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Les muwâzanât

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  • Les muwâzanât






    Les muwâzanât

    (Partie 1)



    « Si tu ne fais qu’évoquer les défauts de ton frère, sans ses qualités, tu auras fait preuve d’injustice envers lui. » » [Ibn sîrîn dans el jâmi’ li ikhtilâf e-râwî wa âdâb e-sâmi’ d’el Khattâbî (2/202).]





    Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !



    Chapitre I : La règle[1]



    Introduction



    Il est établi chez les grandes références parmi les anciens la question de réfuter les erreurs des individus[2] (e-radd ‘alâ el mukhâlif) ; autant les traditionalistes[3] s’étant trompés dans les domaines du figh ou de la ‘aqîda que les innovateurs. Il n’est pas imposé de citer les qualités de la personne réfutée, ou encore de faire la balance entre ses bons et ses mauvais côtés. Allah a, en effet, fait les éloges des croyants sans pour autant avoir cité leurs défauts. Le Prophète (r) a, pour sa part, mis sa communauté en garde contre les innovateurs sans tenir compte de leurs qualités. Ainsi, il (r) peut évoquer le défaut d’un individu sans ne signaler aucune qualité en retour, car son intention est de prodiguer le bon conseil.



    Selon ‘Âichâ – qu’Allah l’agrée –, le Messager (r) récita le Verset : (Il est Celui qui vous a révélé le Livre ; celui-ci contient des versets explicites qui incarnent la mère du Livre ; d’autres sont ambigus. Quant à ceux qui ont le cœur fourbe, ils s’en tiennent à la partie ambiguë pour semer le désordre et pour en faire une mauvaise interprétation).[4] Puis, il expliqua : « Si vous voyez des gens suivre les Versets ambigus, sachez qu’Allah les a dénoncés dans Son Livre ; alors, méfiez-vous d’eux. »[5] Abû Huraïra (t) a dit : « Il y aura à la fin des temps, des gens qui tiendront un discours que vous n’aurez jamais entendu ni vous ni vos pères, alors méfiez-vous d’eux. »[6]

    Il ne peut échapper que les innovateurs ont des qualités. Malgré cela, le Messager d’Allah (r) n’en a pas tenu compte et il ne les a pas évoquées. Il n’a pas dit par exemple : « Vous devriez tirer profit de leurs qualités. »[7]



    Le meilleur des hommes (r) a condamné des personnes en particulier sans prendre la peine d’évoquer leurs bons côtés ; les textes suivants le confirment :



    1- Selon ‘Âicha – qu’Allah l’agrée –, un homme demanda à s’introduire chez le Prophète (t). Après l’avoir vu, ce dernier s’exclama : « Cet homme est vraiment d’une mauvaise compagnie ! »[8]



    El Qurtubî – qu’Allah lui fasse miséricorde – commente : « Ce hadîth exprime l’autorisation de médire sur une personne qui affiche un comportement débauché, pervers, ou tout autre mauvais comportement comme celui d’être injuste dans ses fonctions, ou de prêcher l’innovation… »[9] E-Nawawî souligne pour sa part : « Ce hadîth énonce qu’il faut avoir du tact avec les personnes dont on craint les méfaits ; qu’il est autorisé de médire sur les pervers qui affichent leur mauvais comportement et toute personne en général contre laquelle il faut mettre les gens en garde. »[10]



    2- Lorsque Fâtima bint Qaïs informa le Prophète (r) que Mu’âwiya ibn abî Sufiân et Abû Jahm l’avaient tous deux demandé en mariage, il lui fit savoir : « Quant à Abû Jahm, il ne lâche jamais le bâton de son épaule, tandis que Mu’âwiya est pauvre et ne possède pas d’argent. Épouse plutôt Usâma ibn Zaïd. »[11] Nul doute pourtant que les deux hommes en question possédaient des qualités, mais la situation voulait que le meilleur des hommes (t) n’en dise pas plus.



    3- Selon ‘Âicha – qu’Allah l’agrée –, Hind bint ‘Utba se plaignit au Prophète (t) : « Messager d’Allah ! Abû Sufiân est un homme avare ; comme il ne survient pas correctement à nos besoins à mon fils et à moi, je me sers toute seule dans son argent sans le mettre au courant.

    - Prends dans son argent ce dont tu as besoin pour ton fils et toi, dans les limites du convenable. »[12]



    El Hâfidh ibn Hajar a fait le commentaire suivant : « L’auteur s’est inspiré de ce hadîth pour démontrer qu’il est autorisé de dire sur le dos d’une personne ce qu’il ne lui plait pas d’entendre, dans le cadre d’une fatwa, d’une plainte, etc. Cette situation entre dans les six domaines dans lesquels il est permis d’avoir recours à la médisance. »[13]



    Le Prophète (r) n’a donc pas reproché à cette femme de citer les mauvais côtés dans sa plainte. Il ne lui a pas imposé non plus de faire la liste des qualités de son mari qui n’en manque pas (en sachant qu’il s’agit d’Abû Sufiân).[14]



    La réfutation aux innovateurs



    Sheïkh el Islam ibn Taïmiya – qu’Allah lui fasse miséricorde – mentionne à ce sujet : « Critiquer les rapporteurs de hadîth en toute vérité et les hérésies des innovateurs est une obligation religieuse. » il a dit : « Les opposants comme les chefs de file des innovateurs, les auteurs des opinions ou de pratiques contraires au Coran et à la sunna, il incombe à l’unanimité des musulmans, de dévoiler leur situation à la nation et de les mettre en garde contre eux. On demanda à l’Imam Ahmed : « Vaut-il mieux, à tes yeux, faire la prière la nuit, le jeûne le jour, et des retraites spirituelles ou bien parler sur les innovateurs ?

    - En priant la nuit, en jeûnant le jour, et en se retirant dans les mosquées, on est le seul à en profiter ; tandis qu’en parlant sur les innovateurs, on en fait profiter tous les musulmans. Nul doute que cela vaut mieux ! »



    Il a expliqué que cet intérêt revient à la communauté entière dans le domaine de la religion. Cette initiative est du même ordre que la guerre sur le chemin d’Allah puisqu’elle permet de purifier le chemin d’Allah, Sa religion, et Sa législation. À l’unanimité des savants, il incombe à une partie de la communauté de défendre les musulmans contre les méfaits et la rébellion de ces gens-là. Si Allah ne faisait pas brandir cet étendard pour les affronter, la religion serait directement en péril.



    Les dommages seraient même plus considérables que ceux occasionnés par l’épée des envahisseurs. Lorsque l’ennemi, en effet, s’empare des terres musulmanes, il ne corrompt pas les cœurs et les convictions si ce n’est que par voie de conséquence, tandis que ces gens-là les détériorent d’emblée.»[15]



    Certains critères à respecter concernant aussi bien les groupes que les individus



    Ces critères déterminent quelles catégories de personnes il faut respecter, honorer et auxquelles il n’est pas permis de détériorer l’honneur et quelles catégories il est autorisé de critiquer et d’en dire du mal. La critique devient même obligatoire si le besoin ou l’intérêt se fait ressentir sans pour autant devoir énoncer les qualités de la personne visée.



    A- Qui doit-on honorer ?



    Premièrement : les messagers et les Prophètes.

    Deuxièmement : les Compagnons (y) que les membres de la communauté doivent aimer et respecter.

    Allah leur a consacré les plus beaux éloges dans Son Livre. Il y a évoqué leur rang, leur combat dans lequel ils ont sacrifié leurs biens et leurs vies. Le Messager d’Allah (r) également leur a rendu le plus bel hommage que ce soit dans l’ensemble ou à certains d’entre eux en particulier. Les grandes références de l’Islam se sont penchées sur leurs mérites en consacrant dans ce domaine de multiples ouvrages.



    Le Messager d’Allah (r) a interdit de proférer des insultes contre eux à travers ses dires : « N’insultez pas mes Compagnons, car par Celui qui détient mon âme entre Ses Mains ! Si l’un d’entre vous dépensait l’équivalent de la montagne d’Uhud en or, il n’aurait pas atteint une poignée de l’un d’eux ni même la moitié. »[16] Les traditionalistes les considèrent à leur juste valeur et défendent vigoureusement leur honneur. Ils interdisent, en outre, de s’immiscer dans les querelles qui ont éclaté entre Mu’âwiya et ‘Alî, en comptant le reste des Compagnons qui s’y sont investis. Ils établissent que les deux parties méritent la récompense pour avoir fait l’effort de parvenir à la vérité. Ils ont considéré toute personne qui s’initie à dire du mal d’eux, comme un vulgaire égaré, voire un zindîq.



    Troisièmement : les fidèles successeurs des Compagnons avec à leur tête leurs successeurs directs (les tâbi’ûn). À travers tous les horizons, ces derniers se distinguent pour avoir connu certains Compagnons et pour les avoir pris en modèle à l’exemple des sept fuqahâ (pl. de faqîh ndt.) de Médine. Par la suite, il y a eu les grandes références de hadîth, de figh, et de tafsîr qui étaient dans la lignée des contemporains du Prophète (r) et des tâbi’ûn.



    Ils correspondent notamment à toutes les personnes qui sont conformes à leur voie dans la croyance, dans l’attachement au Coran et à la sunna, dans le refus des innovations, dans la défense de la vérité et de ses partisans jusqu’à ce jour et jusqu’au jour où Allah décrétera la fin du monde. Ils sont ceux que le Messager d’Allah (r) a décrits en ces termes : « Une partie de ma communauté sera toujours maintenue sur la vérité ; ils resteront ainsi jusqu’au jour où viendra l’Ordre d’Allah. »



    En parlant de cette catégorie d’individus, Sheïkh el Islam ibn Taïmiya a dit : « Si l’un d’eux fait une mauvaise interprétation qui somme toute est plausible, il n’est pas permis de l’évoquer en mal et de le critiquer ; si l’on sait qu’Allah lui a pardonné sa faute. Il incombe même au regard de la foi et de la piété qu’il renferme, de l’aimer et de s’allier à lui. Il faut remplir le devoir qu’Allah a imposé envers lui, qui consiste à l’évoquer en bien, à invoquer le pardon en sa faveur, etc. »[17]



    À suivre…






    [1] Voir pour ce chapitre : Kun Salafiyan ‘ala el Jadda de Sheïkh ‘Abd e-Salâm e-Suhaïmî.

    [2] Ce principe est établi chez les traditionalistes. Ils l’insèrent dans le registre du bon conseil. Les Textes du Coran et de la sunna, et le consensus confirment explicitement le principe de réfuter les erreurs commises. Pour plus d’explication, se référer à l’ouvrage très important ayant pour titre : Manhaj ahl e-sunna wa el jamâ’a fî naqd e-rijâl wa e-tawâif de l’érudit Sheïkh Rabî’ ibn Hâdî el Madkhalî – qu’Allah le protège – et l’autre livre également très intéressant du Docteur Bakr Abû Zaïd : e-radd ‘alâ el mukhâlif min usûl el Islâm.

    [3] Néanmoins, si un traditionaliste connu de surcroît pour défendre la sunna commet une erreur dans des questions qui n’entachent pas le dogme, il est possible lors de sa réfutation de mentionner ses bons côtés en sachant que son erreur se noie dans l’immensité de son œuvre. Quant aux égarés, il est intolérable de citer leurs bons côtés… Ces paroles sont du Sheïkh érudit, le Docteur Sâlih ibn Fawzân – qu’Allah le protège –.

    [4] La famille d‘Imrân ; 7

    [5] D’après el Bukhârî et Muslim dans leurs recueils e-sahîh.

    [6] Voir : l’introduction de Muslim.

    [7] Voir : Manhaj ahl e-sunna wa el jamâ’a fî naqd e-rijâl wa e-tawâif (p. 18).

    [8] Rapporté par el Bukharî. Voir : el fath (10/471).

    [9] Fath el Bârî (10/452).

    [10] Voir l’explication d’e-Nawawî de Sahîh Muslim (16/144).

    [11] Sahîh Muslim (2/1114).

    [12] Voir : Fath el Bârî (9/507).

    [13] Fath el Bârî (9/509).

    [14] Voir : Manhaj ahl e-sunna wa el jamâ’a fî naqd e-rijâl wa e-tawâif (20-21).

    [15] Majmû’ el fatâwâ (28/231-232).

    [16] Rapporté par Bukhârî et Muslim.

    [17] Majmû’ el fatâwâ (28/234).


