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Ibn Taïmiya et le khabar el ahad

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  • Ibn Taïmiya et le khabar el ahad

    Ibn Taïmiya et le khabar el ahad
    (Partie 1)


    Louange à Allah le Seigneur de l’univers ! J’atteste qu’il n’y a d’autre dieu (digne d’être adoré) en dehors d’Allah, l’allié des vertueux, et j’atteste que Mohammed est le sceau des prophètes et messagers ! Que les Prières, la Bénédiction et le Salut d’Allah soient sur lui, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !


    Voir : mawqîf ibn Taïmiya min el ashâ’ira qui, à l’origine est une thèse universitaire ès Doctorat du D. ‘Abd e-Rahmân el Mahmûd.
    Et : Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya mohaddithan qui, à l’origine est une thèse universitaire ès Magistère du D. ‘Adnân Shalash.


    Introduction


    Sheïkh el Islâm dissipe un amalgame de taille en soulignant qu’il ne s’agit pas de donner du crédit à toute parole qui nous vient par le biais d’une seule personne. Beaucoup font malheureusement fausse route en donnant de grands coups d’épée dans l’eau, alors que le débat est ailleurs.[1] Personne n’est suffisamment insensé pour avancer que l’information isolée est forcément synonyme de savoir.[2] Ibn el Qaïyim emboite le pas à son Sheïkh en pointant du doigt ceux qui brassent de l’air en faisant la guerre à des fantômes, à grands coups de pavés dans la mare, et qui, pire, imputent cette fausse tendance à l’Imâm Ahmed et qui serait l’un de ses deux avis sur la question.[3]


    La problématique


    Ibn Taïmiya se charge de remettre les pendules à l’heure en cernant le débat en ces termes : le khabar el wâhid peut effectivement signifier le « savoir » à condition qu’il soit agrémenté par des indices le justifiant. C’est le cas par exemple de nombreux énoncés des deux recueils de référence que sont el Bukhârî et Muslim. Ceux-ci sont devenus incontestables soit parce qu’ils sont communément transmis de générations en générations (mutawâtir) soit pour avoir reçu l’aval des musulmans ou, plus précisément, des savants de référence. Ce principe fut validé par la plupart des spécialistes affiliés aux 4 écoles canoniques (dont ses fondateurs, comme nous allons le voir), mais aussi par la plupart des grandes sommités ash’arites comme Abû Ishâq el Isfirâyînî, et ibn Fawark,[4] et, en règle générale par la majeure partie des savants anciens et modernes, comme e-Sarkhasî, el Qâdhî Abû Ya’lâ, e-Nazhzhâm, etc.[5]


    Notre doyen va plus loin en imputant cette tendance aux spécialistes d’usûl el fiqh, hormis quelques modernes, qui, sous influence de certains mutakallimûns avec el Baqillânî à leur tête, ont remis en question ce constat. Ce mouvement contestataire fit des émules dans les milieux savants et toucha des érudits comme Abû el Ma’âlî el Juwaïnî, Abû Hâmid el Ghazâlî, ibn ‘Aqîl, ibn el Jawzî, ibn el Khatîb, el Âmudî, etc.[6]


    Le consensus des anciens


    Tous les anciens s’accordent sur la chose ; ce qui a malheureusement échappé à des modernes, pourtant grands spécialistes en la matière, à l’instar de l’incontournable ibn e-Salâh. Il rejoint certes l’opinion des anciens, mais à la suite de ses propres déductions. D’ailleurs, plusieurs ténors après lui (Nawawî, el ‘Izz ibn ‘Abd e-Salâm), lui en tiendront grief. Sous l’influence des mutakallimûns, ils n’étaient pas plus au courant de l’existence de ce fameux consensus. Ils pensaient qu’ibn e-Salâh allait à l’encontre de la majorité établissant que le khabar el ahad avait valeur de probabilité. Dans le conflit d’idée qui opposa ibn e-Salâh et Nawawî, plusieurs théoriciens des générations plus récentes se rangèrent du côté du premier, et donnèrent raison à ibn Taïmiya qui trancha en sa faveur, même si dans la forme, il manquait de précision. Nous pouvons successivement compter dans les rangs de ses défenseurs, ibn Kathîr, Suyûtî, el Balqînî, ibn Hajar el ‘Asqalânî, el Futûhî. Ibn Taïmiya leur avait ouvert la voie.


