إعـــــــلان

تقليص
لا يوجد إعلان حتى الآن.

Fatwas de savants d’Arabie Saoudite sur les caricatures

تقليص
X
 
  • تصفية - فلترة
  • الوقت
  • عرض
إلغاء تحديد الكل
مشاركات جديدة

  • Fatwas de savants d’Arabie Saoudite sur les caricatures





    Fatwas de savants d’Arabie Saoudite sur les caricatures
    (Partie 1)

    … lorsque, dans notre relation tumultueuse avec l’Orient musulman, la tempête menace, ce ne sont pas les réflexes de l’appréhension et les raccourcis de l’ignorance qui doivent guider nos politiques mais bien les ressorts de la connaissance scientifique, qu’il faut plus que jamais prendre le temps de mobiliser. (François Burgat).

    Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !

    Un hadîth donne les limites de la liberté individuelle : « Il ne faut ni recevoir ni faire de préjudice. »[1]

    Une série de conférences fut données à l’occasion des caricatures danoises (10 en tout), et ayant pour thème la biographie du Prophète (r). Chaque intervenant consacra une partie aux questions. Si certains d’entre eux cautionnèrent le boycott, il n’y eut aucun appel au meurtre. Voici les passages qui touchent à notre sujet.

    Sheïkh Sâlih ibn Ghânim e-Sadlân
    Professeur d’études supérieures
    À l’Université islamique de l’Imam Mohammed ibn Su’ûd

    Question : il y a encombrement entre les différentes formes de djihad et le djihad avec la plume qui est inhérent à notre époque. Si Votre Éminence pouvait faire un commentaire sur la question, qu’Allah vous en récompense !

    En réponse : il va sans dire que le djihad est soumis à des conditions et des critères. Il en existe plusieurs sortes. Il a un sens courant, mais aussi un sens plus vaste. Il désigne couramment la guerre contre les infidèles, les païens, et les hypocrites. C’est le cas où deux armées, celle des musulmans et celle de leur ennemi, s’affrontent sur le champ de bataille. Dans ce cas de figure, Allah (Y) soutient les musulmans relativement en fonction de leur sincérité et de leurs intentions. Au sens large, le djihad consiste à lutter contre l’âme, les penchants, les plaisirs, Satan, les conceptions erronées, etc. Propager le savoir est le plus grand d’entre eux, car c’est la façon de sortir les hommes des ténèbres à la lumière.

    Question : il est à craindre qu’après ces événements, nous défendions le Messager (r) avec moins d’entrain. Quel conseil pourriez-vous nous donner pour que nous gardions allumé en nous ce sentiment ?

    En réponse : premièrement : défendre le Prophète (r), c’est rester fidèle à sa voie. L’attestation que Mohammed est le Messager d’Allah signifie qu’il faut obéir à ses ordres, croire à ses enseignements, et s’éloigner de ce qu’il a interdit et condamné, et de n’adorer Allah qu’uniquement selon ses prescriptions.

    Deuxièmement : il faut défendre sa personne comme ce fut le cas dernièrement qu’Allah soit loué, en sachant qu’il y a beaucoup d’autres moyens de le faire. Il suffit de lire les texto pour constater comment des jeunes de quinze ans ont-ils manifesté leur mécontentement. Les médias (radios, télévision, journaux, etc.) ont pris également cette affaire à cœur. Il est à noter toutefois quelques erreurs sur la façon de remédier au problème. Des comportements qui vont à l’encontre des enseignements du Prophète (r). S’en prendre physiquement à des personnes, à des biens fonciers, ou à des ambassades, n’est pas une façon de défendre le meilleur des hommes.

    Nous pouvons dire la même chose pour le boycott des marchandises en provenance du Danemark ou d’ailleurs. Certains gens se sont imaginé qu’il était interdit d’avoir des produits de ces pays-là. Ils se plaignent de voir des marques de beurre ou de fromage danois dans certains magasins et grandes surfaces. Nous répondons que ces investissements appartiennent à des locaux (Koweït, KSA, etc.). Le boycott des importations est une bonne chose, mais il relève de l’initiative des autorités. Ils vont étudier politiquement la chose et évaluer les avantages et les inconvénients. Dans la mesure où ce boycott porte un réel préjudice, ce sont les importateurs locaux qui doivent prendre cette initiative. Ils ne sont pas les seuls à avoir cette marchandise, ils peuvent trouver la même ailleurs, voire meilleure.

    Sheïkh D. Sâlih ibn Fawzân el Fawzân
    Membre de l’Ordre des Grands Savants d’Arabie saoudite
    et du Comité permanent de la Fatwa.

    Question : qu’Allah récompense son Éminence le grand érudit Sheïkh Sâlih el Fawzân pour cette précieuse conférence ! J’implore Allah (U) de rendre utile à tout ce que nous venons d’entendre ! J’aimerais tout d’abord interroger Votre Éminence sur la campagne de dénigrement qui a eu lieu contre le Prophète (r) dans certains pays non-musulmans. Que pensez-vous, Votre Éminence, de cet évènement, qui somme toute, était prévisible ? Ces caricatures ont un lien avec les changements constatés dans le monde, et les attaques qui se multiplient contre l’Islam. Des attaques qui visent à salir son image et celle des musulmans à travers toute la planète.

    En réponse : louange à Allah ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur Son Messager ainsi que sur sa famille et tous ses Compagnons ! Après avoir entendu un exposé résumé des événements de la période mecquoise, vous ne devez pas être étonné de la réaction des héritiers des mécréants aujourd’hui, ces ennemis des prophètes. Ils ne sont pas simplement ennemis de Mohammed (r), mais de tous les envoyés d’Allah, car il suffit d’en renier un seul pour les renier tous en même temps. Allah (I) révèle à ce sujet dans la sourate les femmes : [Ceux qui ne croient pas en Allah et à Ses messagers et qui veulent faire une distinction entre Allah et Ses Messagers en disant : nous croyons à certains et nous renions certains autres. Ils espèrent ainsi avoir trouvé une voie intermédiaire • Ceux-là sont les vrais mécréants, mais nous avons préparé aux mécréants un châtiment ignominieux • Quant à ceux qui croient en Allah et à Ses messagers, ils ne font pas de distinction entre le moindre d’entre eux ; ceux-là, Allah va bientôt leur distribuer leur récompense, Lui qui est clément et miséricordieux].[2]

    En reniant Mohammed (r) de la sorte, et en le prenant en dérision et pour cible, c’est comme s’ils s’étaient attaqués à tous les prophètes, même ceux auxquels ils prétendent donner foi, et qui ne sont autre que Mûsâ (r) et ‘Îsâ (r). Les prophètes ont en effet une seule religion. Démentir ne serait-ce qu’un seul d’entre eux, cela revient à les démentir tous. C'est pourquoi des Versets disent: [Le peuple de Nûh a démenti les envoyés],[3] [Le peuple de ‘Âd a démenti les envoyés],[4] [Le peuple de Thamûd a démenti les envoyés].[5] Pourtant, ils n’ont fait que démentir leur propre prophète, mais c’est comme s’ils avaient traité tous les envoyés d’Allah de menteurs, comme le formule explicitement le Coran.

    Ainsi, en reniant Mohammed (r), ils renient leurs propres prophètes. En se moquant de lui, ils se moquent de tous les leurs, car il suffit d’en dénigrer un seul pour les dénigrer tous. Les messagers sont tous des frères, et ils font partie d’une même lignée ininterrompue. Se moquer d’un seul d’entre eux, c’est comme si on se moquait de tous. C’est la raison pour laquelle, le Prophète (r) a dit : « Il ne convient pas au serviteur que je suis de dire qu’il est meilleur que Yûnas ibn Mattâ. »[6] Pourtant, Mohammed (r) est le sceau des prophètes et le meilleur d’entre eux. Cela ne l’a pas empêché de prononcer ces paroles. Il veut nous dire qu’il n’est pas permis de distinguer entre les prophètes pour se vanter. En revanche, il est possible de le faire si l’intention est d’évoquer les bienfaits qu’Allah accorde à Ses serviteurs, comme dans le Verset suivant : [Tels sont les messagers ; Nous avons placé les uns au dessus des autres].[7] Il n’y a pas de mal à vanter la prépondérance du Messager dans l’intention de remercier le Seigneur et d’évoquer les bienfaits qu’Il nous accorde. Le Prophète (r) lui-même déclare à ce sujet : « Sans prétention, je suis le maitre des fils d’Adam. »[8]

    En revanche, il n’est pas permis de le faire dans l’ambition de dénigrer les autres prophètes, bien qu’il existe des différences entre eux. Cette question est très importante. Il incombe au musulman de bien la connaitre.