  • #2





    Les muwâzanât

    (Partie 2)



    Il existe trois sortes de divergences dans la religion : primo : dans le domaine de la reconnaissance du Créateur, et le renier relève de la mécréance ; secundo : dans le domaine des Noms et Attributs divins, et le renier relève de l’innovation ; tertio : dans le domaine des lois pratiques qui peuvent se voir sous plusieurs angles. Allah (I) a fait de ce genre de divergence une miséricorde par laquelle Il honore les savants. C’est à cette sorte dont fait allusion le hadîth (inventé ndt.) : « La divergence dans ma communauté est une miséricorde. » [El Khattâbî dans sharh sahîh Muslim de Nawawî (11/258).]



    C’est avec cette catégorie qu’on fait la balance des bons et des mauvais côtés



    Selon ‘Urwa ibn e-Zubaïr, el Miswar ibn Makhrama se rendit chez Mu’âwiya au milieu d’une délégation pour lui exposer une affaire. Après la séance, Mu’âwiya le prit à part pour lui demander : « Miswar ! Où en sont tes critiques sur les émirs ?

    - Laisse ce sujet de côté et préoccupe-toi de l’affaire pour laquelle nous sommes venus !

    - Non, par Allah ! Je veux que tu me dises en face ce que tu me reproches. »

    Son interlocuteur lui fit une liste de ses plaintes sans rien oublier. Puis, le Prince des croyants reprit la parole pour dire : « Je ne suis pas à l’abri de la faute, mais, Miswar, es-tu d’accord avec moi pour dire que mes actions en vue d’améliorer l’intérêt général sont multipliées par dix, ou bien ne sais-tu que compter les défauts et fermer les yeux sur les bonnes œuvres ?

    - Non, par Allah ! Nous ne faisons qu’évoquer les péchés dont nous t’avons fait part.

    - Je reconnais devant Allah chaque péché que j’ai commis. Mais, toi, Miswar, n’as-tu pas des péchés que tu gardes en toi et pour lesquels tu craignes de périr au cas où Allah daignerait te les pardonner ?

    - Si !

    - Alors, qu’est-ce qui te permet de croire que tu es plus enclin à te faire pardonner que moi ? Par Allah, j’ai bien plus de responsabilités que toi, pourtant, si j’avais l’alternative entre choisir Allah (I) et n’importe qui d’autre, j’opterais pour le premier sans la moindre hésitation. J’adhère à une religion dans laquelle le Très-Haut accepte les œuvres et rétribue pour les bonnes, mais aussi pour les mauvaises œuvres, bien qu’Il puisse ne pas tenir compte de ces dernières. J’espère qu’Il me multipliera chacune de mes bonnes actions, en sachant que j’honore des responsabilités dont ni toi ni moi ne pouvons évaluer l’importance ; la prière, le djihâd, la loi d’Allah, et plein d’autres que tu serais incapable de dénombrer quand bien même je t’en dresserais une liste. Alors, pense à cela ! »[1]



    Sa’îd ibn el Musayïb : « Tout savant, tout homme honorable ou de haut rang a des défauts. Cependant, quand on a plus de bons que de mauvais côtés, les bons côtés l’emportent ; et quand on a plus de mauvais côtés, ce sont eux qui l’emportent. »[2]



    Ibn Sîrîn : « Si tu ne fais qu’évoquer les défauts de ton frère, sans ses qualités, tu auras fait preuve d’injustice envers lui. » [3]



    Sha’bî : « Les arabes disaient : quand les qualités l’emportent sur les défauts, nous avons à faire à l’homme parfait, quand ils s’équivalent, nous avons à faire à l’homme moyen (mutamâsik), et quand les défauts l’emportent sur les qualités, il mérite les critiques. »[4]



    Sufiân e-Thawrî : « Personne n’est à l’abri de l’erreur, mais tout est fonction de l’ascendant : quand la mémoire est prépondérante à l’erreur, on est un érudit (hâfizh), mais quand l’erreur est prépondérante à la mémoire, on perd sa crédibilité. »[5]



    ‘Abd Allah ibn el Mubârak : « Ne mentionnent pas les défauts quand c’est les qualités qui l’emportent, et ne mentionnent pas les qualités quand c’est les défauts qui l’emportent. »[6]



    Il est également l’auteur des paroles : « Un homme ayant un grand passé dans l’Islam et ayant laissé une bonne trace, peut très bien être l’auteur d’un écart et d’une faute dans lesquels il ne faut pas le suivre. »[7]



    Mais aussi : « En dénigrant les savants on perd son au-delà, en dénigrant les émirs, on perd sa vie d’ici-bas, et en dénigrant les frères, on perd sa bonne réputation. »[8]



    L’Imam Ahmed : « Aucune critique n’est acceptée contre un homme dont la crédibilité est affirmée, sauf si elle dissipe toute suspicion sur la chose. »[9]



    Ibn Jarîr Tabarî : « Si on devait discréditer et refuser le témoignage de toute personne ayant été accusée de telle ou telle mauvaise tendance, il faudrait délaisser la plupart des traditionnistes de tous les horizons. Tous ont été d’une manière ou d’une autre été stigmatisés par un groupe. »[10]



    Et comme le dit le poète :



    Quand l’ami est coupable d’une seule faute ; ses bon

    Côtés intercèdent mille fois en sa faveur



    B- La catégorie qu’il est permis de critiquer, de condamner, et de mettre en garde contre ses méfaits



    Premièrement : il est permis, je dirais même qu’il incombe de parler sur les innovateurs et de mettre en garde contre eux et leurs innovations ; il peut aussi bien s’agir de groupes que de particuliers, qu’ils soient de notre époque ou des temps anciens. Nous pouvons compter parmi eux les kharijites, les râfidhites, les jahmites, les murjites, les karrâmites, et les penseurs scolastiques (ahl el kalâm).



    Les sciences du kalâm sont à l’origine de nombreuses croyances erronées comme la négation en tout ou en partie des Attributs d’Allah. Il faut donc mettre en garde contre ces sectateurs, leurs ouvrages, les sectes et les mouvements contemporains qui ont repris leur flambeau ; ils se caractérisent pour se distinguer, contester, et s’écarter de la voie des « partisans du tawhîd et de la sunna ». Bien plus, ils s’érigent en ennemis contre eux et détournent les gens de leur tendance.



    Il faut également rattacher à ces sectateurs toute personne qui s’allie à leurs tendances, qui prend leur défense, met en avant leurs qualités, leur fait les louanges ainsi qu’à leurs symboles parmi leurs élites et leurs chefs. Certains gens sont en effet susceptibles de préférer leur voie à celle des « partisans de l’unicité, de la tradition et de l’union ».



    Deuxièmement : il est permis de faire la critique des rapporteurs non crédibles à l’unanimité des savants, il est même un devoir de le faire comme le relate e-Nawawî et ibn Taïmiya – qu’Allah leur fasse miséricorde –.[11] Si l’on recense les différentes anecdotes des grandes références de la religion concernant la défense du patrimoine de l’Islam, dont l’opposition aux mubtadi’, on se rendra compte que les savants faisaient la critique des innovateurs et des rapporteurs du hadîth. Il n’a jamais été question de faire impérativement la balance entre leurs qualités et leurs défauts. Ils ont compilé des ouvrages entiers sur la critique des rapporteurs (jarh wa e-ta’dîl), sur la défense de la sunna, sur les hadîth inventés, sans jamais faire allusion de près ou de loin aux muwâzanât (faire la balance entre les qualités et les défauts ndt.).



    Les anciens à l’ouvrage



    Certains de leurs ouvrages sont spécialement consacrés à la critique négative (jarh), aux rapporteurs non crédibles, en évoquant les savants qui les ont jugés ainsi. Ils ne font pas la moindre mention de la restriction des muwâzanât.[12] En se penchant dessus, on pourra y constater l’obligation de mettre en garde contre les innovateurs. Aucun d’entre eux n’a avancé qu’il fallait accompagner toute mauvaise critique des mubtadi’ et des personnes évoquées par leurs mauvais côtés, de critiques positives (ta’dîl) en évoquant leurs bons côtés. Ils se contentent de réfuter les erreurs d’un auteur, des groupes ou des particuliers affiliés à ces sectes sans se tourner vers leurs qualités.



    Il suffit de feuilleter les écrits de l’Imam Ahmed, de son fils ‘Abd Allah, d’el Bukhârî dans Khalq af’âl el ‘ibâd, d’el Khallâl, d’ibn Khuzaïma dans les livres e-sunna et e-tawhîd. Que dire notamment des écrits d’ibn Batta dans son commentaire et dans el ibâna, de Sharh usûl ahl e-sunna d’e-Lâlakâî, de l’introduction de Sharh e-sunna d’el Baghawî, de la muqaddima d’ibn Mâja. Nous pouvons recenser également e-sunna d’ibn Abî Dâwûd dans son recueil e-sunan, el hudja fî bayân el mahadja d’ibn Abî Qâsim e-Taïmî el Asfahânî ; voir enfin les œuvres de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya, d’ibn el Qaïyim, et de l’Imam Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb pour se rendre compte de leur position et de leur relation envers les innovateurs.[13]



    Les savants prédécesseurs se sont engagés dans la réfutation aux différentes sectes hérétiques ; les râfidhites, les qadarites, les jahmites, les mu’tazilites, les kharijites, les murjites, les ash’arites, les mâturidites, et les soufis. Ils se sont opposés entre autres à leurs chefs spirituels (ru-ûs el mubtadi’a) à l’instar de Jahm ibn Safwân, Bishr el Mirrîsî, ibn el Mutahhir el Hillî, e-Râzî, ibn ‘Arabî. Les traditionalistes s’en sont pris aussi à el Âmudî, el Ghazâlî, el Bakrî, el Akhnâî, e-Subkî, etc.



    À suivre…






    [1] Rapporté par Ma’mar dans jâmi’ bi dhaïl musannaf ‘Abd e-Razzâq (11/344).

    [2] Jâmi’ bayân el ‘ilm wa fadhlilî d’ibn ‘Abd el Barr (2/821).

    [3] El jâmi’ li ikhtilâf e-râwî wa âdâb e-sâmi’ (2/202).

    [4] El jâmi’ li ikhtilâf e-râwî wa âdâb e-sâmi’ (2/202).

    [5] Rapporté par el Khatîb dans el kifâya (n° 408).

    [6] Siar a’lâm e-nubalâ de Dhahabî (8/71).

    [7] El istiqâma d’ibn Taïmiya (2/219-220).

    [8] Ibn ‘Asâkir (32/333).

    [9] Tahdhîb e-tahdhîb (7/273).

    [10] Hadî e-sârî muqaddima Fath el Bârî d’ibn Hajar (p. 605).

    [11] Voir : Majmû’ el fatâwâ (28/234).

    [12] Voir : Manhaj ahl e-sunna wa el jamâ’a fî naqd e-rijâl wa e-tawâif (p. 32). L’auteur – qu’Allah le préserve – a cité certains exemples pour appuyer cet argument (voir par exemple p. 33-34).

    [13] Idem. (p. 70).

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    • #3





      Les muwâzanât

      (Partie 3)



      « Certains ont une nature semblable au porc qui ne s’arrête pas devant les bons aliments, mais dès qu’un homme finit ses besoins, il se précipite sur ses excréments. Beaucoup de gens sont comme cela. S’ils entendent parler ou voit de leurs yeux tes qualités qui dépassent de loin tes défauts, ni ils ne les retiennent ni ils les répandent aux autres et ni elles ne leur conviennent. Néanmoins, au moindre lapsus et à la moindre bévue, ils se sentent dans leur élément, et se régalent à cœur joie. » [Ibn el Qaïyim dans madârij e-sâlikîn (1/435).]



      Les contemporains à l’ouvrage



      Les savants salafîs contemporains ont imité la voie des pieux Prédécesseurs ; ils sont de fervents opposants aux sectes et à leur maître à penser. Ils se sont attaqués aux différentes confréries soufies et aux mouvements hisbistes actuels dont la voie se distingue pour être contraire à celle du Prophète (r) et des Compagnons. Toute personne qui s’écarte ne serait-ce que d’un empan, de la sunna et du chemin des anciens n’échappe pas à leur vigilance dans la mesure où ils considèrent que la défense de la religion est en jeu.



      De plus, ces fameux savants traditionalistes contemporains qui ont mis en déroute les symboles des différentes sectes de notre époque ont fait preuve de conformisme. Autrement dit, ils n’ont pas eu recourt au principe des muwâzanat (la balance ndt.) entre les bonnes et les mauvaises actions des personnes qui sont la cible de leurs critiques.



