tahrîm.[12]




    La patience porta ses fruits, car, pour la première fois, les Juifs furent frappés d’un tribut qui témoignait de leur soumission, et les campagnes militaires s’étendirent au-delà du littoral du hijâz. L’ère khalifienne s’aligna aux dernières dispositions prophétiques, et il y aura toujours jusqu’à la fin du monde, un groupe qui se détache de la communauté pour porter haut l’étendard de la vérité.




    Le musulman s’adapte aux différentes conjonctures qu’il rencontre, sans sortir, en cela, des directives du Coran. Quand il en a la force, il défend bec et ongles l’honneur de sa religion, et fait front aux injures que son Prophète (r) endure, et dans les moments de faiblesse, il craint Dieu dans la mesure du possible.[13] Le grand ibn Taïmiya offre des circonstances aux pauvres habitants du Hijâz – qui était déjà mal garni avec l’expansion de l’innovation et de la débauche – et du Yémen, qui, incapables de tenir tête à l’envahisseur tatar, s’empressèrent de lui envoyer une missive pour lui afficher leur allégeance. Quand le roi païen s’essaya aux armées de Halab où il rencontra une forte résistance, ce fut une autre paire de manches.[14]




    À suivre…














    [1]Majmû’ el fatâwâ (11/623).

    [2]Majmû’ el fatâwâ (27/177) ; voir également : (28/129) et (32/228).

    [3]Voir : Minhâj e-sunna (4/536).

    [4]Les femmes ; 77

    [5]Majmû’ el fatâwâ (4/442-443).

    [6]E-sârim el maslûl (2/443-444).

    [7]Les coalisés ; 48

    [8]Le repas céleste ; 3

    [9]E-tahrîm ; 9

    [10]Les coalisés ; 48

    [11]Les coalisés ; 60-61

    [12]E-sârim el maslûl(3/681-683).

    [13]E-sârim el maslûl(2/412-414).

    [14]Majmû’ el fatâwâ(28/533).



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    • #3



      Au nom d’Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux




      Ibn Taïmiya et le djihad défensif

      (Partie 3)







      D’après l’article : taqyîd el fahm wa e-dhabt li kalâm Sheïkh el Islam anna el djihâd e-daf’ lâ yashtaritu lahu shart de ‘Imâd Târiq.




      5- En période de troubles ou quand la religion de l’individu est mise à mal, il est légiféré de se retirer dans des coins isolés, ou tout au moins d’émigrer vers des terres plus sûres




      Il restait des râfidhites et des hypocrites qui s’étaient notamment réfugiés dans les montagnes du Liban. Les chrétiens prirent probablement le dessus sur eux, et les mirent à leur service pour cultiver la terre. Un État que se partageaient râfidhites et chrétiens fut fondé. Ces fameuses montagnes n’ont aucun mérite particulier ; il est même légiféré de ne pas vivre au milieu de ceux qui empêchent de pratiquer sa religion. Malheureusement, certains ascètes leur consacrent des retraites spirituelles. En réalité, les seules vertus que l’on peut concéder aux grottes, aux vallées et aux montagnes isolées, c’est en période de trouble. Il est en effet, tout à fait légitime de s’y réfugier, lorsque la vie citadine n’offre plus la garantie de préserver sa religion. C’est l’ambition qui se cache derrière l’obligation d’émigrer vers une terre paisible ; l’émigré en effet est celui qui s’éloigne des péchés.[1]




      Dans sa fatwa de Mardîn, le Sheïkh d’ibn el Qaïyim souligne, d’une part, que le sang et les biens du musulman sont sacrés. D’autre part, à ses yeux, il est interdit de prêter main-forte à des non-musulmans. Tout musulman qui vit en son sein est obligé de partir dans la situation où il n’est pas en mesure de bien pratiquer sa religion, sinon, l’émigration reste recommandée. Il lui est interdit de venir en aide aux ennemis de l’Islam, que ce soit physiquement ou financièrement. Il doit trouver n’importe quel prétexte pour échapper à cette corvée, ou sinon quitter les lieux.[2]