    Ainsi, les détracteurs du Prophète (r) ont montré qu’ils reniaient, dénigraient, et qu’ils prenaient en dérision tous les envoyés d’Allah. Ils se sont en effet attaqués au sceau des prophètes, qui est leur Imam et le meilleur d’entre eux.

    Question : quelles sont les vraies références auxquelles le jeune musulman doit revenir à l’occasion de ce genre d’événement ? Nous pouvons constater en effet que certains individus s’érigent en mufti en répondant aux questions des autres, sans se référer aux savants, qu’Allah vous comble de Ses bienfaits !

    En réponse : ce que nous pouvons recommander aux jeunes, c’est de craindre Allah (U). Nous leur recommandons d’étudier les sciences utiles auprès des savants qui sont connus ; soit à travers un cursus académique, soit à la mosquée où des cours sont donnés. Ils doivent se tourner vers la bonne méthode dans le but de savoir comment se comporter face aux événements qu’ils rencontrent. Cela leur permettra également de s’enquérir des devoirs qu’ils ont envers leurs responsables de l’autorité, leur communauté et leurs frères en général. C’est la recommandation que nous pouvons leur faire.

    Ils doivent prendre les sciences utiles entre les mains des savants, avant de prendre la parole. Il n’est pas pertinent de parler des questions scientifiques quand on est ignorant. Même dans la situation où quelqu’un possède une certaine connaissance, il ne doit pas ouvrir certains sujets qui pourraient nuire, conformément à la règle du moindre mal (dar-u el mafsada).

    Un jour, Mu’âdh demanda au Prophète (r) : « Ne dois-je pas informé les gens qu’Allah ne châtiera pas celui qui meurt sans ne Lui avoir associé quoi que ce soit ?
    Non, répondit-il, sinon, ils vont se reposer dessus. »[9]

    Il est ainsi permis de parfois cacher certains enseignements pendant une période déterminée, dans la situation où leur divulgation engendrerait des inconvénients. C’est ce que réclame la sagesse. Nous recommandons donc aux jeunes de ne pas se précipiter à propager les choses qu’ils ont apprises, si celles-ci risquent d’être mal comprises par certains. Dans ce cas, il vaut mieux attendre une situation plus propice pour le faire.

    Question : certains textos qui circulent sur les portables encouragent à imprimer des livres sur la biographie du Prophète (r) en danois. Ils proposent même un numéro de compte dans une banque pour ceux qui voudraient y participer. Mais, le problème, c’est que l’auteur de ce texto est anonyme. Quels conseils pourriez-vous donner dans pareille situation ?

    En réponse : il ne faut pas tenir compte des messages qu’on reçoit sur les portables, dans la mesure où on n’en connait pas l’auteur. La tâche d’imprimer des livres en danois ou dans n’importe quelle autre langue revient au Ministère des Affaires religieuses de la Prédication et de l’Orientation. Ce genre d’initiative relève de ses compétences. Il incombe d’emprunter des voies officielles et de notoriété publique et de ne pas déléguer ce genre de projet à n’importe qui.

    Question : qu’Allah vous comble de Ses bienfaits, Votre Éminence, qu’Il vous bénisse et qu’Il fasse profiter de votre savoir aux gens ! Quelqu’un s’interroge au sujet de trois conceptions erronées (shubha), car il ne peut vous échapper qu’à travers toutes les époques, les dissidents véhiculent dans les rangs des conceptions erronées.
    La première prétend que les traditionalistes ont supprimé le djihad.
    La deuxième dit que les wahhabites n’aiment pas le Prophète (r).
    Et selon la troisième, la lajna dâima (le Conseil Permanent de la fatwa ndt.) n’a émis aucun communiqué sur le boycott au moment où le besoin d’avoir leur fatwa n’a jamais été aussi grand qu’aujourd’hui. Quels commentaires pouvez-vous faire sur ces conceptions erronées ?

    En réponse : concernant la première shubha, nous pouvons répondre que les traditionalistes n’ont jamais supprimé le djihad. Il va sans dire que le djihad est soumis à des étapes. Dans la situation où les musulmans ne sont pas suffisamment forts, ils doivent d’un côté repousser son échéance jusqu’au jour où les conditions et les moyens le permettent. D’un autre côté, les commandes du djihad reviennent au gouverneur ou à son suppléant. Cette initiative relève donc de ses compétences. Sinon, ce serait l’anarchie dans les rangs des musulmans, et nous aurons droit ainsi à la propagation de troubles.

    Vous connaissez très bien la situation de certains pays instables, et pour lesquels on avait annoncé le djihad. Certains groupes et certaines tendances avaient pris les choses en mains. Quels furent les résultats ? Ces actions ont fini dans l’échec et l’humiliation, étant donné qu’elles n’étaient pas coordonnées ni soumises à une autorité unique.

    Pour la deuxième shubha, celle-ci est liée à la prédication du Sheïkh Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb – qu’Allah lui fasse miséricorde –. Nous disons donc :

    Premièrement : sa prédication ne porte nullement le nom de wahhabite, mais cette appellation fut attribuée par les ennemis du Sheïkh Mohammed. Il est entré dans l’usage comme pour le surnom de la secte jahmiya qui fait allusion à son fondateur. Or, contrairement aux jahmites et aux mu’tazilites, Sheïkh Mohammed n’a rien innové. Il n’a fait que reprendre les enseignements du Messager (r). Il incombe donc de parler de prédication prophétique, car tous ces efforts furent concentrés à revivifier la religion du Prophète (r). Il n’a rien ramené de lui-même – qu’Allah lui fasse miséricorde –, alors il ne convient pas de qualifier son action de prédication wahhabite.

    Deuxièmement : ceux qu’on appelle wahhabites, vouent un grand amour au Prophète (r). C’est la raison pour laquelle leur prédication bénite invite à se conformer à sa Tradition, et enjoint de prier sur lui et de le saluer ; tout comme elle commande de le suivre scrupuleusement et de se soumettre à ses enseignements. En parallèle, elle condamne les innovations et les choses inventées dans la religion. Elle ne fait que suivre les recommandations de ce dernier ordonnant de revenir à sa sunna. Il ne suffit pas de prétendre l’aimer, mais il faut le prouver dans les actes en se soumettant à sa tradition. C’est la meilleure preuve d’amour qui soit. Il ne faut pas se fier aux revendications mensongères de ceux qui suivent leurs passions et des mauvais prêcheurs ; ils prétendent l’aimer alors qu’ils ne sont pas fidèles à sa tradition. Les soi-disant wahhabites sont les plus fidèles à la prédication du Prophète (r). Il suffit pour s’en rendre compte de revenir à leurs ouvrages, qui sont publiés et disponibles.

    Quant au silence de la lajna dâima, il faut savoir que cette dernière n’est pas une porte ouverte à tous les événements. Celle-ci intervient uniquement en cas de besoin, ce qui n’est pas le cas pour la présente affaire.

    Question : les gens furent très touchés par les attaques qui furent lancées contre noble Prophète (r). Pour exprimer leurs sentiments, ils ont mis sur leurs voitures des autocollants contenant des Versets et des hadîth, voire certains slogans du genre : « Mon honneur contre ton honneur, ô Messager d’Allah ! » ; « Tout sauf Mohammed ! » ; « Mon cou contre le tien ! » Quelles sont les recommandations en regard de la religion que l’on peut faire face à ce genre de réactions ?

    En réponse : il ne convient pas de coller des Versets, car c’est ainsi leur faire outrage et leur manquer de considération. Quant aux slogans du genre : « Je me sacrifie pour toi ! » ou « Mon cou contre le tien ! », la chose est beaucoup plus souple. Hassân (t) attaquait les païens à travers des vers comme :

    Je mets mon père, plus mon grand-père, plus mon honneur
    Pour défendre contre vous l’honneur d’Ahmed

    Et le Messager (r) ne le lui a pas reproché. Il n’y a pas de mal à exprimer ses sentiments pour le Prophète (r), et à le défendre à travers ce genre de formules. En revanche, il n’est pas convenable de mettre des Versets du Coran sur le pare-brise de sa voiture, ou sur des murs, car c’est une forme d’outrage au Coran.

