Classification des Attributs divins
(Partie 1)
Voir : el mâturîdiya (2/417-428) de Shams el Afghân qui, à l’origine, est une thèse universitaire ès Magistère.
Louange à Allah, le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur sa famille, ses Compagnons, et leurs fidèles successeurs jusqu’au Jour des Comptes !
Il n’existe aucune trace de classification des Attributs divins venant des Compagnons, et pour cause ; ce sujet ne leur posait aucun problème ; ils avaient l’esprit pur, les idées claires, et ils étaient familiarisés dans les moindres détails à la langue arabe.[1]
C’est en réaction aux mutakallimîns que les traditionalistes ont tracé une méthodologie cartésienne fidèle aux textes venant immuniser contre toute déviation dans ce domaine si périlleux.[2]
À ma connaissance, pour reprendre l’expression de Shams el Afghân, l’Imam Abû Hanîfa (m. 150 h.) est le premier à avoir distingué entre les Attributs essentiels (Sifât dhâtiya) et les Actions volontaires d’Allah (Sifât fi’liya).[3] Il ouvrait la voie à ‘Abd el ‘Azîz el Kinânî (m. 240 h.), ibn Kullâb (m. 240 h.), l’Imâm Ahmed (m. 241 h.), et, plus tard, el Baïhaqî[4] qui ajoutèrent à cela, la division entre les Attributs textuels (Sifât sam’iya) et les Attributs rationnels (Sifât ‘aqliya).[5]
Classification des Attributs divins chez les traditionalistes
Aujourd’hui, les traditionalistes recensent six catégories d’Attributs qu’ils répartissent en trois ensembles.
1- En parlant de ce qui appartient et de ce qui n’appartient pas à Allah, ils se divisent en deux catégories :
Les Attributs affirmatifs : ce sont les Attributs que les textes scripturaires de l’Islam (Coran/sunna) reconnaissent et qui expriment la perfection absolue du Très-Haut. Chacun d’entre eux renferme un antonyme (défaut, imperfection) dont Il se différencie. Ex. : la Vie, le Savoir, la Puissance, l’Ouïe, la Vue, l’Élévation, la Seigneurie, la Divinité, etc.
Les Attributs négatifs : ce sont les Attributs que les textes scripturaires de l’Islam (Coran/sunna) infirment, car exprimant une imperfection à laquelle le Très-Haut se différencie. Chacun d’entre eux renferme un antonyme (la perfection absolue) dont Il se distingue ; la négation pure, en effet, ne contient aucun sens laudatif en elle-même.
Ex. :la négation d’avoir un enfant, un père, une compagne, un associé, un rival, un semblable, un égal, un soutien ; la négation de mourir, de dormir, de s’assoupir, d’impuissance, etc.
2- Les Attributs qui sont liés à la Volonté divine se divisent en trois catégories :
Les Attributs purement essentiels : qui, sans dépendre de Sa Volonté ou de Ses Actions, sont inhérent à Lui. Ex. : la Vie, le Savoir, la Puissance, l’Élévation au-dessus de Sa création, la Sagesse, la Grandeur, le Visage, les deux Mains, etc.
Les Actions purement volontaires : qui sont liées à Sa Volonté dans le sens où Il les fait quand Il veut. Ex. : l’istiwâ sur le Trône, la descente au premier ciel, la venue le Jour de la résurrection, la Colère, l’Agrément, le Rire, la Joie, etc.
Les Attributs qui, d’un point de vue, sont essentiels, et ceux qui, d’un autre point de vue, relèvent des Actions volontaires : ex. :la Parole qui, en regard de son origine et de sa nature, est un Attribut essentiel (inhérent à Lui) ; mais, qui, en regard de toutes les fois où Il parle, entre dans les Actions volontaires. Dans ce registre, nous avons le Verset : [S’Il décide d’une chose, il Lui suffit de dire : sois, et elle est].[6]
•Remarque : les Actions volontaires (Af’âl ikhtiyâriya) sont appelées également Attributs volontaires (Sifât ikhtiyâriya) ou encore Attributs d’Action (Sifât fi’liya).[7]
3- En regard de la voie par laquelle ces Attributs sont établis, nous pouvons les classer en deux sortes :
Les Attributs qui sont à la fois textuels et rationnels : dans le sens où il est à la fois possible de les connaitre par l’intermédiaire des textes et de la raison, mais aussi par l’instinct (ou la nature saine). Ex. : la Vie, le Savoir, la Puissance, l’Ouïe, la Vue, l’Élévation, la Seigneurie, la Divinité, etc.
Les Attributs uniquement textuels : que l’on appelle indistinctement Sifât sam’iya, naqliya, ou shar’iya. Seuls les textes sont à même de nous les indiquer, en sachant que la raison saine ne s’y oppose pas, je dirais même qu’elle les confirme. Ex. : le Visage, les deux Mains, les deux Yeux, la Jambe inférieure (Sâq), le Pied (rijl, Qadam), les Doigts, fermer la Main (Qabdha), l’istiwâ sur le Trône, la descente au premier ciel, la venue le Jour de la résurrection, etc.
•Remarque : ses ensembles sont combinables entre eux. Les Attributs affirmatifs renferment des Attributs essentiels et volontaires ; eux-mêmes sont exclusivement « affirmatifs ». En outre, ils sont soit texto-rationnels, soit purement rationnels. Nous pouvons dire la même chose pour les Attributs négatifs.
Ainsi, les six catégories précédemment citées se répartissent comme suit :
1- Attributs essentiels, texto-rationnels : ex. :la Vie, le Savoir, la Puissance, l’Élévation, la Seigneurie, la Divinité, etc.
2- Attributs essentiels textuels : ex. :le Visage, les deux Mains, les deux Yeux, etc.
3- Attributs volontaires textuels : ex. :l’istiwâ sur le Trône, la descente au premier ciel, la venue le Jour de la résurrection, etc.[8]
4- Attributs volontaires texto-rationnels : ex. :la Création, le Pouvoir de donner la vie et la mort, la Parole, etc.
5- Attributs négatifs texto-rationnels : ex. :la négation de la mort, de l’impuissance, de l’injustice, de la distraction, de l’ignorance, etc.
6- Attributs négatifs textuels : l’impossibilité d’être vue avec les yeux sur terre.[9]
À suivre…
[1]Voir : el khutat d’el Maqrîzî (2/356).
[2]Majmû’ el fatâwa d’ibn Taïmiya (7/98-99).
[3]Voir : sharh el figh el akbar d’el Qârî (p. 25-26).
[4]Voir : el Asmâ wa e-Sifât d’el Baïhaqî (p. 111).
[5]Majmû’ el fatâwa(3/88).
[6]Yâsîn ; 82
[7]Voir : dar-u ta’ârudh e-‘aql wa e-naql d’ibn Taïmiya (2/3).
[8]Voir notamment : majmû’ el fatâwa (3/35-36, 83-84).
[9]L’auteur s’est fait sa propre déduction de ce dernier point, dans le sens où aucun ouvrage ne l’exprime explicitement. C’est e-Sifârrinî qui l’a mis sur la voie [voir : lawâmi’ el anwâr el bahîya (2/284).]
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