      6- Le djihad est légiféré en cas de force




      Comme nous avons vu dans un point précédent, quand le Législateur enjoint de combattre toute faction rebelle, c’est uniquement dans la mesure du possible, car ils ne sont pas pires que les païens et les infidèles. L’histoire prophétique nous montre qu’il vaut mieux dans certaines situations se concilier l’ennemi en nouant des accords de paix et en lui offrant des largesses. Un Imâm peut s’imaginer à tort avoir la force pour lui tenir tête. Dans ce cas, l’intérêt réclame de renoncer à ce projet.[3] Il est même permis de trouver des accords avec un envahisseur ayant la main mise sur plusieurs provinces musulmanes. La Syrie fut contrainte à ses débuts de contenir la vague tatare en contractant avec ses chefs certains pactes.[4] Ibn Taïmiya lui-même entama des pourparlers avec les autorités mongoles dans une tentative où les plus zélés auraient rebroussé chemin.[5] Ce jour-là, il écrivit à jamais son nom dans les plus belles pages de l’Histoire à côté des plus grands héros musulmans.[6]




      Or, certains pensent à tort que l’épée s’est substituée à l’appel au dialogue adressé aux mécréants en vue de leur démontrer l’impertinence de leur croyance. Il n’y a pourtant aucune opposition entre ces deux procédés. On parle d’abrogation quand une loi remet littéralement en question une autre plus ancienne et à laquelle elle se substitue. L’abrogation de la première qibla en est le meilleur exemple. Il ne viendrait à l’idée de personne, désormais, de prier en direction de Jérusalem.

      Ainsi, ils opposent ainsi les deux Versets : [Ne vois-tu pas ceux à qui il fut demandé de retenir leurs mains, d’observer la prière, et de verser l’aumône ; et lorsque la guerre leur fut prescrite, un groupe d’entre eux se mirent à craindre les hommes comme on craint Allah, ou plus encore ; ils protestèrent : Seigneur ! Pourquoi nous as-Tu prescrit la guerre ? Si, au moins, Tu avais pu nous laisser un peu de répit ! Réponds-leur : les plaisirs de ce monde sont éphémères, mais l’autre vie vaut bien mieux pour les gens pieux, et vous ne serez pas lésés le moins du monde].[7]

      Voici l’autre Verset : [Appelle au chemin de Ton Seigneur avec sagesse et le bon sermon, et polémique avec eux de la meilleure manière ; Allah connait mieux ceux qui ont dévié de Son chemin, et Il connait mieux ceux qui sont guidés][8] ; mais encore : [Ne polémiquez point avec les gens du Livre si ce n’est que de la meilleure façon, sauf avec les injustes parmi eux. Dites : Nous avons cru à Celui qui nous a révélé et qui vous a révélé le Livre ; Notre Dieu et le Vôtre est Un, et nous Lui sommes soumis].[9]




      L’obligation de combattre s’oppose certes à l’interdiction de le faire au profit du dialogue, mais il est possible de conjuguer entre les deux. Dans ce cas, il n’est pas pertinent de parler d’abrogation. Il va sans dire que chacun à sa façon, ces procédés donnent des résultats, mais, utilisés ensemble, ils sont beaucoup plus efficaces.[10]




      7- le djihâd défensif réclame des préparatifs




      Ibn Kathîr explique qu’Ahmed ibn ‘Abd el Halîm contribua aux préparatifs d’avant-guerre contre les tatars ; il exhortait les troupes à grands coups de Verset du Coran et de hadîth prophétiques, les dissuada de battre en retraite à la première frayeur, les encouragea à financer l’expédition en vue de défendre les musulmans et leur terre. Il sollicita le soutien des armées d’Égypte. Il se rendit en personne aux bords du Nil pour convaincre le pouvoir en place de s’engager aux côtés de leurs frères du Levant.[11]




      8- Les lois du djihâd sont flexibles et s’adaptent à la conjoncture




      Quand, fort de ses alliés, le Messager (r) fut en mesure d’étendre la religion d’Allah, il n’hésita pas une seconde de brandir l’étendard de la guerre contre tous ceux qui lui résistaient. Les lois varient en fonction de la situation et des capacités. Quand on est fort on n’a pas la même approche que quand on est faible, bien que dans les deux cas, on ne fait qu’obéir à Allah, comme quand on est riche ou pauvre, en bonne ou en mauvaise santé. Chaque état concède ses propres lois.[12]