    Question : au cours de cette campagne de dénigrement, certaines voix se faisaient entendre pour dire qu’il fallait respecter les religions juive et chrétienne, en sachant que, comme vous l’avez souligné, ces deux religions sont falsifiées et furent abrogées par le Coran ?

    En réponse : nous respectons la religion originelle, qui est celle de Mûsâ (u), et nous respectons Son Livre, la Thora. Nous respectons la religion de tous les prophètes, mais cela n’est pas le cas pour les religions falsifiées, transformées, et abrogées. Celles-ci ne sont plus des religions célestes. La religion originelle est, quant à elle, authentique et provient d’Allah (Y). Nous tenons en grand honneur la religion de Mûsâ (u) et de ‘Îsâ (u).
    Allah (I) révèle : [Dites : Nous avons cru en Allah, aux enseignements qui nous furent révélés, à ceux qui furent révélés à Ibrâhîm, Ismâ’îl, Ishâq, Ya’qûb, et aux tributs d’Israël ; comme nous croyons à ceux que reçurent Mûsâ et ‘Îsâ, et ceux que reçurent les prophètes de Leur Seigneur].[10] La foi est composée de six piliers ; la foi en Allah, aux anges, aux Livres, aux messagers, et au destin. Cependant, nous ne donnons aucune considération aux religions falsifiées et transformées.

    Or, nous ne nous contentons pas de défendre Mohammed (r). Par Allah ! Si quelqu’un osait dénigrer Jésus (u), nous aurions la même réaction, et, Par Allah ! Si quelqu’un osait dénigrer Moïse (u), nous aurions la même réaction. Nous ne faisons aucune différence entre eux. De ce côté-là, notre Prophète (r) n’a rien de particulier, mais nous devons défendre indistinctement tous les envoyés d’Allah ; nous les honorons et croyons en eux – que les Prières et le Salut d’Allah soient sur eux –.

    Question : certains profitent de cette affaire de caricatures pour contester les États musulmans en place et leurs leaders. C’est l’occasion pour monter le peuple contre eux, surtout dans les pays où il n’y a pas eu de réaction officielle sur cet événement. Comment faut-il réagir face à ce phénomène ?

    En réponse : si certains musulmans se chargent de répondre à ces attaques, ils le font au nom de tous les autres, car la nation est soudée comme une seule main, qu’Allah soit loué ! Tout le monde est concerné par l’initiative d’un groupe parmi eux, qu’Allah soit loué ! Personne ne s’est opposé à cette initiative, et si quelqu’un l’avait fait, nous lui aurions fait savoir que son opposition n’est pas légitime. Or, ce n’est pas le cas. Celui signifie que tous les musulmans sont consentants et solidaires comme une seule main. Ceux qui affichent leur mécontentement, ils le font pour tout le monde.

    Question : une question qui nous vient de France nous dit : qu’Allah vous comble de ses bienfaits ! Comment le Prophète (r) se comportait-ils avec ceux qui prenaient la religion en dérision lors de la période mecquoise ? Et comment peut-on conjuguer entre le fait de devoir se désolidariser des infidèles et en même temps, de souhaiter qu’ils soient guidés et de ne pas leur faire subir d’injustice ?

    En réponse : il n’y a pas de contradiction entre ces deux sentiments, pour qu’on puisse parler de conjuguer entre eux. Nous n’aimons pas les païens et nous n’aimons pas les mécréants, mais en même temps, nous ne nous permettons pas d’être injustes envers eux sans raison. En outre, il n’est pas pertinent de se venger d’eux dans la situation où cela a pour conséquence de faire tomber sur nous un mal plus grand. Il faut mettre chaque chose à sa place, comme le veut la sagesse.

    Question : comment conjuguer entre le Verset : [Tels sont les messagers ; Nous avons placé les uns au-dessus des autres],[11] et l’autre Verset : [Nous ne distinguons pas entre Ses messagers][12] ?

    En réponse : le dernier Verset veut dire qu’il n’est pas convenable de reconnaitre uniquement certains messages prophétiques aux dépens des autres. « Nous ne distinguons pas » dans le sens où nous ne renions pas certains messagers, mais cela n’empêche pas au même moment qu’il y ait une hiérarchie entre eux. Le Coran l’affirme explicitement. Les messagers – que les Prières et le Salut d’Allah soient sur eux – n’ont pas tous le même degré. Mohammed (r) est le meilleur d’entre eux, puis, il y a l’Ami d’Allah Ibrâhîm, et vient ensuite le reste du cercle des prophètes résolus (ulû el ‘azm) : Nûh, Mûsâ, et ‘Îsâ – qu’Allah prie sur eux tous –. Ces derniers représentent l’élite des prophètes. Ne pas faire de distinction entre eux consiste à ne renier aucun d’entre eux.

    Je voudrais que vous compreniez les choses telles qu’elles sont, et avant de dire que les textes se contredisent, il faut bien méditer dessus et bien les comprendre.

    Question : nous aimerions que Votre Éminence nous cite plusieurs façons pour les gens simples de défendre leur religion et leur Prophète Mohammed !

    En réponse : nous disons simplement que les gens simples doivent suivre et imiter les savants qui sont plus à même de percevoir ce qui est bon et ce qui n’est pas bon de faire.

    À suivre…

    Par : Karim Zentici
    http://mizab.over-blog.com/
    http://www.mizab.org/


    [1] Rapporté par el muatta (2/745), Ahmed (2865), ibn Mâja (2341), selon ibn ‘Abbâs – qu’Allah les agrée son père et lui –.
    [2] Les femmes ; 150-152
    [3] Les poètes ; 105
    [4] Les poètes ; 123
    [5] Les poètes ; 141
    [6] Rapporté par el Bukhârî (3355) et Muslim (2377), selon ibn ‘Abbâs – qu’Allah les agrée son père et lui –.
    [7] La vache ; 253
    [8] Rapporté par Ahmed (10987), ibn Mâja (4308), et e-Tirmidhî (3615), selon Abû Sa’îd el Khudrî (t).
    [9] Rapporté par el Bukhârî (2856) et Muslim (30).
    [10] La vache ; 136
    [11] La vache ; 253
    [12] La vache ; 258

  • #2




    Fatwas de savants d’Arabie Saoudite sur les caricatures
    (Partie 2)

    Sheïkh Sâlih ibn Mohammed e-Luhaïdân
    Membre de l’Ordre des Grands Savants d’Arabie saoudite
    et du Comité Permanent de la Fatwa

    Question : j’ai reçu sur mon téléphone portable un texto dans lequel un homme qui se fait appeler ‘Abd Allah prétend : j’ai vu en rêve que Mohammed me demandait de passer le salâm aux gens. Il incombe donc à tous ceux qui lisent ce message de le distribuer et d’attendre quatre jours. Au bout de ce délai, on entendra une grande nouvelle, etc. Quelle est la crédibilité de ce genre de message ? Et quels conseils pouvez-vous nous donner à ce sujet ? Qu’Allah vous bénisse !

    En réponse : cette lettre est mensongère, et celui qui la rapporte est un menteur. Celle-ci n’est pas nouvelle. Elle est connue depuis le début du quatorzième siècle hégirien, soit depuis plus de cent ans. Elle refait surface de temps à autre. Son auteur prétend qu’il est le Sheïkh Ahmed, le détenteur des clefs des appartements du Prophète (r). Or, ces fameux appartements n’ont aucune clef, qui serait tenue par un soi-disant Sheïkh. Les savants se sont chargés de réfuter ce genre de légende, qui fut notamment appuyée par un homme dans la revue nûr el islâm ; revue, qui s’étant développé, est devenue par la suite, majallat el azhar.

    Ces légendes n’ont pas échappé à la vigilance des érudits actuels et plus anciens. Il y a même des savants du Royaume d’Arabie Saoudite l’ayant démentie, depuis de longues années. Cependant, cela ne l’empêche pas de régulièrement refaire surface, soit en général tous les ans ; son contenu est un mensonge grotesque. Il n’est pas permis aux gens de lui donner crédit et d’espérer une quelconque récompense en suivant ses recommandations à la lettre.

    Question : Votre Éminence ! Quelles sont les recommandations que vous pouvez donner à l’occasion de la campagne de dénigrement et de dérision que subit notre Prophète élu (r) ? Quels conseils pouvez-vous nous donner au sujet du boycott qui fut lancé en réponse, et notamment du boycott alimentaire ? Qu’Allah vous bénisse !