    Dans sa thèse, notre Sheïkh damascène s’inspire notamment d’ibn ‘Abd el Barr qui évoqua la divergence sur un point subsidiaire et qui porte sur le degré d’authenticité du khabar el ahad. Si tous les traditionalistes s’entendent à dire que le khabar el ahad fait autorité tant dans le domaine du crédo que dans les lois pratiques, ils ne sont pas tous d’accord pour affirmer que, dénué de tout indice extérieur, il soit fiable à 100 %. Notons que cet aspect du débat est purement formel, car, aux yeux de tous les traditionalistes, l’information isolée sert de base pour établir la croyance et les lois fonctionnelles ; ce qui, dans tous les cas, va à l’encontre des mutakallimûns qui interdisent son utilisation dans le domaine du crédo.


    La position des 4 Imâms


    • Shâfi’î ne conteste pas que le khabar el ahad dans l’absolu n’ait pas le même degré de fiabilité que les textes du Coran ou de la sunna communément transmise. Il ne conteste pas non plus qu’une marge d’erreur, aussi infime soit-elle, peut entourer sa crédibilité, quand celui-ci est dénué de tout indice extérieur. Le problème, c’est d’en déduire que l’Imâm refuse de l’utiliser dans le domaine du crédo. Rien dans son discours ne prête à le dire, bien au contraire !
    • Abû Hanîfa divise l’information prophétique en trois catégories, là où les autres savants la divisent en deux. Cela donne dans l’ordre croissant : le hadîth ahad, mashhûr (notoire), et mutawâtir. À ses yeux, le mashhûr est moins fort que le mutawâtir, mais il n’en n’exprime pas moins la certitude, en sachant que pour les autres écoles, le mashhûr entre dans la catégorie du… khabar el ahad.
    • Ahmed considère également que le khabar el ahad exprime la certitude, même si une version rapportée par el Athram semble dire le contraire, soit qu’il exprime la probabilité. Ibn el Qaïyim jette le doute sur cette version, et de hautes autorités comme ibn Hazm, et Shawkânî démontrent que sa position officielle est celle que nous avons évoquée.
    • Nous pouvons dire la même chose pour Mâlik, soit que deux opinions sont rapportés à son sujet, comme le laisse entendre ibn Taïmiya, dont l’une selon laquelle le hadîth ahad exprime la certitude.[7]


    La position d’ibn e-Salâh


    Or, en réalité, la position d’ibn e-Salâh semble poser problème, car il laisse à penser que seuls les khabar el ahad rapportés par el Bukhârî et Muslim sont authentiques, ou plus précisément indiscutables. Ce même ibn e-Salâh penchait vers l’avis selon lequel le khabar el ahad exprime la probabilité en lui-même. Puis, il opta de manière définitive vers l’avis qui appose globalement son aval sur les textes rapportés par les deux grands recueils de référence, soit ensemble soit chacun de son côté, sauf bien sûr, si on tient compte notamment des critiques de Dâraqutnî qui portent sur un nombre insignifiant de hadîth qui renferment leur œuvre. En réalité, ibn Taïmiya est plus précis quand il émet une condition plus large rendant le khabar el ahad incontestable, comme nous l’avons vu. Il doit, en effet, avoir reçu l’aval des musulmans (talaqthu el umma bi el qabûl), et pas uniquement quand il est rapporté par el Bukhârî et Muslim. Cette opinion est celle de tous les spécialistes en hadîth de la première époque sans exception et qui sont la référence en la matière. Cette restriction fait l’unanimité dans les rangs des traditionalistes, qui ne peuvent s’accorder à tous se tromper.[8]


    À suivre…


    Par : Karim Zentici
    http://mizab.over-blog.com/





    [1] El muswadda (p. 244).

    [2] Sharh el asfahâniya (p. 92).

    [3] Mukhtasar e-sawâ’iq el mursala (2/445).

    [4] Majmû’ el fatâwâ (18/40-41).

    [5] Majmû’ el fatâwâ (18/48-49).

    [6] Muqaddima fî usûl e-tafsîr (p. 67-68).

    [7] Voir : jawâb el i’tirâdhât el misriya (p. 48).

    [8] Majmû’ el fatâwâ (1/256-257).