      Manhaj ahl e-sunna wa el jamâ’a fî naqd e-rijâl wa e-tawâif de l’érudit D. Sheïkh Rabî’ ibn Hâdî ‘Umaïr el Madkharî, est considéré comme l’un des meilleurs ouvrages écris sur ce chapitre. Il a gagné l’assentiment des plus grands savants contemporains à l’auteur dont entre autres l’érudit l’Imam Sheïkh ‘Abd ‘Azîz ibn Bâz, l’érudit Sheïkh Mohammed Nasir e-Dîn el Albânî – qu’Allah leur fasse miséricorde –, l’érudit Sheïkh Salih el Fawzân, etc.



      Sheïkh ibn Bâz



      La question suivante fut posée à Sheïkh ibn Bâz : « Concernant la méthode à suivre des traditionalistes dans le domaine de l’opposition aux innovateurs et de la critique de leurs ouvrages, faut-il évoquer communément leurs bons et leurs mauvais côtés ou bien faut-il se contenter de citer leurs mauvais côtés ? »



      Il répondit en ces termes : « Il est connu à travers le discours des savants au cours de leurs critiques, que ces derniers mettent en avant les mauvais côtés uniquement. L’objectif est d’avertir les gens et de leur montrer les erreurs des personnes concernées pour leur éviter d’y sombrer. Quant aux bons côtés, ils sont tout à fait naturels et de surcroît acceptables. Cependant, l’important dans ce contexte c’est de mettre en garde contre les fautes des jahmites, des mu’tazilites, des râfidhites, etc.



      Si le besoin d’évoquer les éléments de vérité qu’ils détiennent se fait ressentir, le cas échéant il n’y a pas de mal à cela. Si quelqu’un demande par exemple : dans quels domaines sont-ils conformes à la vérité et aux traditionalistes ? La personne à qui la question est posée peut très bien répondre en connaissance de cause. Néanmoins, l’intérêt principal est de montrer leurs erreurs afin de mettre en garde celui qui pose la question, et qu’il ne soit pas tenté d’adhérer à leur tendance. »



      Une autre personne lui demanda : « Certains gens prétendent qu’il faut absolument faire la balance entre les points positifs et les points négatifs lors de la critique d’un innovateur. La mise en garde consisterait à l’évoquer également en bien afin de ne pas faire preuve d’injustice.

      - Non ! Ce n’est pas obligé, répondit-il, ce n’est pas obligé ! »



      En parcourant les ouvrages des traditionalistes, on se rendra compte que l’essentiel est de mettre les musulmans en garde contre le mal des innovateurs. Des ouvrages, comme Khalq af’âl el ‘ibâd, le chapitre el adab du recueil Sahîh el Bukhârî, e-sunna d‘Abd Allah le fils d’Ahmed, e-tawhîd d’ibn Khuzaïma, les réfutations de ‘Uthmân ibn Sa’îd e-Dârimî aux innovateurs, etc. Ils ont pour but de réfuter les erreurs des partisans des sectes ; l’intérêt n’est nullement de recenser leurs qualités. Ils ont donc un rôle d’avertissement ; les bons côtés ne servent à rien quand le coupable est un apostat, car l’apostasie annule purement et simplement les œuvres de son auteur. Quant à l’innovateur non apostat, son cas reste, malgré tout, très grave.



      Quoi qu’il en soit, l’intérêt c’est de dénoncer et de mettre en garde contre les erreurs.[1]



      Sheïkh el Fawzân



      Après avoir répondu à une série de questions concernant les différents mouvements religieux, Sheïkh el Fawzân fut interrogé : « Sheïkh ! Devons-nous par exemple mettre en garde contre eux en négligeant totalement de citer leurs bons côtés ou bien devons-nous citer à la fois leurs bons et leurs mauvais côtés ?

      - Évoquer leurs bons côtés, répondit-il, signifie faire leur promotion… non ! Il n’est pas pertinent de citer leurs bons côtés. Il faut se contenter d’évoquer les erreurs. On ne t’a pas demandé de faire une étude sur leur situation et sur leurs leaders ; tu dois simplement dénoncer leurs erreurs dans l’espoir qu’ils s’en repentissent et afin de mettre les gens en garde contre ces derniers. Mais si tu te penches sur leurs bons côtés, ils pourront dire : c’est exactement ce que nous voulions ! »[2]



      Sheïkh ‘Abd el ‘Azîz e-Salmân



      On demanda également à Sheïkh ‘Abd el ‘Azîz Âl Mohammed e-Salmân – qu’Allah lui fasse miséricorde – si faire la balance entre les bons et les mauvais côtés était une condition pour critiquer les innovateurs, dans la pratique des anciens.



      Il a répondu en ces termes : « Sache – qu’Allah nous concède la réussite ainsi qu’à tous les musulmans – qu’aucune anecdote provenant des pieux Prédécesseurs parmi les Compagnons, leurs successeurs, et leurs fidèles successeurs à toutes les époques, n’exprime qu’il faille honorer un seul innovateur, l’un de leurs alliés, ou celui qui appelle à s’en faire des alliés. Les innovateurs en effet sont des malades du cœur ; il est à craindre à travers leur relation ou même à leur contact d’être contaminé par leur contagion. Si le malade est capable d’infecter la personne saine, le contraire n’est pas vrai. Attention donc aux innovateurs en tout genre. Il incombe de s’éloigner et de couper les liens avec les innovateurs comme les jahmites, les râfidhites, les mu’tazilites, les mâturidites, les kharijites, les soufis, les ash’arites, et toute personne en général qui, comme eux, s’écarte de la voie des anciens. Le musulman doit non seulement faire attention à eux, mais il doit aussi prévenir les autres de leur mal. »[3] Fin de citation.



      Sheïkh el Albânî



      On a interrogé Sheïkh el Albânî sur la règle des muwâzanât. Au cours de la réponse dans laquelle il l’a tout bonnement désapprouvé, il a souligné entre autres : « D’où détiennent-ils qu’à l’occasion de dénoncer les erreurs de quelqu’un, qu’il soit un prêcheur ou non, il faille prendre le temps d’une conférence pour faire la liste de ses bons côtés du premier au dernier ? Allah Akbar ! C’est vraiment aberrant ! »[4]



      Conclusion de ce chapitre



      Après avoir exposé les tendances des savants prédécesseurs et contemporains, il devient clair que les muwâzanât dans le cadre de la critique des « partisans du faux » ne font pas parties des pratiques des traditionalistes. Ce manhaj implique des conclusions très dangereuses :



      1- Il suppose que les anciens étaient des ignorants.

      2- Il suppose qu’ils étaient injustes et qu’ils manquaient d’équité.

      3- Il suppose de mettre la bid’a et ses partisans en valeur, tout comme il implique de minimiser le rang des grandes références parmi les anciens, et par-là même de négliger la sunna et la vérité.[5]



      Au demeurant, force est de constater que les partisans de cette règle – quoique complètement fausse sans compter qu’elle met en valeur l’innovation et ses adhérents – : « … qu’il ne l’a mette pas en pratique envers les traditionalistes contemporains et conformistes au chemin des anciens honorables. Ils ont plutôt tendance à leur imputer sournoisement et impunément les pires calomnies, sans oublier de répandre leurs tissus de mensonges aux quatre coins de la terre, dans le but de soutenir les innovateurs et de prendre leur défense. Ces malheureux se souillent ainsi en détournant les gens de la religion d’Allah et du chemin des anciens qu’ils s’en rendent compte on non. Ils se souillent ainsi en prêchant le faux et la bid’a qu’ils s’en rendent compte on non. »[6] Fin de citation.



      Le savoir doublé d’une bonne intention est la condition pour parler de ces choses



      Sheïkh el Islam ibn Taïmiya a dit : « D’autre part, celui qui parle de ses choses avec science doit absolument avoir une intention saine. Si, bien que son discours soit vrai, il veut à travers cela semer le désordre sur terre, il est comparable au guerrier qui se sacrifie au combat pour défendre son clan ou par ostentation. Cependant, s’il fait cela pour Allah afin de lui rendre le culte sincère et exclusif, il compte dans les rangs des combattants sur le sentier d’Allah parmi les héritiers des prophètes et les successeurs des messagers.

      Ce registre ne va pas en opposition avec les paroles du Prophète (r) disant : « La médisance c’est dire sur ton frère ce qui lui déplait. » Le frère n’est autre que le croyant ; si le frère du croyant est sincère dans sa foi, il ne peut être affecté par la vérité aimée d’Allah et de Son Messager, quand bien même elle serait contre lui ou l’un de ses proches. Il doit plutôt établir la justice, en se faisant le témoin d’Allah aux dépens mêmes de sa propre personne, de l’un de ses parents ou de ses proches.



      À partir du moment où il éprouve une certaine répulsion envers la vérité, cela dénote une certaine baisse de foi de la même façon que sa fraternité diminue proportionnellement à sa baisse de foi. Il ne doit pas tenir compte du mauvais sentiment qu’il éprouve en raison de sa foi faible ; et cela, étant donné qu’il doit absolument faire devancer l’amour d’Allah et de Son Messager à son mauvais sentiment envers les choses aimées d’Allah et de Son Messager, comme le formule le Verset : (tandis qu’Allah et Son Messager méritent mieux de se voir agréer).[7] »[8] Fin de citation.



      À suivre…





      [1] Voir l’introduction de e-nasr el ‘azîz (p. 8) ; extrait d’une cassette des cours d’été que Sheïkh ibn Bâz a donnés à Tâif en 1413 h. il faut savoir que les écrits de son Éminence sont emplis de réfutations à l’encontre des innovateurs et des différentes doctrines comme e-tahdhîr min el Bida’, Naqd el qawmiya el ‘arabiya, et maintes réfutations à l’encontre des partisans du mawlid et des fêtes religieuses hérétiques et païennes instituées par différentes confessions. Ils ne contiennent aucune soi-disant muwâzanât que certains revendiquent. Sheïkh el Fawzân n’a pas employé une méthode différente que Sheïkh ibn bâz dans ses réfutations et ses controverses ; tous comme les autres savants de ce pays. En cela, ils se conforment strictement à la méthode des anciens.

      [2] Voir l’introduction de e-nasr el ‘azîz (p. 8) ; extrait d’une cassette des cours d’été que Sheïkh a donnés à Tâif en 1413 h.



      [3] Voir l’introduction d’e-nasr el ‘azîz (p. 12).

      [4] Extrait de la cassette : Ajwibat el Albânî ‘alâ as-ilat Abî el Hasan e-da’awiya.

      [5] Voir : el mahajjat el baïdha fî himayat e-sunna el gharra de Sheïkh Rabî’ el Madkhalî (p. 127).

      [6] Idem. (p. 31).

      [7] Le repentir ; 62

      [8] Majmû’ el masâil wa e-rasâil (5/281).

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      • #4






        Les muwâzanât

        (Partie 4)



        « L’ignorant est comme une mouche qui ne se pose que sur les plaies. » [Ibn Taïmiya dans Manhâj e-sunna (6/150).]



        Chapitre II : des éloges qui n’en sont pas[1]



        Dans le Coran



        Allah révèle au sujet des mécréants : (Ils connaissent la vie d’ici-bas en apparence, mais ils sont distraits de l’au-delà).[2]



        Sheïkh ‘Abd Rahmân ibn Nâsir Sa’dî a exposé dans son exégèse : « Ils se sont penchés de tout leur cœur, de toute leur passion, et motivation vers ce bas monde, ses plaisirs et ses miettes. Ils se sont investis dans la vie d’ici-bas, et se sont laissés emporter par elle, tout en négligeant l’au-delà. Ni le Paradis ne fait partie de leurs ambitions, ni l’Enfer ne provoque en eux de grands frissons, et ni la confrontation demain entre les mains d’Allah ne les effraye ou ne les dérange. Ils portent en eux tous les signes du malheur, et les germes de leur insouciance vis-à-vis de l’autre monde.



        Paradoxalement, nombreux sont ces individus qui se distinguent par leur éveil et leur intelligence envers les choses apparentes de ce monde. Il y a vraiment de quoi rester bouche bée et laisser ahuris les esprits les plus avisés. La démonstration qu’ils nous font dans les domaines de l’atome, l’électricité, des transports terrestres, maritimes, et aériens prouve leur avance et leur prééminence. Ils sont par ailleurs tellement imbus de leur quotient intellectuel qu’ils regardent de haut et toisent les autres qui sont incapables de reproduire ce que, grâce à Allah, leurs mains maîtrisent aisément. Ainsi, ils se sont gonflés d’orgueil et sont devenus arrogants.