    En réponse : Notre Seigneur (Y) nous a élargi les opportunités et diversifié les moyens que nous avons entre les mains pour répondre à nos besoins. Notre pays est capable, grâce à Dieu, de remplir la plupart de nos besoins. Nous devons, avec l’aide d’Allah, valoriser notre religion face à ceux qui lui portent atteinte. Nous devons exprimer notre colère à celui qui touche à la personne de notre Prophète Mohammed (r). Tout individu sain d’esprit qui dénigre ou qui se moque de lui mérite la mort, et aucune amnistie ne peut lui être accordée. Nous ne pouvons en regard des lois terrestres accepter son repentir.

    Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya – qu’Allah lui fasse miséricorde – est l’auteur d’un livre très intéressant, et très important pour notre sujet. Il a pour titre e-sârim el maslûl ‘alâ shâtim e-rasûl. L’auteur y dresse la liste des arguments démontrant le caractère sacré qui enveloppe la personne du Messager (r). Il est certes possible qu’il puisse pardonner directement à celui qui lui fait du tort au cours de sa vie, mais, après sa mort, personne n’est en mesure de le faire à sa place. La seule chose qui est entre nos mains est de venger sa personne. Bien sûr, il y a des conditions pour cela. Il incombe que le coupable vive dans notre société et qu’il soit soumis à nos lois. Auquel cas, son affaire est portée devant les tribunaux compétents et qui émettront la sentence correspondante.[1] Si le coupable ne compte pas parmi nos ressortissants et qu’il n’est pas soumis à nos juridictions, le moindre que nous puissions faire, c’est d’exercer sur lui des pressions, en sachant que les sanctions économiques et financières sont devenues aujourd’hui des armes redoutables et imparables. Les initiatives individuelles, et au niveau des entreprises commerciales et des grandes sociétés représentent un poids. Toute campagne de boycott lancée contre un pays qui porte intentionnellement atteinte au Messager d’Allah (r) est une façon de le défendre et d’exprimer notre zèle envers lui. Au demeurant, ce genre d’initiative doit être étudié minutieusement et avec perspicacité.

    Le moindre que nous puissions faire, c’est de boycotter les denrées alimentaires, qui sont l’un des secteurs les moins couteux. Qu’est-ce que nous perdrions à boycotter un État, qui affiche sans gêne son animosité contre notre Prophète (r), sous le couvert de la liberté d’expression ? Nous ne contestons nullement qu’ils soient libres, et ne cherchons encore moins à bafouer leur liberté, car de toute façon nous n’en avons pas les moyens. Cependant, nous sommes en mesure d’interdire les importations venant de ce pays. Toute initiative allant dans ce sens est considérée comme une bonne action, par la Volonté d’Allah ! Je ne dis pas qu’il faut gaspiller les marchandises que nous avons déjà achetées et qui sont déjà en notre possession. Nous devons les utiliser comme n’importe quelles autres marchandises.

    Le Prophète (r) nous a orienté dans ce domaine en disant à travers un hadîth « Il est interdit de rapporter les on-dit, de multiplier les questions, de gaspiller son argent, de demander et de priver sans raison, et d’enterrer les filles vivantes. »[2] Nous pouvons aisément nous passer de ce genre de denrées alimentaires. Dans le passé, nous ne connaissions pas ce genre de produits laitiers et nous n’importions pas de denrées alimentaires. Nous nous contentions de nos richesses intérieures, que nous pouvions même éventuellement exporter. Aujourd’hui, qu’Allah soit loué, notre situation s’est considérablement améliorée.

    Question qui nous vient du Koweït : c’est une lettre écrite par le Sheïkh Hamûd e-Sabbâh et Sheïkh D. Hamd el ‘Irfân, et dans laquelle il est dit :

    Louange à Allah, le Seigneur de l’Univers ! Qu’Allah vous récompense, Votre Éminence, pour vos précieux conseils et votre conférence ! Nous demandons à Votre Éminence, à travers un conseil, d’orienter les réactions passionnelles qui se sont déclenchées à la suite des attaques lancées contre notre Messager (r) ; le but, c’est que celles-ci soient productives et qu’elles aient pour fruit de défendre notre religion.

    En réponse : le conseil que je peux donner à tout musulman, c’est qu’il ne sert à rien d’exprimer notre mécontentement à travers des réactions collectives impulsives et des manifestations populaires. Ce genre de rassemblements n’avaient pas lieu à l’époque des pieux prédécesseurs : ni au temps des Compagnons ni à celui de leurs successeurs (tâbi’în) et des générations suivantes. Or, nous sommes une communauté qui marche sur les traces de ses ancêtres. Nos faits et gestes et les relations que nous avons avec les autres, qu’ils soient des ennemis ou non, doivent s’inspirer des mœurs islamiques. Notre colère suscitée par la campagne de dénigrement contre notre Prophète (r) est certes une bonne action qui incombe à chacun à son niveau, mais il incombe en même temps de rester modéré, et de réagir avec sagesse et perspicacité.

    L’amour du Prophète (r) et le zèle que nous avons envers lui à l’encontre de ses ennemis – qui sont idiots et insignifiants – ne doivent pas nous empêcher de garder le meilleur comportement qui soit. Cela doit se retrouver dans nos manifestations à nous. Allah s’adresse à Son Prophète en ces termes : [Dis : Voici mon chemin, j’appelle à Allah avec clairvoyance, moi et ceux qui me suivent],[3] (Appelle au chemin de Ton Seigneur avec sagesse et le bon sermon, et polémique avec eux de la meilleure manière),[4] (Si tu avais été rude et avait eu le cœur dur, ils se seraient détournés de toi).[5]
    Les Compagnons témoignaient qu’ils n’avaient jamais vu meilleur enseignement, ni meilleur comportement ni vocabulaire plus décent que venant du Prophète (r). Le musulman doit donc veiller à le suivre convenablement, tout en ressentant de la colère contre celui qui s’attaque à sa personne.

    Sheïkh Dr. Ahmed ibn ‘Alî el Mubârakî
    Membre de l’Ordre des Grands Savants d’Arabie saoudite
    et du Comité permanent de la Fatwa.

    Question : voici une question qui nous vient du Maroc : il y a des gens qui ne font pas la prière et qui pratique l’intérêt, mais qui prennent ardemment la défense du Messager d’Allah (r) ; en sont-ils récompensés ?

    En réponse : une personne d’origine musulmane, même désobéissante, n’accepte pas qu’on s’en prenne au Prophète (r), indépendamment du fait qu’elle pratique l’intérêt ou qu’elle ne fasse pas la prière. Quoique délaisser la prière soit un acte d’apostasie si elle persiste à ne pas la faire. Cependant, ce zèle envers Mohammed est ancré dans le cœur des personnes de culture musulmane. C’est de bon augure ! J’implore Allah (I) de la ramener sur le droit chemin, car Il est Seul à même de le faire !
    Quant à savoir si elle mérite la récompense, je dis qu’Allah Seul le sait. Je n’ai pas en main les arguments pouvant me faire dire qu’elle mérite ou non d’être récompensée. Celle-ci ne fait pas la prière en effet, mais nous pouvons dire que sa réaction révèle qu’elle a encore du bien en elle. J’espère qu’Allah va la guider !

    Sachez mes frères, que les cœurs des créatures tiennent entre les deux Doigts du Créateur ; Il peut les changer comme Il veut. Il ne faut pas être imbu de ses œuvres ni désespérer de la miséricorde d’Allah (I). Gardez toujours en tête l’invocation du Prophète (r) : « Ô Celui qui change les cœurs, maintiens mon cœur dans Ta religion ! »[6] Il consacrait cette invocation pour lui-même, alors que devrions-nous dire nous autres, les pauvres que nous sommes !

    Question : nous aimerions que vous nous donniez quelques noms d’ouvrages qui énumèrent en détail les droits du Prophète (r).

    En réponse : e-shifâ bi ta’rîf huqûq el mustafâ du Qâdhî ‘Iyâdh est le meilleur ouvrage, mais aussi le plus complet, écrit sur le sujet. Il y a également e-sârim el maslûl ‘alâ shâtim e-rasûl de Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya, madârij e-sâlikîn baïna manâzil iyyâk na’bud wa iyyâk nasta’în d’ibn el Qaïyim, huqûq el mustafâ baïna el ijlâl wa el ikhlâl, etc. Il existe de nombreux livres sur le sujet. Mais la source est le Coran et la sunna. Il suffit de répertorier sur internet les Versets qui parlent de notre Prophète (r) pour se rendre compte qu’ils sont très nombreux. Il restera juste à les ordonner et de voir ce que les différents exégètes disent à leur sujet. Ce n’est pas les exemples qui manquent. Il suffit de savoir qu’il existe un consensus des anciennes et des nouvelles générations sur la question.


