L’Histoire musulmane : âge d’or, déclin et revivification
(Partie 1)
Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !
(Partie 1)
Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !
Voir : l’explication de Lettre aux habitants de Qasîm de Sheïkh Sâlih el Fawzân
Voir également : http://www.mizab.org/#!les-savants-et-les-mirs-/c2wy
Introduction
À l’époque des Compagnons et de leurs successeurs directs, les tâbi’în, la croyance était claire et répandue. L’âge d’or des musulmans, qui s’étirent jusqu’à la quatrième génération, n’était pas déchiré par les divergences, si ce n’était peut-être, sur la fin. Les kharijites, les qadarites, et les shiites commençaient à s’installer, mais la religion jouissait encore d’une grande autorité et était bien implantée dans le monde. Le mal faisait des avancées timides, mais ne montrait jamais son nez. À partir du quatrième siècle, les choses se dégradèrent. Les égarés osaient afficher ouvertement leurs opinions. Les sectes hérétiques (jahmites, les mu’tazilites, les bâtinites, les shiites, les soufis, les qubûrites, etc.) poussaient comme des champignons, mais l’Islam était encore debout.
Les premières dynasties et l’implantation des sectes
Sous l’ère omeyyade, les savants étaient très actifs et très respectés. Ils contribuèrent à l’éradication des sectes naissantes. Les zindiq qui affichaient leur croyance étaient condamnés à mort, à l’image de Jahd ibn Dirham.
La dynastie abbasside était également puissante, à ses débuts. L’Islam inspirait le respect et les savants étaient, dans la société, considérés en haute estime. Les égarés n’étaient pas encore libres de leurs mouvements. Il fallut attendre le déclin de l’Empire pour voir des changements. Le Khalife el Ma-mûn ibn Hârûn e-Rashîd était tout désigné pour la réforme. Il avait usurpé le pouvoir à son frère qu’il élimina froidement.
Fort d’une grande culture, il s’entoura de mauvais savants qu’il fit entrer dans sa cour, à l’instar d’ibn Abî Duwâd et de Bishr el Mirrîsî. Malgré son érudition, sous leur charme, il tomba facilement dans leur piège et adhéra à leur cause sans la moindre résistance. Ils lui embellirent l’idée de traduire les ouvrages étrangers. Il mit sur pied une équipe de traducteur, et fit construire à leur attention, un atelier qui fut baptisé dâr el hikma (la maison de la sagesse ndt.). Il aurait mieux fait de l’appeler dâr el niqma (la maison de la malédiction ndt.). Les mauvaises croyances véhiculées par les byzantins étaient désormais disponible en arabe et contamina les adeptes de la dernière des religions, comme le souligne Sheïkh Taqyî e-Dîn ibn Taïmiya – qu’Allah lui fasse miséricorde –.
Finalement, le Khalife fit sien le crédo selon lequel le Coran serait créé. Son charisme ne l’empêcha pas de subir un lourd lavage de cerveau. Ces gens-là sont extrêmement dangereux, alors restons vigilants ; il incombe de les mettre en quarantaine afin d’éradiquer leur poison. Ils arrivent à embobiner les plus robustes d’entre nous.
Les conséquences furent terribles. Le fils d’Hârûn e-Rashîd fit imposer son nouveau crédo à tous ses sujets, qu’Allah nous préserve. Ils s’attaquaient ainsi à la première référence des musulmans en vue de la saboter. Ils contestaient le caractère incréé du Livre d’Allah.
La défense du crédo et la résistance face à l’hérésie
Les musulmans, avec l’Imam Ahmed à leur tête, firent front à ce fléau, et exprimèrent leur mécontentement, au péril, pour certains, de leur vie. Une sévère répression s’abattit contre les réfractaires, et Ahmed lui-même en subit les frais, mais sans entamer la détermination orthodoxe face à l’hérésie mu’tazilite. Cette détermination eut raison d’elle, grâce à Dieu, et la croyance traditionaliste fut sauvée du péril.
El Mu’tasim succéda à son frère el Ma-mûn sur le trône. Puis, el Wâsiq, le fils d’el Ma-mûn prit la place de son oncle. Les souverains successifs restaient fidèles à l’hérésie naissante, et ne dérogeaient pas à l’usage de la torture. L’Imâm Ahmed l’apprit à ses dépens, mais jamais il ne céda à leurs intimidations. Il criait à qui voulait l’entendre que le Coran était la Parole d’Allah. Il lança à ses tortionnaires le défit de ramener un seul texte du Livre sacré des musulmans ou de la tradition prophétique allant dans leur sens. Les coups repartaient alors de plus belle. Ils le frappaient jusqu’au sang ; il lui arrivait même de perdre connaissance, mais sa position ne changea pas d’un iota – qu’Allah lui fasse miséricorde –.
Il fallut attendre l’avènement d’el Mutawakkil ibn Hârûn e-Rashîd pour que les choses se libèrent en faveur de l’Imam. Allah avait fait triompher le traditionalisme et avili les innovateurs. Malheureusement, le frère d’el Ma-mûn fut assassiné par des comploteurs aux desseins obscurs.