        En revanche, pour ce qui concerne leur attachement à la Religion, ils sont dans ce domaine, les plus puérils au monde et les moins conscients de ce qui les attend après la mort. Ils sont les moins au courant des conséquences de leurs actes. Les gens éclairés les ont vus patauger dans l’ignorance, se perdre dans leur égarement, et tâtonner dans le faux. Étant donné qu’ils ont oublié Allah, Il les a fait s’oublier eux-mêmes ; ceux-là sont vraiment les pervers.



        Puis, ces gens éclairés ont considéré les bienfaits qu’Allah avait concédés à ces égarés. Il leur a doté d’une fine et subtile intelligence concernant les choses matérielles et apparentes de ce monde, bien qu’ils soient privés d’un esprit supérieur. Ces gens éclairés ont compris bien vite que l’ordre des choses revenait à Allah, ainsi que Sa Sentence envers les créatures qui oscillent entre Son soutien et Son abandon. Dès lors, ils ont eu peur de leur Seigneur. Ils L'ont imploré, quand Il leur a octroyé la lumière de la foi et de la raison, de leur attribuer Ses dons. Ils aspirent ainsi parvenir à Lui et d'accéder à Son Royaume. Si toutes ces choses matérielles dont jouissent les égarés étaient associées à la foi qu’ils prendraient pour base, elles seraient capables d’engendrer des perles précieuses et rares, accompagnées d’une vie comblée. Néanmoins, celles-ci ont été fondées sur l’athéisme et elles n’ont engendré que la décadence, la cause de leur propre ruine et l’anéantissement. »[3]



        Allah nous impose de ne jamais citer leur exemple si ce n’est que pour les condamner en disant : (Ceux qui ne croient pas à l’au-delà, ils ont le mauvais exemple, tandis qu’Allah a l’exemple le plus haut ; Il est le Puissant et le Sage).[4] Il a apposé la particule d’annexion (li) à (ladhîna : ceux) en début du Verset afin d’exprimer la particularité et le mérite, c’est-à-dire : qu’ils ne méritent rien d’autre que cela.



        Dans son livre Sawâ’iq el mursala, ibn el Qaïyim a souligné : « Il a désigné pour les païens et leurs instigateurs (chefs) le mauvais exemple qui implique les défauts, la défaillance, et le manque de perfection »[5] Allah (I) a proclamé : (Mauvais est l’exemple de ceux qui ont démenti nos signes alors qu’eux-mêmes sont injustes).[6] Ibn el Qaïyim a déclaré en parlant d’Allah, cette fois dans el fawâîd : «Il fait les éloges de Ses alliés en évoquant leurs bonnes actions, et leurs belles qualités. En parallèle, il condamne Ses ennemis en citant leurs mauvaises œuvres et leurs défauts, comme Il donne des exemples… »[7]



        Pour illustrer la façon dont le Seigneur Tout-Puissant donne les mécréants en exemple, nous trouvons qu’Il les compare aux animaux les plus vils. Parfois, Il les compare à des ânes, d’autres fois, Il les compare aux chiens. Et parfois même, Ils sont, à Ses Yeux, pires que du bétail.



        La première comparaison s’illustre dans le Verset dans lequel le Seigneur condamne les Juifs pour avoir dévié des enseignements du Livre descendu à leur égard : (Voici l’exemple de ceux qui furent chargés de la Thora, et qui ne l’ont pas observé sont pareils à un âne portant des livres. Quel mauvais exemple est celui des gens qui ont démenti les Versets d’Allah ; Allah ne guide point le peuple injuste).[8]



        La deuxième comparaison s’illustre dans la parole du Seigneur donnant l’image d’un savant parmi les enfants d’Israël. Celui-ci fut condamné d’avoir consciemment délaissé les bonnes œuvres, attiré qu’il était par ce bas monde : (Récite-leur l’histoire de celui qui s’est arraché à nos Versets après les avoir reçus ; il s’est fait rejoindre par Satan et s’est laissé séduire • Si nous avions voulu, Nous l’aurions élevé grâce à eux, mais il a préféré s’enraciner à la terre et suivre ses passions. Il est semblable au chien ; si tu le chasses, il halète et si tu le laisses il halète • Tel est l’exemple du peuple ayant démenti nos signes. Confie-leur les histoires ainsi vont-ils réfléchir. Mauvais est l’exemple du peuple qui a démenti nos signes, et qui envers eux-mêmes étaient injustes).[9] Ibn Taïmiya a dit : « Allah (I) a démontré à travers Ses dires : (Mauvais est l’exemple) que le chien représente une mauvaise image, et que le croyant est épargné d’endosser un si mauvais exemple. »[10]



        Voici le troisième exemple : (Ou bien penses-tu que la plupart écoutent ou comprennent. Ils ne valent pas mieux que du bétail, pire ils sont encore plus égarés).[11] Au demeurant, Il les compare aux habitants des cimetières, sourds face à la vérité, en disant : (Les vivants ne sont pas comparables aux morts. Allah fait entendre à qui Il veut, et toi tu ne peux faire entendre les occupants des tombeaux).[12] Dans ce sens, Il les compare également à des aveugles, sourds, et muets, comme Il l’a fait pour les hypocrites : (sourds, muets, et aveugles, ils ne peuvent revenir).[13] Concernant les mécréants, Il a affirmé : (sourds, muets, et aveugles, ils ne peuvent réfléchir).[14]



        Allah a fait ce genre de parabole pour décrire ces gens-là ; leur portrait étant le reflet de leur mécréance. Après cela, comment quelqu’un peut-il dire du bien des mécréants en leur donnant le plus bel exemple sous prétexte d’être objectif et équitable. Oseriez-vous dire qu’Allah n’était pas enclin à la justice et à l’objectivité en leur faisant un tel portrait ? Cette description n’est pourtant pas étonnante si l’on sait que la mécréance est un mal en soi et qu’aucun bien ne peut l’atténuer. Pour preuve, Allah révèle : (Nous avons considéré leurs œuvres et les avons rendues vaines).[15]



        Dans la sunna



        Le Prophète (r) mit en pratique les recommandations de Son Seigneur. Il n’aimait pas évoquer les qualités des mécréants. S’il venait à entendre un musulman dire du bien d’eux, il se précipitait en réaction, de les critiquer sans omettre de préciser en quoi ils étaient condamnables. Entre autres, el Bukhârî et Muslim rapportent, selon ‘Âisha : « Lors de la maladie du Prophète (r) avant sa mort, deux de ses femmes évoquèrent en sa présence une église du nom de Maria qu’elles virent en Abyssinie. Elles décrivirent son bel aspect et firent mention des images qui ornaient sa décoration. Alors, il leva la tête et proclama : « Ces gens-là, quand un homme pieux parmi eux vient à mourir, ils érigent un lieu de prière sur sa tombe. Ensuite, ils l’ornent de ses images (ou statues) ; ces gens-là sont les pires créatures auprès d’Allah. » »



        Nous pouvons voir comment il a dévié la conversation, qui, en apparence, était portée sur leurs qualités, pour mettre l’accent sur leurs défauts. Ainsi, il a démontré que le paramètre pour définir le bien et le mal était fonction de l’appréciation d’Allah : « Ces gens-là sont les pires créatures auprès d’Allah. » Il faut savoir que ce commentaire était adressé à des femmes qui s’étaient juste contentées de décrire les murs d’une église abyssinienne. Leur attention était portée uniquement sur l’architecture extérieure et la décoration. Il ne venait à l’idée d’aucune d’entre elles de faire l’éloge des mécréants.



        Il est à souligner ici que le Prophète (r) a évoqué leurs pratiques païennes pour justifier sa critique. Il s’est basé sur le principe connu qu’aucun acte ne peut compenser l’association à Dieu. D’autres fois, il mettait l’accent sur les motivations ayant poussé ces individus à agir de telle ou telle façon. Selon Um Salama : « J’ai demandé au Prophète (r) : Hishâm ibn el Mughîra entretenait les liens de sang, il honorait ses invités, il soulageait les gens de la difficulté, et donnait à manger à autrui. S’il était encore vivant, il se serait certainement converti. Cela lui sera-t-il utile ?

        - Non ! Affirma-t-il. Il prodiguait ainsi pour que l’on garde de lui un bon souvenir dans de ce bas monde et pour recevoir les éloges, mais il n’a pas dit une seule fois dans sa vie : « Seigneur ! Pardonne-moi mes fautes le Jour des Comptes ! » »[16]



        D’après Muslim, selon ‘Âisha : « Ô Messager d’Allah, demandai-je ! Au temps de l’ignorance, ibn Jud’ân entretenait les liens de sang et donnait à manger aux pauvres, cela pourra-t-il lui être utile ?

        - Non ! Assura-t-il, cela ne lui profitera en rien, il n’a pas dit un seul jour : « Seigneur ! Pardonne-moi mes fautes le Jour des Comptes ! » »



        Il a dévoilé (r) que l’ostentation privait de recevoir les éloges d’Allah (I) qui sont les plus véritables comme cela ne fait aucun doute. Les bonnes œuvres pour être considérées comme telles, ne se confinent pas aux apparences sans tenir compte de leur conformité au niveau des actes et de leur sincérité exclusive au niveau des intentions.



        Nous pouvons citer un autre exemple qui relève probablement de ce registre (dire du bien des non-musulmans). D’après Muslim, selon ‘Â’idh ibn ‘Amr : « A la tête d’un groupe, Abû Sufiân passa devant Salmân, Shu’aïb, et Bilâl. Ces derniers lancèrent : « Par Allah ! Les épées d’Allah n’ont pas tranché la tête de l’ennemi d’Allah comme elles auraient dû le faire.

        - Osez vous dire cela au doyen et au maître de Quraïsh ! s’exclama Abû Bakr. »

        Ensuite, il alla chez le Prophète (r) pour lui faire part de ces paroles, mais ce dernier lui répondit : « Abû Bakr ! Tu les as peut-être mis en colère ! Si tel est le cas, tu as alors mis Ton Seigneur en colère ! » Abû Bakr est alors retourné les voir pour leur dire : « Mes frères ! Vous ai-je mis en colère ?

        - Non ! Mon frère, assurèrent-ils, qu’Allah te pardonne ! » »



        Bien sûr, Abû Bakr n’a jamais eu l’intention de flatter Abû Sufyân avant sa conversion. Il voulait probablement les corriger et faire taire leur langue à son encontre dans l’espoir de ne pas le repousser de l’Islam, lui qu’il aspirait fortement voir guider. Il y a eu donc cet événement qui le poussa à revenir vers eux pour leur demander pardon. Déclencher la colère d’un frère ne peut que provoquer la colère d’Allah, surtout si la raison, quoique seulement en apparence, s’avère d’avoir complimenté un non-musulman. Certes, le savoir appartient à Allah !



        À suivre…






        [1] Voir pour ce chapitre : raf’ e-zhull wa e-sighâr de Sheïkh ‘Abd el Mâlik Ramdhânî.

        [2] Les Romains ; 7

        [3] Tafsîr e-Sa’dî (3/1327).

        [4] Les abeilles ; 60

        [5] E-Sawâ’iq el mursala (3/1030).

        [6] El A’râf ; 177

        [7] El fawâîd (p. 28), voir également : e-Sawâ’iq el mursala (3/1036).

        [8] Le vendredi ; 5

        [9] El A’râf ; 175-177

        [10] Majmû‛ el fatâwâ (32/258).

        [11] El Furqân ; 44

        [12] Le Façonneur ; 22

        [13] La vache ; 18

        [14] La vache ; 171 voir : e-Sawâ’iq el mursala (3/1036).

        [15] El Furqân ; 23

        [16] Hadîth rapporté par Abû Ya’lâ (6965), e-Tabarânî dans el kabîr (23/379 et 391), avec une chaîne narrative authentifiée par Sheïkh el Albânî dans Silsilat el ahâdîth e-sahîha (2927).

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        • #5





          Les muwâzanât

          (Partie 5)



          Réfutations aux objections éventuelles



          Notre discours précédent ne s’oppose nullement au fait qu’Allah ait pu dire relativement du bien de certains gens du Livre à travers le Verset : (Tu trouveras plus d’affection pour les croyants, chez ceux qui se disent chrétiens. Cela, parce qu’il y a parmi eux des moines et des prêtres, et qu’ils ne s’enflent pas d’orgueil).[1] Cette caractéristique est propre aux adeptes parmi eux, qui ont eu foi en la mission de Mohammed (r). Il suffit de lire la suite du Verset pour le constater, lorsque le Seigneur dit : (S’ils viennent à entendre la Révélation descendue au Messager, tu peux voir leurs yeux se remplir de larmes pour y avoir reconnu la vérité. Ils disent : « Seigneur ! Nous avons cru, inscris-nous donc parmi les témoins • Qu’avons-nous à ne pas croire en Allah et à la vérité qu’Il nous a apportée alors que nous espérons que Notre Seigneur nous compte parmi les gens pieux ? » Allah leur a offert en récompense à leurs paroles des jardins sous lesquels coulent des rivières et où ils demeureront à jamais. Telle est la récompense des bienfaisants).[2] Seuls les croyants sont susceptibles d’être concernés par ce discours.