    Sheïkh Sa’d ibn Nâsir e-Shathrî
    Membre de l’Ordre des Grands Savants d’Arabie saoudite
    et du Comité permanent de la Fatwa.

    Question : cette campagne contre le Messager (r) nous fait ressentir le besoin pressant de mettre en valeur ses mérites (r). La question est de savoir quels sont les moyens permettant de cultiver l’amour du Prophète ?

    En réponse : l’amour du Prophète (r) est un acte de dévotion par lequel les croyants se rapprochent d’Allah. Le Prophète (r) met en lumière que le croyant ne peut goûter à la saveur de la foi tant qu’Allah et Son Messager ne soient pas plus aimés à ses yeux que tout au monde.[7] Il a dit également : « Nul ne peut prétendre à la foi jusqu’à ce que je sois plus cher à ses yeux que son fils, son père, et tous les autres gens. »[8] Nous l’aimons plus que nos propres personnes, et nous le faisons par dévotion envers Allah (Y). Cet amour réclame un certain nombre de choses :

    Premièrement : lui obéir comme le révèle les Versets: [Ce que le Messager vous amène, prenez-le et ce qu’il vous interdit, renoncez-y],[9] (Celui qui se rebelle contre Sa Loi n’est pas à l’abri de subir une tentation ou un châtiment terrible).[10]

    Deuxièmement : suivre (r) sa tradition. Allah (I) révèle : [Vous avez en la personne du Messager d’Allah un bon exemple, pour celui qui aspire à la rencontre d’Allah et au Jour dernier],[11] [Dis : si vous aimez vraiment Allah, alors suivez-moi donc, Allah vous aimera].[12]

    Troisièmement : donner foi à ses enseignements.

    Quatrièmement : nous devons en faire un intermédiaire entre nous et Allah, dans le sens où nous devons seulement adorer Allah par l’intermédiaire de ses enseignements. Le Prophète (r) explique : « toute innovation qui ne fait pas partie de notre ordre sera refusée. »[13] Il n’est pas permis d’avancer de nouvelles adorations que le Prophète (r) n’a pas faites.

    Cinquièmement : ne pas l’élever au-dessus de sa vraie condition, conformément à ses paroles disant : « Ne m’encenser pas comme le font les chrétiens avec ibn Mariam. Je ne suis qu’un simple serviteur, alors dites que je suis le serviteur d’Allah et Son Messager. »[14] Il ne convient de lui vouer aucun acte d’adoration. Nous ne disons pas qu’il est le fils d’Allah. Comme nous ne disons pas qu’il intervient dans l’agencement de l’Univers ou qu’il est à même d’intercéder en faveur des créatures sans passer par l’autorisation d’Allah. Il jouira certes du mérite d’intercession en faveur des croyants, mais celle-ci sera soumise à l’agrément d’Allah. C’est ce que réclame un amour véritable. Il ne s’agit pas de prétendre l’aimer tout en lui désobéissant, ou en lui attribuant un degré qu’Allah ne lui a pas donné ! Ce n’est pas de cette façon qu’on exprime ses sentiments envers lui, même si on est convaincu du contraire.

    Question : quels sont les critères qui délimitent la liberté individuelle ?

    En réponse : la Législation musulmane tient compte de la liberté individuelle, mais celle-ci est soumise à des critères. Notamment, il ne faut pas porter atteinte à autrui. Nous devons empêcher que quelqu’un fasse du mal aux autres ou qu’il se fasse du mal à lui-même. Un hadîth que rapporte Mâlik dans son recueil el muatta fait dire au Prophète (r), selon ‘Amr ibn Yahyâ el Mâzinî, selon son père : « Il ne faut ni recevoir ni faire de préjudice. »[15] Notre religion interdit qu’on sème le désordre sur terre. Personne n’a le droit de dire qu’il est permis de semer le désordre à sa guise. L’un des critères de la liberté individuelle, c’est de ni commettre de péchés ni de les afficher ouvertement. Telles sont les limites de la liberté individuelle. Il en existe d’autres que recensent le Coran et la sunna. Nous n’avons pas le temps ici de les évoquer en détail, mais nous soulignons qu’elles sont toutes établies dans l’intérêt des hommes.

    À suivre…

    Par : Karim Zentici
    http://mizab.over-blog.com/
    http://www.mizab.org/


    [1] C’est à la lumière de cette explication que nous devons comprendre l’histoire qui relate l’assassinat d’Abû Râfi’ ‘Abd Allah ibn el Huqaïyiq, le juif qui ennuyait le Messager (r) ; il le dénigrait sans arrêt et appelait à son meurtre. Dans son recueil e-sahîh, el Bukhârî immortalise l’évènement. On peut y lire ‘Abd Allah ibn ‘Atîq (t), le tueur volontaire, reconstituer les faits dans leurs moindres détails : « J’entrai dans la maison où il faisait très sombre. Je ne savais pas où il se trouvait, et il était entouré de sa famille. Je criais : « Hé, Abû Râfi’ !
    qui est là, cria-t-il apeuré ? »
    Je me dirigeais en direction de la voix et assenai, perplexe, un grand coup d’épée dans le noir, sans savoir qui je visais réellement. Il cria. Je sortis sur-le-champ, et me tenais non loin de la maison. J’attendis un instant et entrai à nouveau : « Quel est ce bruit Abû Râfi’, hurlais-je ?
    Maudite soit ta mère, lança-t-il d’une voix fulminante ! Il y a un homme dans la maison qui vient à l’instant de me donner un coup d’épée. »
    [Après avoir repéré la voix,] poursuit-il, je lui infligeai une nouvelle blessure, mais sans parvenir à l’achever. Je lui pointais alors mon épée sur le ventre et la fit ressortir de l’autre côté. Là, je sus qu’il était mort. » Rapporté par el Bukhârî (4039).
    Une autre version du hadîth donne de plus amples précisions sur les circonstances de la mise à mort. Selon ‘Abd Allah ibn Ka’b ibn Mâlik, les protagonistes grimpèrent dans l’une des chambres où il se trouvait. Sa femme, qui les avait sentis, signala leur présence en poussant un cri. Ils avaient reçu pour consigne par le sceau des Prophètes (r) de ne tuer ni femme ni enfant. Un homme du groupe voulut la frapper de son glaive, mais retint son bras quand il se rappela les consignes. Ils se jetèrent comme un seul homme sur la cible qu’ils transpercèrent de leurs lames. ‘Abd Allah ibn Unaïs lui donna le coup de grâce en lui enfonçant de tout son poids son épée en plein ventre. Rapporté par el Wâqidî dans el maghâzî (1/292-294), ibn Hishâm dans e-sîra (2/275), el Baïhaqî dans dalâil e-nubuwwa (4/34), avec une chaine narrative jugée « bonne ».
    Sheïkh el Islâm commente : « Je me suis appuyé sur cette histoire pour dissiper l’allégation erronée selon laquelle l’interdiction du meurtre de femmes viendrait abroger la loi qui aurait été en vigueur avant la conquête de La Mecque. Il va sans dire qu’aux yeux des savants, une telle pratique n’a jamais été autorisée. Si on regarde la chronologie et la teneur des textes sur la guerre, nous nous rendrons compte de la véracité de ce propos.
    Aucun assaillant n’eut en tête de prendre pour esclave les membres du sexe opposé qui se trouvaient cette nuit-là derrière l’enceinte d’ibn el Huqaïyiq. Elles jouissaient encore de tous leurs droits sous la protection des habitants de Khaïbar bien avant la prise des lieux saints. Sans compter qu’au cours de l’opération, l’une des occupantes poussa un cri qui risquait de tout faire échouer. Pourtant, personne ne lui posa la main dessus, car trop tétanisée par la peur, elle était hors d’état de nuire. » E-sârim el maslûl (2/258).
    [2] Rapporté par el Bukhârî (6473) et Muslim (suite au nº 1715), selon el Mughîra ibn Shu’ba (t).
    [3] Yûsaf ; 108
    [4] Les abeilles ; 125
    [5] La famille d’Imrân ; 159
    [6] Rapporté par Ahmed (12107), ibn Mâja (3834), e-Tirmidhî (2140), selon Anas (t).
    [7] Rapporté par el Bukhârî (21), et Muslim (43).
    [8] Rapporté par el Bukhârî (15) et Muslim (44).
    [9] Le rassemblement ; 7
    [10] La lumière ; 63
    [11] Les coalisés ; 21
    [12] La famille d’Imrân ; 31
    [13] Rapporté par el Bukhârî (2697) et Muslim (1718), selon ‘Âisha – qu’Allah l’agrée –.
    [14] Rapporté par el Bukhârî (3445), selon ‘Omar (t).
    [15] Rapporté par el muatta (2/745), Ahmed (2865), ibn Mâja (2341), selon ibn ‘Abbâs – qu’Allah les agrée son père et lui –.