      9- La distinction entre théoriser une question et faire une fatwâ




      Il existe deux sortes de sentences : théorique (lorsqu’un savant théorise une question) et pratique (quand il l’applique dans la pratique en tenant compte de plusieurs facteurs ; ex. : la fatwâ).[13] En mélangeant entre les deux, on peut faire des dégâts énormes, comme le souligne ibn el Qaïyim.[14]




      10- Comprendre les paroles d’un auteur à la lumière du contexte




      Enfin, et ce point est d’une extrême importance, il n’est pas pertinent de sortir un passage de son contexte, car cela revient à le tronquer, ou, au meilleur des cas, à le vider de sa substance. Il faudrait, au minimum prendre la peine de le ramener en entier, en vue de mettre en lumière les réelles intentions de l’auteur. Quand ibn Taïmya parle de sans condition, ce n’est pas dans l’absolu, mais uniquement en réfutation au dhî – vraisemblablement Abû Ya’lâ. Voici le passage en entier pour s’en assurer : « Le Qâdhî prétend que dans la situation où le djihâddevient une obligation individuelle dans un pays particulier, et que le champ de bataille soit à une distance permettant de raccourcir les prières, il devient obligation qu’à condition d’avoir une monture et les provisions suffisantes, tout comme le pèlerinage. Or, le Qâdhî ne ramène pas cette comparaison (analogie) avec le pèlerinage de l’Imâm Ahmed ; son opinion est pour le moins faible.




      L’obligation du djihâdest due à différentes raisons, comme repousser l’agression de l’ennemi. Le cas échéant, il devient plus obligatoire que l’émigration. En sachant que la monture n’est pas prise en considération pour la hijra, et à fortiori pour le djihâd.

      Il est rapporté d’après le recueilsahîh, selon ‘Ubâda ibn e-Sâmit, le propos prophétique suivant : « L’individu doit obéissance à l’émir que ce soit dans l’aisance ou dans la difficulté, de son propre gré ou contre lui, et même s’il ne veut rien lui partager. »[15] Il doit donc obéir à l’émir qui lui somme d’incorporer l’armée que ce soit dans l’aisance ou la difficulté. Ce texte démontre explicitement, que, contrairement au hadj, il est imposé d’y aller même dans la difficulté. Pourtant, le discours concerne le djihâd offensif. »




      Il enchaine directement après : « Quant à la guerre défensive, celle-ci incarne la plus haute forme d’autodéfense en vue de protéger l’honneur et la religion. Elle est donc obligatoire à l’unanimité des savants, étant donné que l’ennemi porte atteinte à la vie matérielle et spirituelle des musulmans ; après la foi, rien n’est plus important que de repousser son agression, et cela sans condition, mais uniquement avec les moyens du bord. Les savants de notre école notamment mettent explicitement ce point en avant. »




      Puis, il conclut : « Il incombe donc de distinguer entre repousser un agresseur mécréant et tyran, et aller lui faire la guerre sur ses terres. Il existe plusieurs sortes de djihâd : avec le cœur, oralement (prédication et argumentation), en offrant ses services (idées, plans, fabrication), etc. Chacun y contribue au maximum de ses possibilités. »[16]




      Wa Allah a’lam !





















































      [1]Majmû’ el fatâwâ(27/55).

      [2]Majmû’ el fatâwâ(28/240).

      [3]Majmû’ el fatâwâ (4/442).

      [4]Majmû’ el fatâwâ (28/432).

      [5]El ‘uqûd e-durriya d’ibn ‘Abd el Hâdî (p. 134)

      [6]El a’lâm el ‘aliya (p. 69-72).

      [7]Les femmes ; 77

      [8]Les abeilles ; 125

      [9]L’araignée ; 46

      [10]El jawâb e-sahîh (1/218-219).

      [11]El bidâya wa e-nihâya (14/14-16).

      [12]Manhâj e-sunna (1/86).

      [13]El muswadda (p. 504).

      [14]I’lâm el mawqi’în (3/79).

      [15]Rapporté par el Bukhârî (7056) et Muslim (1709), selon ‘Ubaïda ibn e-Sâmit (t).

      [16]El fatâwâ el kubrâ (4/608).



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