          C’est pourquoi, Nasâ’î a rapporté dans Sunan el kubrâ (11148) avec une chaîne narrative authentique, selon ‘Abd Allah ibn e-Zubaïr : « Ce Verset fut révélé en l’honneur de Najâshî et de ses compagnons : (S’ils viennent à entendre la Révélation descendue au Messager, tu peux voir leurs yeux se remplir de larmes).



          Néanmoins, les personnes ayant persisté dans leur reniement ne sont pas concernées par cette faveur conformément au hadîth suivant : « Par Celui qui détient l’âme de Mohammed entre Ses Mains ! Quiconque dans cette communauté qu’il soit juif ou chrétien entend parler de moi et ne croit pas à ma mission avant de mourir, comptera parmi les gens du Feu… »[3]



          D’après Abd e-Razzâq dans son tafsîr (exégèse) (1/303-304), ibn Jarîr également dans son tafsîr (12/364), et el Hâkim (2/342), avec une chaîne narrative authentique, selon Sa’îd ibn Jubaïr : « Je n’entendais pas un propos venant du Messager d’Allah (r) sans que je ne lui trouve son équivalent – ou bien a-t-il dit : son approbation – dans le Coran. On m’a rapporté que ce dernier a dit : « Quiconque dans cette communauté, qu’il soit Juif ou Chrétien, entend parler de moi et ne croit pas à ma mission avant de mourir, comptera parmi les gens du Feu. » Je me demandais obstinément quel Verset pourrait bien confirmer cette parole. Lorsque je suis parvenu à ce Verset : (Ou bien celui que Son Seigneur a éclairé d’une preuve) jusqu’à : (l’enfer sera son rendez-vous).[4] Les coalisés en ais-je déduit, sont de toute confession. »

          À travers ces derniers mots, il sous-entend le commentaire du Verset : (Quiconque mécroit en Lui parmi les coalisés).[5]



          La raison qui explique l’interdiction de dire du bien à leur sujet



          La première : est de détourner les musulmans de leur influence extérieure.



          La deuxième : est de mettre en avant le meilleur modèle, le mieux adapté pour l’Humanité, et de prendre en référence le Messager (r), ses frères Prophètes, et ses Compagnons dévoués. Tel est le mode d’emploi proposé par le Coran et la sunna comme le confirment les Versets suivants : (Vous avez en la personne du Messager d’Allah un bon exemple pour celui qui recherche Allah et le Jour dernier, et qui évoque Allah énormément)[6] ; (Ceux-là, Allah les a guidés, alors suis leur direction).[7] La personne qui veut réussir doit suivre l’exemple du Livre d’Allah et de la Tradition prophétique. Il ne doit pas avancer l’excuse que les gens ont besoin d’un exemple vivant. Cette excuse est plus haïssable que la faute elle-même, car c’est une façon de fuir la vérité.



          Ainsi, la première raison d’interdire de flatter les non-musulmans, c’est de ne pas se mettre dans leur sillon. L’homme, en effet, est naturellement attiré vers la personne qui reçoit les éloges, et par voie de conséquence, il désire l’imiter. C’est pourquoi, Allah (I) ne cite pas une qualité des infidèles – sauf dans des cas rares, et dans un but bien déterminé – si ce n’est que pour évoquer des défauts bien plus considérables. Le Verset suivant en est un exemple : (Parmi les gens du Livre, il y en a qui, si tu leur confies un quintal, ils te le rendent, et il y en a qui, si tu leur confies seulement un dinar, ils ne te les rendent que si tu t’obstines derrière eux). Ensuite, il a dévoilé leur corruption en ces termes : (Cela, parce qu’ils ont dit : « nous n’avons aucune contrainte à l’égard des illettrés », et ils profèrent du mensonge sur Allah, alors qu’ils savent).[8]



          Il est clair que ces informations dévoilées par Allah à leur encontre n’ont pas pour but de faire leurs éloges. Néanmoins, le Seigneur nous met en garde contre leurs agissements. C’est comme s’Il avait dit : je sais pertinemment qu’il existe parmi eux des gens de confiance à qui l’on peut confier des sommes colossales, il n’en demeure pas moins que vous devez vous méfier d’eux. Il ne faut pas considérer leur situation de ce point de vue. Il y a, malgré tout, des individus parmi eux, envers qui tu ne peux faire confiance, même pour une petite somme. Ibn Jarîr a expliqué : « Si quelqu’un nous demande pour quelle raison Allah a mis son Prophète au courant de cela, en sachant que les hommes se sont depuis toujours comportés ainsi. Il y a toujours eu d’honnêtes et malhonnêtes gens ! Il sera dit en réponse : le Tout-Puissant a seulement voulu renseigner les croyants sur leur situation, comme Il l’a exposé dans Son Livre à travers ces Versets. Il les met en garde de ne pas leur confier leur argent, et leur suscite la crainte de se faire abuser ; beaucoup d’entre eux s’autorisent à arracher impunément l’argent des musulmans. »[9]



          La question qui colle à notre sujet, consiste à dire qu’Allah (U) a évoqué furtivement leur maîtrise des choses de ce monde pour démontrer ensuite que, malgré tout, ils restent condamnables : (Ils connaissent la vie d’ici-bas en apparence, mais ils sont distraits pour ce qui concerne l’au-delà).[10] Les gens distraits sont pour Allah pareils à ceux qu’Il compare à du bétail, voire plus haïssables : (Ces gens-là sont comme du bétail ou plus égaré encore. Ces gens-là sont les distraits).[11] Le Verset cité juste avant constituait déjà une critique : (Mais la plupart des gens ne savent pas. Ils connaissent la vie d’ici-bas en apparence) etc.



          Le Messager d’Allah (r) a vraisemblablement eu recourt à ce même procédé dans le hadîth rapporté par el Bukhârî et dans lequel il a dit concernant Satan : « Il t’a dit vrai, lui le grand menteur ! » Nous pouvons constater qu’il a employé une forme verbale pour appuyer ses dires (Il t’a dit vrai) ; celle-ci exprime une action ponctuelle et non un caractère permanent, car la sincérité ne fait pas partie de ses habitudes. Néanmoins, il l’a fait directement suivre d’un qualificatif très blâmable, en utilisant un nom en lieu et place d’un verbe (lui le grand menteur) ; cette forme nominale ayant pour but de signifier que le mensonge, ce caractère indéfectible et attaché à sa personnalité, fait partie de sa nature profonde.



          De plus, il a utilisé la forme emphatique (sighat el mubâlagha) sur la racine fa’ûl (ici dans le hadith : … kadhûb, c'est-à-dire : grand menteur). En outre, il s’est adressé à Abû Huraïra en ces termes : « Il t’a dit vrai » au lieu de dire : il a dit vrai. Pour préciser que non seulement ce fait est rare, mais de plus il est propre à la conversation qu’il a eue avec toi et à ce contexte particulier. Tu t’es en effet distingué par un comportement précis. Autrement dit, tu as eu la ferme résolution de le faire prisonnier. C’est donc la peur qui l’a poussé à te dire vrai. Cela est du même ordre que la rançon versée par le prisonnier pour racheter sa liberté. Il est prêt à tout donner pour garder la vie sauve. Tout cela en sachant qu’Abû Huraïra ne demandait pas autant d’explications de la part du Prophète (r).



          Ces textes, comme nous pouvons le voir, n’ont pas pour fonction de cultiver dans le cœur de celui qui les entend des sentiments affectifs envers les personnes désignées et encore moins d’encourager à les suivre. Influencée par leur mode de vie, leur personnalité se dissoudrait immanquablement. Notre Seigneur est certes Savant et Sage !



          La seconde raison : les éloges que reçoivent gracieusement ces gens ne sont pas conformes à la réalité. Ils ne méritent pas autant de considération étant donné que les apparences sont bien trompeuses, bien qu’ils s’en complaisent, comme l’indique le Verset : (Ceux qui se réjouissent de ce qu’ils ont et qui aiment recevoir les éloges pour des choses qu’ils n’ont pas faites, ne pense pas qu’ils soient épargnés du châtiment. Un châtiment terrible les attend).[12] Dans certains pays il est dit : de sa barbe, il sort de l’encens !



          Les éloges de la Thora et de l’Évangile



          Si l’on sait qu’Allah dans Son Livre, fait suivre une éventuelle constatation qui a des connotations d’éloges en faveur des Juifs et des chrétiens, d’une critique qui nous rappelle qu’ils sont malgré tout condamnables ; il faut savoir que le Coran nous fait part d’une chose encore plus importante. Allah ne fait pas référence à la Thora en l’occurrence sans faire allusion à la portée du Coran illustre. Pourtant, la vraie Thora est mentionnée exclusivement dans un contexte élogieux comme cela ne peut échapper.



          (Nous avons descendu la Thora où il y a direction et lumière) pour dire un peu plus loin : (Nous avons fait suivre sur leurs traces, Issa fils de Mariam venant confirmer la Thora avant lui. Nous lui avons offert l’Évangile où il y a direction et lumière venant confirmer la Thora avant lui ; une direction et un sermon pour les pieux).[13] Juste après avoir évoqué la Thora, il a fait allusion au Coran : (Nous avons descendu sur toi le Livre en toute justice venant confirmer le Livre avant lui, et faisant autorité sur lui. Juge donc entre eux avec les Lois descendues d’Allah, et ne suis pas leurs passions aux dépens de la vérité qu’il renferme).[14] Ibn Kathîr a commenté dans son Tafsir : « Il a d’abord évoqué la Thora descendue sur Mûsâ Son Confident ; Il lui a fait les éloges, l’a vanté, et a ordonné de la suivre étant donné qu’elle était en vigueur à cette époque. Ensuite, Il a cité l’Évangile en lui faisant les éloges. Il a enjoint à ses partisans de l’appliquer et de suivre ses enseignements comme nous l’avons vu précédemment. Après tout cela, Le Très-Haut en vient à citer le Coran illustre qu’Il a descendu sur Son serviteur et adorateur, le Noble Messager. »



          (Nous avons ensuite offert à Mûsâ le Livre pour le parfaire aux bienfaiteurs et pour détailler toute chose, direction et miséricorde ; ainsi vont-ils croire à la rencontre de Leur Seigneur. Et voici un Livre bénit que Nous avons descendu, suivez-Le donc et craignez Allah ; ainsi serez-vous touchés par la miséricorde).[15]



          Mohammad Amîn e-Shanqîtî a commenté dans el ‘Udhb e-Namîr : « Nous avons évoqué la tendance de la part du Seigneur à faire référence au Coran et à la Thora ensemble. Ils sont en effet les deux Livres révélés les plus prestigieux, et les plus exhaustifs au niveau des lois, comme le précise le Seigneur : (et pour détailler toute chose). En ayant descendu le Coran, Il a proposé le Livre le plus complet et le plus illustre, car Il y a rassemblé le savoir des premières et des dernières générations. Il a de surcroît ajouté des enseignements qui ne figuraient pas dans les livres antérieurs. C’est pourquoi, en ayant descendu la Thora à travers Ses dires : (Nous avons ensuite offert à Mûsâ le Livre pour le parfaire aux bienfaiteurs), il a tout de suite après évoqué le Coran en disant : (Et voici un Livre bénit que Nous avons descendu).