    تعليق


    • #3




      Fatwas de savants d’Arabie Saoudite sur les caricatures
      (Partie 3)

      Sheïkh ‘Abd el ‘Azîz ibn ‘Abd Allah Âl e-Sheïkh
      Le grand Muftî d’Arabie Saoudite

      Question : Quel est le statut concernant celui qui profère des injures contre le Messager d’Allah (r) ou qui porte atteinte à sa noble personne ? Son repentir lui sera-t-il accordé ?

      En réponse : nul doute qu’un individu qui respecte le Messager (r) ne peut en aucun cas proférer des injures contre lui. Le simple fait d’y penser ne peut provenir de quelqu’un ayant la foi la plus infime. Seuls un hypocrite, un apostat, un athée, un Juif ou un chrétien – qu’Allah nous en préserve – peut oser faire une chose pareille. Quant au musulman, en dépit des péchés qu’il puisse avoir, il ne peut blasphémer contre la personne de Mohammed (r) qui représente un don d’Allah offert à Ses créatures. (Allah a fait la faveur aux croyants de leur avoir envoyé un Messager issu des leurs, pour leur réciter Ses Versets et les purifier. Il leur apprend le Livre et la Sagesse, alors qu’auparavant ils étaient dans un égarement manifeste).[1]

      Certains savants prétendent qu’aucun repentir ne peut expier une telle faute qui touche à la personne du Messager d’Allah (r).

      S’il était vivant, il ne tiendrait certainement pas rigueur d’une telle offense, mais après sa mort, il faut la réparer et lui rendre son droit sans accepter le repentir de son auteur. Selon une autre tendance, il faut l’accepter. Quoi qu’il en soit, il est gravissime d’insulter le Prophète ; cela ne peut en tout état de cause provenir d’une personne dont le cœur a goûté à la foi – qu’Allah nous en préserve –.

      Question du Sheïkh D. Mohammed el ‘Uthmân enseignant à l’Université du Koweït : Votre Éminence qu’Allah vous récompense ! Comment pourrions-nous faire en sorte que cette offense envers le Messager d’Allah (r) soit à l’origine de la renaissance islamique ?

      En réponse : Allah (Y) s’adresse à son Prophète (r) suite à la diffamation dont il fut victime : [Ceux qui sont à l’origine de cette diffamation sont un groupe parmi vous. Ne pensez pas que cela soit un mal pour vous, mais c’est plutôt un bien],[2] [Il se peut que vous détestiez une chose dans laquelle Allah met un grand bien].[3] Cette offense venant des caricatures publiées dans certains journaux européens a réveillé quelque chose d’extraordinaire dans le cœur des musulmans. Elle a suscité un certain éveil, la foi, l’attention, l’intérêt, la ferveur et le zèle envers ce Noble Prophète. C’est une bonne chose en soi. Nul doute que les ennemis de l’Islam ne se gênent pas pour insulter le Prophète (r) que ce soit par la parole ou à travers leur silence. S’ils ne l’insultent pas oralement, ils le font dans les gestes puisqu’ils s’opposent à sa religion.[4] Or, cette affaire a créé entre les musulmans une certaine complicité et a renforcé entre eux les liens d’entente, de compassion, de solidarité, d’entraide, et d’union pour une cause commune qui s’incarne dans la défense de cette religion. Cet événement peut très bien in Shâ Allah engendré un éveil dans le cœur des musulmans les invitant ainsi à revenir aux principes de la sunna. La sunna à laquelle il faut se conformer et qu’il faut mettre en pratique. Il incombe en effet d’appliquer les enseignements du Prophète (r) dans notre vie de tous les jours.

      Le but en effet, c’est de les mettre en pratique non d’exprimer uniquement son mécontentement. Il n’est pas suffisant de désapprouver la chose sans que nous revenions à la vérité. Il faut bien comprendre que la religion connaît des ennemis comme Allah nous l’apprend : (Les juifs et les chrétiens ne t’agréeront pas avant que tu te soumettes à leur religion).[5] Vouloir dialoguer ou discuter avec eux est un effort inutile, car leur cœur est comme Allah le décrit : (Ils ont déclenché la haine et l’animosité du bout des lèvres, mais leur poitrine cache pire encore).[6] Nous devons donc suivre et revenir à la Tradition de notre Prophète (r) dans la parole et les actes ; il ne suffit pas de parler, mais il faut le soutenir en le suivant, et en le prenant en exemple.

      Question de son Éminence Sheïkh ‘Abd el ‘Azîz el ‘Anazî membre du service du Prêche et de l’Orientation : Votre Éminence qu’Allah vous comble de Ses bienfaits et qu’Il rende votre savoir prolifique aux musulmans ! Certains messages font le tour des portables ; ils invitent à invoquer conjointement (en groupe) – suite à l’affaire des caricatures – contre les ennemis de l’Islam, cela est-il permis qu’Allah vous comble de Ses bienfaits ?

      En réponse : il faut plutôt inviter les gens à s’attacher à la Tradition et à la mettre en pratique. Nous devons les encourager à imiter leur Prophète (r) dans la façon de prier, de s’habiller, de boire, et de manger. Dans les relations avec les autres, il faut, tout comme lui, être sage, posé, sincère, loyal, porteur du bon conseil. Notre devoir est de prendre sa Tradition comme un mode de vie.

      Question : Votre Éminence ! Quelqu’un se plaint de certaines expressions en vogue du type : Me voici Mohammed ! Ma vie pour sauver la tienne Messager d’Allah ! En s’adressant directement au Prophète (r). Il pense qu’il faudrait les rectifier.

      En réponse : il n’y a aucun intérêt à dire des choses pareilles. L’important, ce sont les actes. Il ne sert à rien de parler. Nous devons défendre la Tradition en la faisant vivre. Comment puis-je dire : Me voici Mohammed ! Alors que je contredis la sunna dans les actes ! Nos principes ne tiennent pas à des paroles, mais il faut améliorer notre situation et remettre nos erreurs en question (en ayant transgressé la sunna), afin de rectifier le tir.

      Question : Quelqu’un demande quelle est l’explication de ce Verset : (Nous te suffisons contre les railleurs)[7] ?

      En réponse : Allah (I) l’a épargné de leur mal et de leurs préjudices ; Il lui a dévoilé qu’ils avaient de mauvaises paroles, c’est pourquoi Il a dit : (Nous te suffisons contre les railleurs • Ceux qui veulent diviser le Coran).[8] Allah le préserve ainsi de leur mal, Il le défend contre eux, et dévoile que leur discours est faux. Allah les a humiliés à la Bataille de Badr où bon nombre de ces fameux railleurs ont péri.

      Sheïkh ‘Abd Allah ibn ‘Abd e-Rahmân el Ghudaïyân
      Membre de l’Ordre des Grands Savants d’Arabie saoudite
      et du Comité permanent de la Fatwa.

      Question : le boycott de certains pays non-musulmans peut-il porter préjudice à notre religion ou à notre vie matérielle ?

      En réponse : l’une des règles de la Législation musulmane consiste à relier les causes aux effets. Les causes représentent les origines, et les effets, les résultats. C’est pourquoi, nous voyons qu’Allah (I) a légiféré la punition corporelle pour le meurtre. La peine de mort est l’effet, et le meurtre volontaire est la cause. Allah (I) révèle à ce sujet : [Dans la loi du talion, vous y trouvez la vie, ô vous les hommes doués de raison !][9] La loi prévoit l’amputation de la main pour les cas de vol ; l’amputation de la main est l’effet, et le vol est la cause. Ainsi, nous pouvons constater en nous penchant sur les textes du Coran et de la sunna que le Législateur relie les causes aux effets.