L’accélération du déclin
Le déclin poursuivait son chemin, et fut accéléré à la fin de l’Empire abbasside par un ennemi de l’intérieur bien plus redoutable que les jahmites. Les shiites, qui avaient pris la relève, avaient désigné pour ambassadeur ibn el ‘Alqamî et Nasîr « el kufr » e-Tûsî pour mener leur plan à bien. Ils donnèrent les clefs de Bagdad à l’envahisseur tatar et mongol venus d’Orient. Ces derniers mirent les terres musulmanes à feu et à sang, et s’en prirent impitoyablement à la Capitale où ils exécutèrent lâchement le Khalife.
Le patrimoine musulman littéraire fut jeté dans le Tigre et le nombre de victime était considérablement élevé. Ils dévastaient tout sur leur passage, mais ils se heurtèrent à une résistance qui, après maints périples, parvint à les mettre en déroute, grâce à Dieu. Certains d’entre eux embrassèrent l’Islam.
Ibn Taïmiya, le digne héritier de l’Imâm Ahmed
Qu’Allah soit loué, l’Islam resta debout. Le Seigneur met au service de Sa religion des hommes capables de la défendre et de la faire triompher. Ce fut le cas de Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya qui arrivait au moment le plus mal. L’obscurantisme faisait rage dans les rangs ; les sectes en présence se disputaient des adeptes ; jahmites, mu’tazilites, qubûrites, shiites, etc. composaient le paysage islamique qui souffrait de graves dissensions. Ibn Taïmiya naquit dans ce contexte ; il se consacra à l’étude des ouvrages des pieux prédécesseurs qui n’étaient pas entachés par l’innovation. Il plongea également dans les livres hérétiques en vue de s’enquérir des mauvaises pensées dont ils regorgeaient.
Puis, il se tourna vers la prédication ; il composa maints écrits et donnait des cours magistraux. Il fut expulsé de sa terre natale et emprisonné injustement, mais il ne renonça jamais à sa mission ni à son combat. Il offrit même sa contribution au djihad en se rendant lui-même sur le champ de bataille. Il ne voyait aucun inconvénient à passer de la plume à l’épée, comme il était passé maitre dans l’art de fustiger ses adversaires à la parole, et de défendre verbalement la religion. Grâce à Dieu, il eut des élèves qui reprirent le flambeau de après lui. Nombre d’entre eux devinrent de grands imams, à l’instar d’ibn el Qaïyim, ibn Kathîr, e-Dhahabî, etc. et ils firent de nombreux émules sur le chemin de la réforme. Le traditionalisme renaissait de ses cendres, et de nombreuses idées erronées furent littéralement dissipées. Qu’Allah leur fasse miséricorde à tous !
Du Shâm au Najd
Puis, il y eut une longue période d’effritement durant laquelle les traditionalistes étaient submergés par les innovateurs qui parvinrent à injecter leurs venins en masse dans les rangs des musulmans. Cette ère se caractérise par le suivisme aveugle et par une grande paralysie intellectuelle. À cette époque, la région du Najd n’attirait les regards de personne. Parsemés de villages entourés de champs, son paysage hostile et aride n’aidait pas à la sédentarisation. La plupart de ses habitants étaient des bédouins ou des semi-bédouins. Chaque canton était chapeauté par l’émir du coin qui jouissait de sa propre autonomie. À titre d’exemple, l’émir de ‘Arqa n’était pas subordonné à l’émir de Dar’iya, qui, pourtant, lui était lié par le sang.
Les savants hanbalites du Najd étaient versés dans le fiqh ; ils le compilaient, l’analysaient, lui consacraient des écrits, retranscrivaient ses manuscrits, et l’étudiaient. Néanmoins, dans le dogme, ils se rattachaient à l’ash’arisme et au mâturîdisme ; ils avaient un léger penchant pour le soufisme, et n’étaient pas épargnés par les innovations en vogue dans les autres régions, à la différence, peut-être, où l’ignorance y était plus répandue qu’ailleurs. Certes, il y avait ici et là des savants, mais la plupart étaient spécialistes en fiqh. Ils devaient se rendre au Shâm pour approfondir leurs connaissances auprès des références hanbalites de l’époque. Ils en profitaient pour faire leur provision d’ouvrages hanbalites.[1]
Leur attirance pour le fiqh n’était pas blâmable en soi, bien au contraire, mais à condition que cela ne se fasse pas sur les frais de la ‘aqida qui est bien plus importante. Aucune pression n’était faite sur les mauvaises pratiques en vogues ; les soufis et les qubûrites, notamment, avaient le champ libre. Les sorciers et les devins étaient très actifs, et les traditions tribales faisaient office de loi.[2]
À suivre…
[1] Voir : Masâil el i’tiqâd ‘inda ‘ulamâ Nadj du D. ‘Abd el ‘Azîz Âl ‘Abd e-Lâtif (p. 17-18).
[2] L’Imâm Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb déclare que les bédouins du Najd qui lui furent contemporains accusaient plus de 100 annulations de l’Islam (ils reniaient la résurrection des corps, préféraient les coutumes véhiculées par leurs ancêtres à la Législation musulmane, commettaient du shirk ta’tîl et shirk tamthîl, wa yaz’umûn anna shar’ahum el bâtil huwa haqq Allah, tafdhîl e-tâghût ‘alâ hukm Allah, sabb e-shar’, sihr, etc.). Voir : mualaffât Sheïkh Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb (3/39) et târikh ibn Ghannâm (1/108, 163-164).
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