          Ce procédé se répète souvent dans le Coran à l’exemple de la Parole d’Allah : (Dis : qui donc a descendu le Livre que détenait Mûsâ ? Il est lumière et direction, vous en faites des parchemins que tantôt vous exhiber, mais que vous cacher plus souvent ; Il vous a été appris ce que ni vous ni vos pères ne saviez ? Réponds-leur : c’est Allah ! Puis, laisse-les plonger dans leur distraction).[16] Il a dit ensuite : (Voici un Livre que Nous avons descendu bénit, et confirmant le Livre avant lui).[17] Il a donc mentionné le Coran après avoir mentionné la Thora comme dans le Verset : (et auparavant, le livre de Mûsâ, à la fois éminence et miséricorde, et voici) ; c’est-à-dire le Coran : (un Livre approbateur en langue arabe afin d’avertir les injustes, et annonciateur pour les bienfaiteurs).[18] (Ils dirent : « Si au moins il lui était concédé ce qui a été concédé à Mûsâ. » Mais n'ont-ils pas auparavant renié ce qui a été à Moussa concédé ? Ils dirent : « Ce sont deux magies »)[19] dans l’autre lecture : (« deux magiciens se sont renforcés »). Par ailleurs, les génies ont commenté après avoir écouté le Coran : (Nous avons entendu un Livre descendu après Mûsâ et venant confirmer le Livre avant lui).[20] »[21]



          À suivre…





          [1] Le Repas céleste ; 82

          [2] Le Repas céleste ; 83-85

          [3] Hadîth rapporté par Muslim (153).

          [4] Hûd ; 17

          [5] Hûd ; 17

          [6] Les coalisés ; 21

          [7] Le bétail ; 90

          [8] La famille d‘Imrân ; 75

          [9] Tafsîr e-Tabarî (5/508).

          [10] Les Romains ; 7

          [11] El ‘Arâf ; 179

          [12] La famille de ‘Imrân ; 188

          [13] Le Repas Céleste ; 46

          [14] Le Repas Céleste ; 48

          [15] Le bétail ; 154-155

          [16] Le bétail ; 91

          [17] Le bétail ; 92

          [18] El Ahqâf ; 12

          [19] Les récits ; 48

          [20] El Ahqâf ; 30

          [21] el ‘Udhb e-Namîr (2/602).

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          • #6





            Les muwâzanât

            (Partie 6)

            La raison

            Il est possible de déceler la raison de cette mystérieuse liaison entre le Coran et la Thora à travers le contenu de certains des Versets que nous avons cités précédemment. À titre d’exemple, nous pouvons recenser : (Nous avons descendu la Thora où il y a direction et lumière)[1] jusqu’à : (Nous avons descendu sur toi le Livre en toute justice venant confirmer le Livre avant lui, et faisant autorité sur lui. Juge donc entre eux avec les Lois descendues d’Allah, et ne suis pas leurs passions aux dépens de la vérité qu’il renferme).[2]

            Ces Versets dévoilent la raison pour laquelle les deux missions ont été rassemblées dans un seul contexte. Dans la sourate le Repas Céleste, le Tout-puissant a fait les éloges de la Thora auxquelles Il fait suivre les éloges du Coran. Il met l’accent sur l’autorité que constitue ce dernier sur l’ensemble des messages dont la Thora fait partie. Autrement dit, il en est le Juge, le Témoin, et le Dépositaire loyal. Il en est le Juge pour les avoir abrogés, le Témoin car ils ont été falsifiés alors qu’il est sauvegardé. Il en est le Dépositaire étant donné que tous les enseignements de ces derniers en accord avec lui correspondent à la vérité ; et tous ceux qui le contredisent sont automatiquement jugés faux comme Allah le déclare clairement dans le verset : (Ce Coran relate sur les fils d’Israël la plupart de leur divergence).[3] Ce rapprochement veut probablement nous dire que s’il est reconnu les mérites des Livres sacrées précédents, cela n’autorise pas à les mettre en pratique après l’avènement de Mohammed (r) puisque le Coran fait autorité sur eux.

            C’est pourquoi, ibn Taïmiya a souligné dans le contexte que nous avons désigné précédemment à l’occasion de la sourate Le voyage nocturne, dans son ouvrage Tafsîr Âyât ashkalat : « (Ce Coran guide vers le chemin le plus droit) : il est plus droit que celui des dépositaires de la Thora. De plus, il est plus juste au niveau de la direction que le Livre précédent. Malgré la particularité de la Thora à guider sur le droit chemin, le Coran a une plus grande propension à le faire. C'est pourquoi ce Verset est cité juste après celui dans lequel il est dit : (Nous avons offert le Livre à Mûsâ, Nous en avons fait une direction pour les fils d’Israël). Ensuite Il a dit : (Ce Coran guide vers le chemin le plus droit). »[4]

            Un autre Verset dans la sourate L’agenouillé vient confirmer ce principe : (Puis, Nous t’avons placé sur le chemin de la Loi. Suis-le donc et ne te laisse pas entraîner par les pulsions des ignorants).[5] Le Seigneur (I) l’a affirmé après avoir dit : (Nous avons offert le Livre aux fils d’Israël).

            Néanmoins, dans la sourate La famille de ‘Imrân, le verset suivant en l’occurrence : (Il a fait descendre sur toi le Livre par à-coup en toute vérité. Il confirme les livres présents avant lui. Il a descendu la Thora et l’Évangile. Auparavant une direction pour les hommes, et Il a descendu le Furqân).[6] Allah a fait suivre dans cette énonciation le Coran à la Thora et l’Évangile en le nommant el Furqân (le différenciateur). Il exprime ainsi cette qualité recensée en lui qui est la particularité à différencier entre le vrai et le faux. Cela va certainement dans le sens qu’il est impératif pour toute nation en quête de la vérité, de suivre le Coran indépendamment des autres Livres révélés, après l’avènement de la mission Mohammadienne.

            Ibn el Qaïyim a précisé dans Badâi’ el Fawâid : « Il a évoqué la révélation du Coran le Guide, le Différenciateur qui correspond à la victoire venant trancher entre le vrai et le faux. La subtilité dans le fait de lier la victoire à la bonne direction (le droit chemin), c’est que tous deux ont la propension à trancher entre le vrai et le faux. Ainsi, le Très-Haut dénomme el Furqân la chose à l’origine de la victoire offerte à Ses Serviteurs comme dans le Verset suivant : (Si vous avez vraiment cru en Allah et à ce que Nous avons révélé à Notre serviteur, le jour de gloire (Furqân), le jour où se sont rencontrées les deux armées).[7]

            Il a donc cité les deux principes : la révélation descendue le jour de gloire qui correspond à la victoire de Badr ; le jour où Allah a séparé entre le vrai et le faux en donnant la victoire à Son messager et à Sa religion ; en opposition à l’humiliation qu’ont reçu Ses ennemis et à leur débâcle. »[8]

            Ainsi, Allah mentionne ce genre de Versets pour exprimer la nécessité de suivre le Coran en particulier indépendamment des autres Livres comme nous l’avons déjà vu à travers notamment : (Voici un Livre bénit que Nous avons descendu, suivez-le donc). C’est pourquoi, lorsque le Seigneur a mis les croyants en garde de suivre la confession des gens du Livre, Il a dit : (Les Juifs et les Chrétiens, ne t’agréeront pas tant que tu ne suivras pas leur religion. Dis-leur : la direction du Seigneur est pourtant la meilleure. Si tu suivais leurs passions, après avoir reçu la science, tu n'aurais point en Allah ni Allié ni Secoureur).[9] Il est dans ce contexte fait mention aux adeptes du noble Livre : (Ceux à qui Nous avons donné le Livre, ils le lisent convenablement, ceux-là croient en lui, mais celui qui le renie ceux-là sont les perdants).[10] Ibn ‘Abbâs a donné l’explication suivante : « Ils le suivent convenablement. » ‘Iqrima qui n’est autre que le rapporteur d’ibn ‘Abbâs, a clarifié : « Ne vois-tu pas que tu peux dire : quelqu’un lit les traces de quelqu’un, c'est-à-dire qu’il le suit. (Par le soleil et sa clarté. Et par la lune quant elle le suit).[11] Mot à mot quant elle le lit. »[12]

            Cette description concerne indépendamment les gens du Livre ou les Compagnons (compte tenu de la fameuse divergence sur la question entre les exégètes). Quoi qu’il en soit, les gens du Livre reçoivent les éloges dans la mesure où ils croient au Coran et où ils le suivent effectivement comme nous l’avons déjà vu.

            Et l’Évangile ?

            Si l’on demandait pourquoi la plupart de ces Versets font mention uniquement de la Thora indépendamment de l’Évangile ? Nous dirions parce que l’Évangile est dans la continuité de la Thora, et qu’il en est le complément. Ibn Kathîr l’a notifié en faisant l’explication des versets 38 à 51 de la sourate Les récits : « Il est élémentaire pour les gens doués de raison, que le Très-Haut n’a pas descendu du ciel parmi les différents livres révélés, de plus complet, de plus vaste, clair, illustre, et de plus noble que le Livre descendu sur Mohammed (r), le Coran en l’occurrence. Le Livre révélé à Moïse fils de ‘Imrân se situe tout de suite après lui, dans sa noblesse et sa magnificence. Ce Livre qu’Allah a décrit ainsi : (Nous avons descendu la Thora où s’avèrent direction et lumière. Soumis, les Prophètes se référaient à sa Loi pour l’appliquer aux adeptes du judaïsme ainsi que les rabbins et les prêtres avec la Loi qu’ils ont gardée des Livres d’Allah ; ils s’en sont désignés les témoins).[13] Tandis que l’Évangile fut révélé pour justement compléter les enseignements de la Thora, et pour défaire certaines interdictions passées, infligées aux Israélites. »[14]

            Le Verset suivant corrobore cette analyse : (venant confirmer les enseignements de la Thora avant moi et pour vous soulager de certains carcans qui vous étaient infligés)[15] Compte tenu que le Coran et la Thora s’avèrent plus achevés par rapport aux autres Livres, Allah les a désignés ainsi : (Dis : Présentez-moi alors un livre plus éclairé que ces deux-là afin que je le suive, si vous êtes vraiment sincères).[16]

            En résumé, cette fameuse liaison a pour fonction de couper court à toute suspicion éventuelle concernant la pérennité des Livres abrogés bien que l’amalgame soit de taille. En effet, tous proviennent du Seigneur de l’univers. L’un est donc motivé par les éloges que peuvent susciter même dans l’absolu, les livres précédents, l’autre s’applique à en faire les éloges par rapport à leur premier statut, avant d’avoir subi toute altération.

            C'est pourquoi le Prophète (r) s’est mis énormément en colère lorsqu’il a aperçu entre les mains de ‘Umar des feuillets de la Thora. Selon Jâbir ibn ‘Abd Allah : « ‘Umar ibn el Khattâb se présenta auprès du Prophète (r) avec un livre entre les mains, qu’il avait récolté de certains gens du Livre. Quand il le lut au Prophète, ce dernier se mit en colère en disant : « Serais-tu dans le doute ? Ô ibn el Khattâb ! Par celui qui détient mon âme entre Ses Mains ! Je vous l’ai apporté claire et limpide. Ne leur demandez rien sinon vous risquez soit de démentir la vérité soit de croire à un mensonge. Par celui qui détient mon âme entre Ses Mains ! Si Mûsâ était vivant, il ne lui appartiendrait que de me suivre. » »[17]

            Autre exemple

            D’après un hadîth de Laïth ibn Sa’d certifié dans sahîh Muslim, selon Mûsâ ibn ‘Ulaï, selon son père : ‘Amr ibn el ‘Âs (t) se trouvait chez el Mustawrid el Qurashî lorsque ce dernier confia : « J’ai entendu l’envoyé d’Allah (r) déclarer : À l’approche de l’Heure, les romains seront les plus nombreux.

            Réfléchi bien à ce que tu dis, s’exclama ‘Amr ibn el ‘Âs en le reprenant.
            Et pourquoi, je ne répéterais pas, rétorqua-t-il, ce que l’envoyé d’Allah m’a appris !
            S’il en est ainsi, répondit-il résigné, c’est parce qu’ils possèdent quatre vertus :

            La première : ils sont les plus sages en période de troubles. La deuxième : ils sont les plus prompts face au malheur… » Il les a ainsi toutes énumérées et en a même cité une cinquième.

            Les savants ont dit : ‘Amr ibn el ‘Âs (t) ne fait pas les éloges des Romains qui sont des chrétiens mécréants. Néanmoins, il explique la raison pour laquelle ils vont perpétuer leur race qui sera la plus nombreuse à la fin des temps. Cela, car ils garderont leur sang-froid en période de troubles par souci de conservation.[18]

            Cette observation est vraiment pertinente. Le Prophète (r) a en effet informé qu’avant la fin du monde, les Romains seront prépondérants. Quelle en est la raison ? La réponse se trouve dans le propos même de ‘Amr ibn el ‘Âs ayant cité leurs qualités. La première étant qu’ils sont les plus raisonnables en période de troubles. C.-à-d. qu’ils se comportent avec sagesse et modération, tout en évitant de s’emporter et de se précipiter, dans le but de conserver « la race chrétienne » et de se préserver les uns les autres, ainsi que leurs alliés. En sachant pertinemment que sinon, ils seraient susceptibles de s’anéantir et de s’autodétruire.