      Deux procédés se détachent :
      L’un consiste à faire passer les causes avant les effets, et l’autre, le contraire ; soit à faire passer les effets avant les causes. En fonction des cas, l’un passe avant l’autre. Le but, c’est de relier les causes aux effets. Ainsi, le boycott qui est prôné aujourd’hui est un effet ; la cause étant la campagne de dénigrement lancée contre la personne du Messager (r). Tout le monde connait l’histoire où Jibrîl (u) se présenta à ce dernier sous la forme d’un bédouin. Là où nous voulons en venir, c’est qu’il le questionna au sujet de l’excellence, puis de la foi. La réponse fut pour ce dernier point : « C’est de croire en Allah, Ses anges, Ses Livres, Ses messagers, et au jour du jugement dernier. »[10]

      Croire au Prophète (r) est donc l’un des piliers de la foi, et cette campagne transgresse ce pilier. La cause est effective, et le boycott tient lieu d’effet. Par rapport à ce que nous venons de voir il y a peu, d’un côté, la cause est constatée dans un État, et d’un autre côté, celui-ci ne la condamne pas. Nous avons vu précédemment que le simple fait de s’abstenir de ses devoirs est une faute en soi.

      Question : dans certains pays, il y a des imams qui consacrent l’invocation du qunût pendant la prière du fajr. C’est l’occasion pour invoquer contre ceux qui se sont attaqués au Prophète (r). Est-il légiféré de réserver des invocations au cours de la prière dans le but de défendre notre Prophète (r) ?

      En réponse : il faut distinguer entre les événements personnels et les événements collectifs. Si chacun est responsable de ses propres affaires, il incombe de revenir aux personnes compétentes pour les affaires collectives de ce genre. Ces dernières vont décider s’il faut lui réserver un qunût. Ce genre de décision n’incombe pas à n’importe qui.

      Question : nous recevons de nombreux texto encourageant à imprimer certains livres dans la langue de ceux qui ont porté atteinte au Messager (r). Ceux-ci proposent un numéro de compte en banque pour recevoir les dons. En sachant que ces messages sont anonymes, quel conseil pouvez-vous donner à ce sujet ?

      En réponse : certains voleurs aiment pêcher en eau trouble. C’est sûrement à ce genre d’individus auquel nous avons affaire. Il incombe de ne pas jeter son argent par les fenêtres, et de ne le mettre que dans les causes pour lesquelles on est sûr du résultat.

      Question : de quelle façon pouvons-nous actuellement défendre notre Prophète Mohammed (r) ?

      En réponse : le Messager a dit : « Celui qui voit un mal doit s’y opposer avec la main, et s’il ne peut le faire, alors avec la langue, et s’il ne peut le faire, alors avec le cœur. »[11] Chacun doit défendre le Prophète (r) en fonction de ses capacités.

      À suivre…

      Par : Karim Zentici
      http://mizab.over-blog.com/
      http://www.mizab.org/


      [1] La famille d’Imrân ; 164
      [2] La lumière ; 11
      [3] Les femmes ; 19
      [4] Au début du 12ème siècle, commence à se répandre en Occident des poèmes et chroniques portant sur la ‘’biographie’’ de Mahomet. Les attaques portent plus sur le ‘’personnage Mahomet’’ que sur les musulmans eux-mêmes, et s’attardent sur les points suivants : les portraits soulignent la déficience physique et mentale d’un homme victime de crises épileptiques ; ils critiquent la licence de sa vie privée que l’idéal coranique d’un paradis rempli de jouissances charnelles confirmerait ; la vision prophétique est contestée au profit de celle d’un chamelier ignorant devenu jouet de juifs et de chrétiens hérétiques, nestoriens, jacobites, ou ariens (…)
      Deux siècles plus tôt, les motifs des églises romaines associent le thème de l’Apocalypse au combat des forces du Bien contre les forces du Mal représentées par l’Islam (…)
      Géopolitique constantes et changement dans l’histoire AYMERIC CHAUPRADE p. 452, 453.
      Philippe Sénac a étudié les représentations iconographiques de l’Islam en Occident et en tire plusieurs conclusions : le Sarrasin est toujours un guerrier : l’Islam est associé à la violence ; il est toujours laid et hirsute ; l’Islam est aussi associé à l’œuvre du diable. « L’esthétique nous apprend-t-il, se mêle ici à l’affaire : à Angoulême, il se tord de douleur ; à Oloran il grimace ; à Estella, il s’enlaidit davantage : ses traits sont grossiers, ses cheveux hirsutes, ses lèvres épaisses ; à Clermont-Ferrand, comme à Chartres, sur le vitrail de la cathédrale où resplendit l’admirable légende de Charlemagne, les combattants sarrasins ont le nez aquilin, l’œil obscure des rapaces en quelque sorte. L’Islam synonyme de laideur. » P. SENAC, L’image de l’Autre, Histoire de l’Occident médiéval face à l’Islam, Paris Flammarion, 1983, p. 71.
      [5] La vache ; 120
      [6] La famille d’Imrân ; 118
      [7] El hijr ; 95
      [8] El hijr ; 95-96
      [9] La vache ; 179
      [10] Rapporté par el Bukhârî (50), Muslim (9), selon Abû Huraïra (t).
      [11] Rapporté par Muslim (49), selon Abû Sa’îd el Khudrî (t).

      تعليق


      • #4



        Fatwas de savants d’Arabie Saoudite sur les caricatures
        (Partie 4)

        Sheïkh Sâlih ibn ‘Abd Allah ibn Humaïd
        Président du Conseil des sages
        et membre de l’Ordre des Grands Savants d’Arabie saoudite

        Question : votre Éminence pensez-vous que ces caricatures soient le signe qu’il y a des changements rapides dans les relations internationales ?

        En réponse : comme nous l’avons mentionné, il me semble que, par une loi universelle, les prophètes ont depuis toujours été raillés par leurs ennemis. Le Prophète (r) a pendant toute sa vie été éprouvé par des railleries qui peuvent prendre des formes différentes (par des caricatures ou verbales). Il va sans dire que nous ne devons pas garder le silence. Il faut toujours garder à l’esprit qu’Allah nous avait prévenus qu’une telle chose allait arriver tant au cours de sa vie qu’après sa mort. Une chose est sûre, c’est qu’Allah donne toujours la victoire à ses envoyés. C’est une loi universelle qui s’abat contre tous les ennemis des messagers : [C’est ainsi que Nous avons infligé à chaque prophète un ennemi parmi les criminels, mais Allah te suffit comme guide et secoureur].[1]

        Question : les nouvelles annoncent que le journal danois a été fermé. Est-ce que cette mesure est suffisante ?

        En réponse : je pense que pour ce genre de décision il faille revenir aux personnes compétentes. Si nous devions suivre tout le monde, nous ne serions plus où mettre de la tête. Les musulmans – qu’Allah les récompense – réagissent à des degrés différents. Allah a insufflé à l’homme l’esprit de divergence. Certains sont prévisibles et prévoyants, d’autres voient sous un mauvais œil des solutions sur le long terme.
        C’est pourquoi, le mieux, selon moi, c’est de remettre la décision d’accepter des excuses aux institutions islamiques, qui représentent le discours officiel. Si, par exemple, l’organisation du Congrès islamique ou un État musulman prend la décision d’accepter des excuses, il incombe aux musulmans de s’y soumettre. En revanche, si chacun fait comme bon lui semble, c’est l’anarchie. Les uns prennent en considération les ruses de l’ennemi, les autres se concentrent plutôt sur leurs forces, et pensent qu’à long terme, nous serions les perdants dans de nombreux domaines. Chacun a son propre point de vue. Il incombe donc de remettre cette décision entre les mains des responsables musulmans et des organisations islamiques.

        Question : de nombreux jeunes ont des réactions spontanées face aux événements de grande envergure, et s’imaginent qu’ils peuvent prendre les choses en main, ce qui perturbe bon nombre d’entre eux. Qu’en pensez-vous ? Et quels conseils pouvez-vous leur donner, qu’Allah vous couvre de Ses bienfaits ?
        En réponse : je pense avoir évoqué certains critères à respecter au cours de mon discours. Il incombe de contrôler ses émotions, indépendamment du fait qu’elles engendrent d’énormes avantages. L’important, c’est de se maitriser. Le rôle de maitriser les foules revient en grande partie aux savants, qui leur font profiter de leurs orientations. Ils recommandent notamment aux jeunes de les suivre à la lettre. Ne pas en tenir compte est à l’origine de nombreux problèmes dans la communauté. Les gens ne sont plus derrière les savants, et ce divorce a engendré de grands inconvénients. La discipline est de rigueur. Les savants eux-mêmes doivent tenir compte de ce phénomène, et mettre en place des solutions. Les gens, surtout les jeunes, doivent prendre conscience qu’ils doivent s’auto-discipliner.