  • #2
    Ibn Taïmiya et le khabar el ahad
    (Partie 2)


    Quatre grandes tendances se dégagent sur la question


    Primo : Il y a ceux qui disent que le khabar el ahad exprime la probabilité et qu’il est donc interdit de l’utiliser dans le domaine du crédo, même si toutefois il est toléré de l’utiliser pour établir les lois pratiques. Dans cet ensemble, nous avons quelques néo-traditionnistes, et néo-spécialistes en usûl, et bien sûr la plupart des mutakallimûns que comptent notamment les néo-ash’arites. Ces derniers inversent les rôles en imputant leur opinion à la grande majorité des savants, à l’exception d’une poignée infime de traditionnistes d’obédience hanbalite pour la plupart qui, à leurs yeux, se distingueraient de la majorité.


    Secundo : Il y a ceux qui disent que le khabar el ahad exprime la probabilité, mais que cela n’a aucune influence sur son utilisation dans le domaine du crédo, et à fortiori, dans celui des lois pratiques, comme nous l’avons vu plus haut avec ibn ‘Abd el Barr. C’est apparemment l’opinion que partage Nawawî, même s’il était sous l’influence des mutakallimûns. Une version de l’Imâm Ahmed irait également dans ce sens, comme le souligne ibn Taïmiya, même si, en réalité, la chose n’est pas très claire,[1] comme nous l’avons vu avec ibn el Qaïyim qui jette le doute sur celle-ci.


    NB : nous devons distinguer entre la faible probabilité qui relève de la conjecture, et que condamne le Législateur, et la forte probabilité que le Législateur tient compte dans la religion, comme le souligne ibn Taïmiya.[2] En cela, la divergence avec ce groupe est purement formelle. Ailleurs, ibn Taïmiya aborde le sujet sous un autre angle, ce qui rend sa position encore plus obscure. Il dit en substance que la notion de probabilité et de certitude est relative, et qu’elle varie d’une personne à une autre. Il souligne ensuite que nous devons respecter un hadîth qui exprime la probabilité, même s’il n’est pas aussi solide que celui qui exprime la certitude, et même s’il n’est pas à l’abri d’une erreur. Cela n’oblige pas de l’appliquer, mais cela ne l’interdit pas non plus. La preuve, c’est que les savants tolèrent de citer des textes relativement faibles en vue de sermonner les gens, mais sans que cela n’ait aucune répercussion au niveau des lois.[3]


    Tercio : nous avons ceux qui acceptent le khabar el ahad dans le crédo, et s’il exprime le savoir grâce à un indice extérieur, ils passent par différentes voies pour l’établir :


    • Il peut être rapporté par el Bukhârî et Muslim ou par l’un des deux. C’est vraisemblablement l’opinion d’ibn e-Salâh, même si rien ne prête pas à dire dans ses propos qu’il n’adhère pas aux voies suivantes.
    • Il peut avoir reçu l’aval des musulmans sans forcément être rapporté par el Bukhârî et Muslim. Ibn Abî el ‘Izz ramène le consensus des anciens sur la chose. Nombre de savants ayant emprunté cette voie renvoient à la précédente, d’où la confusion qui peut régner sur la position, par exemple, d’ibn e-Salâh.
    • Les hanafites voient dans le hadîth mashhûr un indice de crédibilité qui exprime la certitude, en sachant que, comme nous l’avons vu, pour les autres écoles, le mashhûr entre dans la catégorie du khabar el ahad. Cela n’empêche pas à de nombreux savants, comme ibn Taïmiya à le ranger dans l’ensemble des textes qui ont valeur de « savoir », grâce à des éléments extérieurs.
    • Le hadîth el musalsal qui se transmet de génération en génération, mais sans forcément être mutawâtir. Dans la mesure où les éléments de la chaine narrative sont crédibles, il exprime la certitude.



    Dans cet ensemble, nous avons bien sûr ibn Taïmiya, ibn el Qaïyim, ibn Bâz, el Albânî, el ‘Uthaïmîn, el ‘Abbâd, etc.


    Quarto : nous avons ceux pour qui le khabar el ahad exprime le savoir sans condition, soit sans s’appuyer sur un indice extérieur. Et, bien sûr, ils s’en servent pour établir le crédo et à fortiori pour établir les lois fonctionnelles. Dans cet ensemble, nous avons Dâwûd e-Zhâhirî, ibn Hazm, ibn Taïmiya, ibn el Qaïyim, Mohammed Siddîq Khân, Ahmed Shâkir, l’Albânî, etc. Or, cette catégorie pose en réalité problème, car si on entend par là qu’il est faut de confiner le khabar el ahad incontestable dans les deux recueils de référence, comme l’insinue ibn e-Salâh, nous disons oui, bien qu’il ne soit pas clair sur la chose.