            Il est surprenant de ne pas s’approprier cette qualité concédée par ‘Amr ibn el ‘Âs aux Romains, alors qu’en principe nous en sommes les plus dignes.[19]




            http://mizab.over-blog.com/

            [1] Le Repas Céleste ; 46

            [2] Le Repas Céleste ; 48

            [3] Les fourmis ; 76

            [4] Tafsîr Âyât Ashkalat (1/424).

            [5] L’agenouillée ; 18

            [6] La famille de ‘Imrân ; 3-4

            [7] Le butin ; 41

            [8] Badâi’ el Fawâid (2/253).

            [9] La Vache ; 120

            [10] La Vache ; 121

            [11] Le soleil ; 1-2

            [12] Athar (annale) rapporté par Abû ‘Ubaïd dans Fadhâil el Qur-ân (p. 130), ibn Jarîr dans son Tafsîr (2/388 et 492), et ibn el Muqrî dans el Mu’jam (105) avec une chaîne narrative authentique.

            [13] Le Repas Céleste ; 44

            [14] Voir : el Jawâb e-Sahîh d’ibn Taïmiya (6/517).

            [15] La famille de ‘Imrân ; 50

            [16] Les récits ; 49

            [17] Hadîth rapporté par Ahmed (3/387) ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans Zhilâl el Janna (50).

            [18] E-Sannûsî et el Ubî dans leur explication de sahîh Muslim.

            [19] Voir : e-dhawâbit e-shar’iya ‘inda el fitan du Sheïkh Sâlih Âl e-Sheïkh.


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            • #7


              Voici la partie (et la suivante) qui intéresse 'Abd el Qadir :



              Les muwâzanât

              (Partie 7)

              Chapitre III : les raisons poussant à dire du bien d’un innovateur[1]

              1- lors d’une biographie qui n’est pas soumise aux mêmes règles que la critique

              Aux yeux de Sheïkh el Albânî, l’étique réclame de relever les bons et les mauvais côtés pour faire la biographie d’une personnalité historique même controversée.[2] C’est donc un devoir.[3] El Khattâbî établit à ce sujet : « Il incombe de tout retranscrire sur un même homme qui rassemble à la fois des bons et des mauvais côtés, des qualités et des défauts. Il incombe de le retranscrire et de le faire connaitre. »[4] Puis, il rapporta avec sa propre chaine narrative une annale qu’il impute à ibn Sîrîn et dont voici les termes : « Si tu ne fais qu’évoquer les défauts de ton frère, sans ses qualités, tu auras fait preuve d’injustice envers lui. » [5] Toujours d’après el Khattâbî, Sha’bî renchérit : « Les arabes disaient : quand les qualités l’emportent sur les défauts, nous avons à faire à l’homme parfait, quand ils s’équivalent, nous avons à faire à l’homme moyen (mutamâsik), et quand les défauts l’emportent sur les qualités, il mérite les critiques. »[6]

              Abû Ya’lâ el Qazwînî dit pour sa part que le spécialiste recense les points forts et les points faibles.[7] En introduction à son ouvrage el qawâid, ibn Rajab met en lumière que l’homme équitable ferme les yeux sur les erreurs qui, rares, se noient dans l’océan des bonnes actions.[8]

              2- Par comparaison avec un autre innovateur plus égaré non dans l’absolu

              Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya établit à ce sujet : « Par ailleurs, dans le domaine du crédo qui touche à l’inconnu, chaque leader et chaque adepte des tendances musulmanes ne doit sa notoriété qu’à son attachement, même relatif, à la sunna et à sa reconnaissance des Noms et Attributs divins.

              Tout d’abord, les mu’tazlites – l’élite du Kalâm – ; ces derniers sont loués et encensés par leurs adeptes et ceux qui ferment les yeux sur leurs mauvais côtés, mais c’est uniquement en regard de leurs bons côtés et de leur fidélité aux traditionalistes dans le domaine du crédo. Ils sont célèbres pour leur réfutation aux râfidhites dans divers domaines ; la légitimité des Khalifes, la crédibilité des Compagnons, l’acceptation, mais aussi la falsification des textes, l’excès envers ‘Alî, etc.

              En revanche, les shiites primitifs sont plus louables que les mu’tazlites qui renient notamment les Attributs divins, le destin, et l’intercession. Ils étaient également louables par rapport aux kharijites, qui « excommuniaient » nombre de Compagnons à l’instar d’Alî et d’Uthmân, et qui « excommuniaient » les auteurs des péchés musulmans. Ils se distinguaient également des murjites, en faisant entrer les obligations religieuses dans la définition de la foi ; c’est même ce qui les poussa au crédo de la manzila baïn el manzilataïn, bien qu’ils ne parvinrent pas à s’aligner avec la sunna pure sur ce point.

              En outre, les mutakallimîns qui reconnaissent les Noms et Attributs divins (kullâbiya, karrâmiya, ash’ariya) doivent leurs lettres de noblesse (ils furent acceptés et suivis par la majorité de la communauté) à leur conformisme dans les fondements de la foi : la reconnaissance du Créateur, de Ses Attributs, de la prophétie, et à leurs réfutations aux Juifs, chrétiens, mécréants et païens ; ils mirent en avant les contradictions de leurs arguments. Ils sont estimables d’avoir réfuté les jahmites, les mu’tazlites, râfidhites, qadarites là où ils contrevinrent à l’orthodoxie.

              Ainsi, leurs bons côtés sont de deux sortes : quand ils sont conformes au traditionalisme et quand ils réfutent les arguments contradictoires des opposants au traditionalisme. Tous ceux qui rejoignent la tendance ash’arite sont mus dans leur motivations par au moins l’une de ses deux raisons, et rien d’autre. Chaque musulman, que ce soit parmi les savants ou la masse, n’aime et ne défend cette tendance que pour ces raisons.

              Les auteurs, à l’image de Baïhaqî, Qushaïrî Abû el Qâsim, ibn ‘Asâkîr e-Dimashqî, qui vantent les vertus du premier homme de la secte, et qui plaident en sa faveur contre les critiques et les damnations, mettent en avant ses positions où ils s’accordent avec les traditionalistes et ses réfutations aux anti-traditionalistes. La nation, avec les savants et les émirs à sa tête, n’entend parler d’eux que de ces deux arguments. S’il n’était pas plus proche de la vérité que ses coreligionnaires, on l’aurait mis au même niveau que ses contemporains bien moins louables de ce côté-là, à l’image de son premier Sheïkh Abû ‘Alî [el Jubbâî], et de son fils Hâshim.

              Néanmoins, ses positions orthodoxes qui touchent aux Attributs, au destin, l’imâma, les vertus (probablement des Compagnons ndt.), l’intercession, le bassin, le pont jeté au-dessus de la Géhenne, la Balance jouent en sa faveur. Tout comme ses réfutations aux autres sectes (mu’tazilites, qadarites, râfidhites, jahmites) qui mettent en lumière leurs contradictions. Il est indubitable qu’il se distingue d’eux et que nous devons lui reconnaitre le rang et le respect qu’il mérite : [Allah a fait toute chose avec mesure].

              Il doit sa notoriété et sa célébrité (recrudescence d’adeptes ndt.) à sa fidélité au traditionalisme. Néanmoins, cette fidélité, grâce à laquelle il prend le pas sur ses opposants en pulvérisant leurs arguments, l’élève au rang de mujâhid victorieux. »[9]

              Ailleurs, il explique : « Les râfidhites ont dans leurs rangs des hommes pieux et scrupuleux, mais comparativement, ils le sont beaucoup moins que ceux des autres sectes. Les mu’tazilites sont bien plus sensés, savants et religieux qu’eux. En outre, le mensonge et la débauche sont beaucoup moins répandus chez eux. Même les shiites zaïdite sont mieux qu’eux ; ils sont plus sincères, plus équitables, et plus cultivés dans les sciences religieuses. Néanmoins, il n’y a pas plus sincères et plus dévots d’entre toutes les sectes que les kharijites. »[10]

              Il souligne également : « Les Juifs et les chrétiens sont meilleurs à plus d’un titre que les jahmites dans tout ce qui concerne les croyances et l’adoration. »[11]

              « Les chrétiens par rapport aux Juifs se distinguent par leur dévotion et leurs mœurs, mais sans savoir, tandis que les Juifs se distinguent par leur intelligence et leur connaissance, mais sans dévotion ni bonnes mœurs. Les musulmans, quant à eux, réunissent à la fois les sciences utiles et les bonnes œuvres, la théorie (dhakâ) et la pratique (zakâ) ; Allah envoya son Messager porteur de la bonne voie (le savoir) et de la vraie religion (les actes). »[12]

              3- Pour informer non pour faire des éloges

              Selon la règle, les traditionalistes décrivent la réalité et ordonnent la vérité.[13]

              D’après el Bukhârî et Muslim, selon ‘Ali (r), j’ai entendu dire le Messager d’Allah (r) : « À la fin des temps, il y aura des hommes qui seront jeunes en âge et faibles d’esprit. Ils auront les meilleures paroles qui puissent être, mais leur foi ne dépassera pas leur gosier et ils sortiront de la religion comme la flèche transperce sa proie. Combattez-les où qu’ils soient, car il y aura une récompense le Jour de la Résurrection pour celui qui les aura combattus. »[14]

              Dhû el Khuwaïsira interpella le meilleur des hommes (r) en ces termes : « Sois juste ! Tu n’as pas été juste.

              Malheur à toi, lui lança-t-il, qui peut se vanter d’être juste si je ne le suis pas. »

              Après le départ de cet individu, le Messager (r) prévint : « Il y aura dans la postérité de cet homme, des gens devant la prière desquels vous aurez honte, et devant l’adoration desquels vous aurez honte. Mais, ils sortiront plus vite de la religion que la flèche transperce sa proie. Où que vous les trouviez, tuez-les. »[15]

              C’est dans cet ordre que nous devons comprendre l’hommage rendu par le Prophète (r) à el Mut’ib ibn ‘Adî. En outre, selon un hadîth que Sheïkh el Albânî a considéré « bon » dans sahîh el jâmi’, le sceau des messagers recensa sept qualités dont se dotaient la tribu de Quraïsh, même, pour certaines, à l’époque païenne.

              Il est même possible que ces fameuses qualités soient des arguments contre eux, et mis en avant pour mieux les fustiger. Elles soulignent également qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Sheïkh el Islâm fait remarquer en parlant des philosophes : « Ils ont certes une certaine intelligence et perspicacité, ils ont certes certaines bonnes mœurs et un certain ascétisme, mais cela ne suffit pas pour parvenir au bonheur et au salut dans l’autre monde contre les flammes de l’Enfer. Seuls les fondements dont nous avons parlé plus haut peuvent les garantir (la foi en Dieu, Son unicité et Son adoration exclusive, la foi à Ses Messagers, au Jour du jugement dernier, suivie des bonnes œuvres). La force de l’intelligence est du même type que la force physique et de la volonté. Celui qui jouit de certaines vertus au niveau du savoir et de la volonté, sans appliquer ces fondements est comparable à celui qui jouit de la force physique, mais sans n’appliquer ces fondements. »[16]

              « Les deux parties hétérodoxes (pro et anti-Attributs) renferment dans leurs rangs des éléments qui se distinguent par rapport à beaucoup de gens, par leur intelligence, leur raison, et leur connaissance. »[17]

              À suivre…




              [1] Voir pour les 6 premiers points de ce chapitre : el hudûd el fâsila baïna usûl manhaj e-salaf e-sâlih…. (p. 511-516) de Khâlid ‘Uthmân et qui fut préfacé par les Sheïkh : ‘Ubaïd el Jâbirî, Hasan ibn ‘Abd el Wahhâb el Bannâ, ‘Abd e-Rahmân Muhyi e-Dîn, Fâlih ibn Ismâ’îl, Ahmed Bazmûl.

              [2] Audio : mân hâmil râyat el jarh

              [3] Audio : liqâât el bâb el maftûh de Sheïkh el ‘Uthaïmîn (c n° 121).

              [4] El jâmi’ li ikhtilâf e-râwî wa âdâb e-sâmi’ (2/202).

              [5] El jâmi’ li ikhtilâf e-râwî wa âdâb e-sâmi’ (2/202).

              [6] El jâmi’ li ikhtilâf e-râwî wa âdâb e-sâmi’ (2/202).