        Sheïkh ‘Abd Allah ibn Mohammed ibn Khnaïn
        Membre de l’Ordre des Grands Savants d’Arabie saoudite
        et du Comité permanent de la Fatwa.

        Question : il y a une catégorie de gens qui, dès qu’un événement touche le pays, appelle immédiatement à faire des manifestations. Nous aimerions éventuellement une fatwa sur le sujet ?

        En réponse : nul doute que des événements comme la campagne de caricatures au Danemark dirigée contre le Prophète (r) sont très répréhensibles. Néanmoins, la réaction doit être adéquate. Elle doit répondre aux ambitions souhaitées sans que cela ne porte atteinte à la société dans laquelle on vit, à sa propre personne, ou à la cause qu’on défend. Si les manifestations sont des pratiques courantes en Occident, il ne convient pas de les importer dans les pays musulmans. Qui peut maitriser un bain de foule excité, et capable d’actes de vandalisme contre les commerces et les véhicules.
        Il est facile de rassembler les gens, mais il est plus difficile de les contrôler et de les empêcher de commettre des actes de pillage.

        Ainsi, il incombe d’exprimer son mécontentement en prodiguant le bon conseil aux autorités dans les limites prescrites par la religion, et sans que cela ne porte préjudice ni à soi-même ni aux autres ni à la cause que l’on défend. Il n’est pas permis d’organiser des manifestations qui entrainent des inconvénients comme le désordre, les incendies et la dégradation des véhicules et des commerces.

        Sheïkh Mohammed ibn Hasan Âl e-Sheïkh
        Membre de l’Ordre des Grands Savants d’Arabie saoudite
        et du Comité permanent de la Fatwa.

        Ce dernier fit un long discours dont voici un extrait qui parle notamment du mouloud :

        Toutes ces raisons évoquées nous incitent à nous pencher sérieusement sur la vie du Prophète (r). Il ne s’agit pas de le faire un seul jour ou en réaction aux attaques qu’il a subites. Nous ne devons pas être ainsi ! Consacrer un seul jour pour rendre hommage à Mohammed (r) ! Un jour que les gens sont susceptibles d’orner de futilités, de balivernes, et des œuvres que lui-même (r) n’aimerait certainement pas ! Il n’est pas pertinent de faire des choses qu’il (r) n’aime pas ! À ceux qui disaient : « Tu es notre maître et le fils de notre maître », ce dernier (r) répondit : « Ne m’élevez pas en éloge comme l’ont fait les chrétiens avec ‘Isâ le fils de Mariam ; je suis simplement le serviteur d’Allah et Son Messager, alors dites : le serviteur d’Allah et Son Messager. »[2]

        Pourtant, il est bel et bien notre maître, il est même le maître des fils d’Adam. Malgré cela, il a craint que Satan fasse sortir certains gens des limites tolérées pour les entrainer dans les domaines interdits. Pour protéger le domaine de l’unicité et pour parer à tout moyen menant à l’association, il leur a interdit de lui faire des éloges à outrance qui sortent des limites tolérées.

        Non seulement certains musulmans se préoccupent de Mohammed (r) juste une seule nuit, mais ils y font des choses que lui-même ne tolère pas. Il ne l’a d’ailleurs jamais fait vivre ni lui ni ses Compagnons, qui sont pourtant les hommes les plus aimés à ses yeux et vice versa. Ils ne l’ont jamais fait vivre (y) ; ceux-là mêmes qui l’accompagnaient dans ses guerres et qui l’aimaient à tel point qu’ils le préféraient à eux-mêmes. Pourtant, ils n’ont jamais consacré de pratiques comme celles qui ont lieu durant certaines périodes de l’année et que la religion n’a jamais légiféré.

        (Ont-ils des associés qui leur légifèrent de la religion, ce qu’Allah ne leur a pas autorisé).[3] Autrement dit, nous devons suivre Mohammed (r), car Allah (I) nous l’a ordonné à travers les Versets : (Dis : si vous aimez vraiment Allah alors suivez-moi donc ; Allah vous aimera),[4] (et ne suivez pas les sentiers qui vous disperseront de son chemin),[5] (Dis : voici mon chemin sur lequel j’appelle à Allah).[6]

        Son chemin (r) est clair ; il ne permet pas que l’on innove dans la religion, comme le mentionne le hadîth : « Toute chose innovée dans nos enseignements sera refusée. »[7] Quand il parle de « nos enseignements », il fait allusion à des choses qui sont connues et notoires. Le Verset suivant donne encore plus de précision dessus : (Aujourd’hui, Je vous ai parachevé votre religion, Je vous ai parfait de Mes bienfaits et Je vous ai agréé l’Islam comme religion).[8] La religion a été parachevée et elle est complète. Après la mort de Mohammed (r), il n’y a plus de Révélation. Si la Révélation s’est interrompue, qui peut bien avoir légiféré ce rituel que l’on voue à Allah alors que Son Messager (r) ne l’a pas fait. Ce rituel a donc été ajouté à la religion qui semblerait inachevée.

        L’amour légiféré par la Révélation est celui qui permet de se rapprocher d’Allah (I) et qui nous met en valeur. Notre réaction face à la campagne de caricatures ne doit pas être mue par les émotions. Faut-il s’enflammer à chaque nouvel événement et se détourner dès que tout est fini ? Ce genre d’attitude ne peut nous mettre en valeur et ne peut répondre à l’ambition de défendre le Prophète (r) ! Si encore cette ambition était une fin en soi, mais il incombe plutôt à tout musulman d’avoir comme préoccupation dans sa vie de rechercher comment vivait Mohammed (r) afin de mettre ses ordres en pratique et de s’éloigner de ses interdictions. C’est exactement ce qu’Allah nous ordonne en disant : (Les enseignements que le Messager vous a donnés, prenez-les et ce qu’il vous a interdit, renoncez-y).[9]

        C’est cet objectif, ô combien important, que nous devons garder entre les yeux en étudiant la sîra. Il s’agit de suivre et de se conformer à la voie prophétique dans l’espoir d’obtenir l’Agrément d’Allah.[10]


        Par : Karim Zentici
        http://mizab.over-blog.com/
        http://www.mizab.org/



        [1] Le Furqân ; 31
        [2] Rapporté par el Bukhârî (3445), selon ‘Omar ibn el Khattâb (t).
        [3] La concertation ; 21
        [4] La famille d’Imrân ; 31
        [5] Le bétail ; 153
        [6] Yûsaf ; 108
        [7] Rapporté par el Bukhârî (2697) et Muslim (1718), selon ‘Âisha – qu’Allah l’agrée –.
        [8] Le repas céleste ; 3
        [9] Le rassemblement ; 7
        [10] Juste avant, il disait :
        La sîra nous apprend que le Prophète (r) subit des pressions de la part de ses ennemis. Le musulman peut ainsi se rendra compte que ses propres difficultés sont insignifiantes à comparer. Ses ennemis voulurent le faire renoncer à sa mission, en le raillant, en insufflant la suspicion, et en le séquestrant dans les ravins des Banû ‘Âmir. Ils frappèrent le Prophète (r) d’un blocus qu’ils étendirent aux Banû Hâshim et aux Banû Manâf. Leurs détracteurs étaient tellement durs qu’ils les empêchèrent d’amener des provisions, de l’eau, et de la nourriture, ce qui les força à manger les feuilles des arbres.
        Malgré cela, voyez comment réagit Mohammed ibn ‘Abd Allah, le Messager d’Allah (r), – pour qui je donnerais père et mère, et moi-même – le jour de la conquête de La Mecque. Comment se comporta-t-il envers ses oppresseurs ? Les tua-t-il ? Leur fit-il du mal ? Au contraire, quand il entendit Sa’d ibn ‘Ubâda dire une parole qui prenait des allures de vengeance, il lui retira l’étendard pour le remettre à son fils Qaïs ibn Sa’d ibn ‘Ubâda. Le Prophète (r) était une miséricorde qu’Allah offrait aux hommes.

        Il (r) ne se vengeait pas pour son compte, il était plutôt soucieux de guider l’humanité.

        تعليق

        الاعضاء يشاهدون الموضوع حاليا: (0 اعضاء و 0 زوار)
        يعمل...
        X