    Néanmoins, si on entend qu’il est incontestable en lui-même sans s’appuyer sur un indice extérieur, nous disons que ce n’est pas exactement la position d’ibn Taïmiya, comme nous l’avons vu. Ce n’est pas non plus celle de son élève ibn el Qaïyim qui reprend mot pour mot son raisonnement, même s’il donne raison à ibn Hazm, car il précise, je cite : « Abû Mohammed a raison en ce qui concerne l’information ayant reçu l’aval des musulmans dans la pensée et dans la pratique, non l’information singulière (gharîb) ne jouissant pas de ce statut. »[4] Cette opinion est encore moins soutenue par l’Albânî comme en témoignent ses audio et ses écrits sur le sujet.


    Or, pour mieux se représenter la chose, nous devons faire une mise au point.


    Mise au point


    En réalité, tout dépend de quelle point de vue on envisage la chose, et tout dépend de ce qu’on entend par « probabilité » comme expliqué plus haut. Par ailleurs, l’information dont nous parlons s’envisage sous quatre angles, comme l’explique ibn Taïmiya, et comme le développe son élève dans e-sawâ’iq el mursala.
    1. Du point de vue des témoins oculaires que sont les Compagnons (el mukhbir).
    2. Du point de vue de l’objet étudié que sont les textes scripturaires de l’Islam qui composent la religion musulmane, Coran et sunna confondus et qui en sont le support (el mukhbar ‘anhu).
    3. Du point de vue du contenu de ce support (el mukhbir bihi).
    4. Du point de vue de vue des acteurs qui transmettent ce support (el mukhbar el muballigh).[5]



    Il va sans dire que quand on discute de la crédibilité de l’information isolée entre traditionalistes, nous parlons sous l’angle du quatrième point de vue, sans ne remettre globalement en question les autres, d’où l’amalgame qui règne sur la chose.


    En outre, même à l’intérieur de ce point de vue, cela dépend des acteurs concernés. Les spécialistes n’ont pas le moindre doute sur le khabar el ahad qu’ils ont analysé, là où pour les non spécialistes la chose est moins évidente. C’est la raison pour laquelle, les savants distinguent entre le savoir élémentaire (‘ilm dharûrî yâqinî) qui touche aux textes du Coran et de la sunna mutawâtir, et le savoir spéculatif (‘ilm nazharî) et qui est le fruit d’une recherche, et qui donc varie d’une personne à une autre, comme c’est le cas pour le khabar el ahad el mujarrad. Ainsi, pour le spécialiste le khabar el ahad exprime la certitude pour l’avoir analysé, et pour le non spécialiste, il exprime la probabilité, car au premier abord, et dans l’absolu, il existe une marge d’erreur même de la part des plus grands narrateurs. Donc tout est relatif, wa bi Allah e-tawfîq !


    Conclusion


    Comme à son habitude, ibn Taïmiya ne donne ni entièrement raison ni entièrement tort aux uns et autres, en dehors des innovateurs qui inventent des règles dans la religion pour faire aller les textes dans leur sens (les anciens n’ont jamais distingué entre la ‘aqidâ et les ahkâm pour juger de la fiabilité d’un texte). Il coupe la poire en deux en optant pour le détail. Il cerne la problématique et dissipe les amalgames, en sachant que ce sujet, en plus d’être épineux, est extrêmement complexe, et que plusieurs zones d’ombre planent encore dessus et mériteraient une plus grande attention, mais le mieux est l’ennemi du bien, ma lâ yudraku kulluhu lâ yutraku julluhu !


    Alors, certes, nul n’est pas à l’abri de l’erreur, en dehors du meilleur des hommes, mais là ou j’ai raison, c’est grâce à Allah, et là où j’ai tort, c’est à cause de moi et de Satan. J’implore le Très-Haut, dans Sa grâce infinie, de m’assister ! Il est, certes, proche de Ses serviteurs et entend leurs prières ! Il est notre seul garant et Il nous suffit amplement !




    Par : Karim Zentici
    http://mizab.over-blog.com/











    [1] Voir : jawâb el i’tirâdhât el misriya (p. 48).

    [2] El muswadda (p. 245).

    [3] Voir : jawâb el i’tirâdhât el misriya (p. 49-50).

    [4] Mukhtasar e-sawâ’iq el mursala (2/487-493).

    [5] Mukhtasar e-sawâ’iq el mursala (2/377-380).

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