              [7] El irshâd fî ma’rifa ‘ulamâ el hadîth (p. 408).

              [8] Voir : liqâ el bâb el maftûh de Sheïkh el ‘Uthaïmîn (p. 67).

              [9] Majmû’ el fatâwâ (4/11-14).

              [10] Manhâj e-sunna (5/157).

              [11] E-safdiya (2/240).

              [12] El jawâb e-sahîh (3/102).

              [13] Manhâj e-sunna (1/547).

              [14] Sahîh el Bukhârî (2930), et Muslim (1066).

              [15] Rapporté par el Bukhârî (5057) et Muslim (1066), selon ‘Alî ibn Abî Tâlib (t).

              [16] Majmû’ el fatâwâ (9/37).

              [17] Dar-u e-ta’ârudh (1/156), voir également : Majmû’ el fatâwâ (5/119).


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              • #8





                Les muwâzanât

                (Partie 8)

                4 – Pour laver son honneur des accusations calomnieuses ou des idées reçues dont il fait l’objet ou autre

                Allah (I) révèle : [La haine que vous éprouvez pour des gens ne doit pas vous pousser à être injustes ; soyez justes, et vous serez plus prompts à la piété][1] ; [et soyez justes, car Allah aime les justes][2] ; (Allah ordonne la justice, la bienfaisance, et de donner aux proches, tandis qu’Il interdit la perversité, les fautes, et la débauche. Il vous exhorte, ainsi vous rappellerez-vous)[3] ; (Allah ne vous empêche pas concernant ceux qui ne vous ont ni combattus dans la religion ni ne vous ont sortis de vos maisons, d’être bon envers eux et juste avec eux ; Allah aime les gens justes)[4] ; [Allah vous ordonne de rendre les dépôts à ses ayants droit, et si vous devez juger entre les gens, alors faites-le avec justice. Quelle belle chose celle à quoi Allah vous exhorte ! Il était certes Voyant et Entendant].[5]

                Voir pour ce sujet : Majmû’ el fatâwâ (4/11-14).

                Ibn Taïmiya fait remarquer : « Tout musulman et tout homme sensé en général, se rendra compte, en comprenant la réalité de leur discours, que ces gens-là renient le Créateur, démentent les messagers et les lois célestes, corrompent la raison et la religion. Nous ne voulons pas dire par là que les ash’arites ne nous concèdent pas ce point. Non, pas du tout ! Ils sont même les plus acharnés à rendre mécréants et à combattre ce genre d’individus, mais le problème avec ceux dont nous parlons, c’est qu’ils sont du même type que les qarmates ésotériques. »[6]

                « Il incombe de savoir à cette occasion, que les mauvaises paroles et actes imputés aux shiites, en sachant que nous sommes loin d’avoir cités ce qu’ils ont de pire, ne viennent pas nécessairement des imamites duodécimains, et encore des moins de zaïdites. Elles seraient plutôt à mettre au compte des ultras, et sont même répandues dans les milieux non savants. Par exemple, il est dit qu’ils interdisent la viande de chameau, qu’ils restreignent le divorce à l’agrément de la femme, etc. En réalité, ses opinions sont véhiculées dans les masses shiites, mais elles n’ont à rien à voir avec leur élite. Cela dit, si l’on sait qu’à l’origine, leur école prend ses racines dans l’ignorance, il s’ensuivit que le mensonge et l’ignorance sont plus recensés chez eux, que chez n’importe quelle autre secte. »[7]

                « Parmi les savants qui prirent l’initiative de les réfuter, nous pouvons compter ‘Abd Allah ibn Sa’îd ibn Kullâb, qui jouissait d’une certaine érudition. Ses vertus et sa religiosité étaient non négligeables. Certaines prétendent qu’il innova sa tendance en vue de faire prévaloir la religion chrétienne sur les musulmans. Ces allégations mensongères sont notamment imputées à ses détracteurs. Ces derniers lui voyaient d’autres défauts. Il aurait, selon eux, recommandé cette croyance à sa sœur. Les mu’tazilites et les jahmites qu’il avait durement malmenés, faisaient répandre ce genre de calomnies sur son dos. Selon leur raisonnement, les pro-Attributs divins ne faisaient que s’inspirer des chrétiens. Dans son fameux radd ‘alâ el jahmiya, l’imâm Ahmed confirme que cette accusation est l’un de leurs atouts contre les traditionalistes. Par la suite, les sâlimiya la reprirent à leur compte.

                Même certains traditionnistes et légistes se mirent à stigmatiser ibn Kullâb en vue de jeter le discrédit sur lui, car il fut l’auteur d’une nouvelle hérésie sur le caractère incréé du Coran. Malheureusement, ils s’inspirent d’une accusation qui est une pure invention de ses ennemis mu’tazilites et jahmites. Ils ne savent pas que ses détracteurs sont bien pires que lui ; il est bien plus proche qu’eux de la sunna. »[8]

                5- Pour informer qu’un rapporteur innovateur ne ment pas et que sa mémoire est irréprochable, mais sans faire ses éloges dans l’absolu

                Exemple : la biographie d’Abân ibn Taghlab ; Ahmed, Yahyâ ibn Ma’în, Abû Hâtim et e-Nisâî ont dit sur lui qu’il était « crédible » (thiqa) au niveau de la narration. Pour el Jawzujânî, il est un égaré, blâmable qui affiche sa tendance. Ibn ‘Adî, quant à lui, juge en un mot qu’il est sincère dans ses narrations, bien qu’il soit d’obédience shiite. El Hâkim explique qu’il était le « conteur » des shiites, mais crédible. El ‘Uqaïlî témoigne à son sujet : « J’ai entendu dire Abû ‘Abd Allah qu’il était réfléchi, bien éduqué (ou lettré ndt.), et était l’auteur de narrations authentiques. Son problème, c’est qu’il était un shiite ultra (ou acharné ndt.). » El Azdî confirme.

                6- tout simplement par erreur

                Deux facteurs sont à l’origine d’une erreur potentielle dans ce domaine :

                Quand l’innovateur est assez malin pour cacher sa vraie tendance, ou quand le savant se base sur le bon soupçon, et se fie dans son jugement à l’époque où sa situation n’était pas claire.
                Quand le savant n’est pas au courant de sa situation, contrairement à d’autres de ses coreligionnaires.

                Les exemples de ces deux cas de figure sont innombrables à l’époque des nobles ancêtres, mais nous nous contenterons d’en citer qu’un ; autrement dit, ‘Omar (t) pensait du bien du mujrim ‘Abd e-Rahmân ibn Muljam, l’assassin d’Alî, mais c’était bien avant qu’il affiche son penchant pour le kharijisme.

                7- Rappeler au fautif ses bons côtés pour le ramener à la raison et pour encourager ses adeptes à délaisser son erreur

                Certains auteurs omettent cette motivation, qui est pourtant cruciale pour mieux comprendre le phénomène des muwazânât et ne léser personne… Qui de mieux pour nous en parler que l’Imâm ibn Bâz : « Les savants ont le devoir de réprimander les innovations et débauches affichées en public, en s’appuyant pour convaincre tout contrevenant, sur des preuves textuelles. Ils devront user avec lui d’un ton acceptable, et lui faire le sermon (en insufflant en lui la peur et l’espoir). Ils ne sont pas obligés de citer les bons côtés, quand il s’agit d’un innovateur, mais, quand on fait la morale (ordonner le bien et interdire le mal) à un fautif éventuel ayant succombé à ses passions à ses deux niveaux (intellectuelles et corporelles), on peut lui rappeler ses fastes pour l’encourager à se repentir. C’est un bon procédé à même de lui faire accepter son erreur et de le ramener à la vérité. »[9]

                De relatifs éloges

                Il n’y a donc pas de mal à dire du bien d’un innovateur si l’intérêt le réclame, comme le souligne également Sheïkh el ‘Uthaïmîn.[10]

                C’est à la lumière des sept raisons évoquées plus haut que nous pouvons désormais orienter les paroles de savants faisant les éloges d’innovateurs incontestables. L’Imâm Sâbûnî disait sur el Juwaïnî le père : « Si Sheïkh Abû Mohammed el Juwaïnî avait vécu au milieu des enfants d’Israël, il aurait été leur fierté et ses fastes nous seraient parvenus jusqu’aujourd’hui. »[11] Il encensait également une autre grande référence ash’arite en la personne de l’hérésiographe Abû Mansûr ‘Abd el Qâhir el Baghdâdî, l’auteur d’el farq baïna el firaq.[12] Abû Fadhl e-Tamînî, le doyen hanbalite de son époque, hélait lors du cortège funèbre du Qâdhî Abû Bakr el Bâqallânî des slogans du genre : « Voici le défenseur de la sunna ! » Il ne manquait pas après son enterrement de visiter tous les vendredis[13] la tombe de celui qui fut considéré comme le second fondateur de l’Ash’arisme.[14] D’ailleurs, il n’en fallut probablement pas plus à Abû Hâmid el Asfarâyînî pour couper les liens avec Abû Fadhl.

                Ibn Taïmiya rendit également un grand hommage à Bâqallânî pour sa défense de la religion contre des innovations et des sectes bien plus grave que celles à laquelle il adhérait,[15] comme nous l’avons vu plus haut. Nous avons vu aussi qu’il fit les éloges d’ibn Kullâb et d’Abû Hasan. Par ailleurs, il remercia de grands leaders du kalâm pour leurs efforts d’éradication des bâtinites, à l’instar d’ibn Fawrk, el Qâdhî Abû Ya’lâ (qui reçut l’influence du kalam), et Shahristânî pour ne citer qu’eux.[16] Il ne tarissait pas non plus d’éloges sur le mu’tazilite ibn Jinnî,[17] el Ghazâlî,[18] ibn Hazm,[19] etc.

                Les dangers de faire les éloges des innovateurs

                Dans siar a’lâm e-nubalâ, Dhahabî nous relate la biographie d’Abû Dharr el Harawî, qui, au dire d’Abû el Walîd el Bâjî, fut marqué par sa rencontre avec le Qâdhî Abû Bakr el Baqallânî, qui fut pourtant, aux dires d’ibn Taïmiya, considéré comme le second fondateur de l’Ash’arisme, comme nous venons de le voir.[20]

                Voici en détail l’anecdote d’el Bâjî : « Le Sheïkh Abû Dharr [el Harawî] m’a informé qu’il penchait vers sa tendance. Je lui demandai alors : « D’où vient ce penchant ?

                Un jour, à Bagdâd, je me promenais avec le Hâfizh Dâraqutnî, et nous avons croisé Abû Bakr ibn e-Taïyib [el Baqallânî]. Le Sheïkh Abû el Hasan le serra alors dans ses bras et lui embrassa le visage et les yeux. Une fois que nous le quittâmes, je me tournais vers lui pour lui demander : « Qui est-il pour que tu fasses en son honneur ce qui ne me serait jamais passé à l’esprit venant de toi, l’Imâm de notre époque ? » – C’est l’Imâm des musulmans, justifia-t-il, le défenseur de la religion, Abû Bakr ibn e-Taïyib el Qâdhî. »

                Depuis ce jour, poursuivit Abû Dharr, je le visitais régulièrement avec mon père, et dans tous les pays du Khurasân et ailleurs que je visitai, les traditionalistes les plus notoires suivaient tous, sans exception, sa tendance et sa voie. »[21]

                Ainsi, d’obédience malikite dans le fiqh, el Harawî épousa le crédo ash’arite. Résident à La Mecque, il devint le porte-parole du kalâm à tous les pèlerins en provenance du maghreb et de l’Andalousie. Ces derniers dérogèrent ainsi à l’usage en vigueur chez les grands traditionalistes malikites avant eux, à l’instar d’Asîlî, Abû el Walîd ibn el Faradhî, Abû ‘Omar e-Talamankî, Makkî el Qaïsî, Abû ‘Amr e-Dânî, et enfin Abû ‘Omar ibn ‘Abd el Barr qui n’avaient jamais trempé dans le kalâm.[22]





                [1] Le repas céleste ; 8

                [2] Les appartements ; 9

                [3] Les abeilles ; 90

                [4] L’épreuve ; 8

                [5] Les femmes ; 58

                [6] El fatâwâ el kubrâ (6/539).

                [7] Manhâj e-sunna (1/57).

                [8] Majmû’ el fatâwâ (5/555).

                [9] Majmû’ fatâwâ wa maqâlât ibn Bâz (9/352).

                [10] Audio : liqâât el bâb el maftûh de Sheïkh el ‘Uthaïmîn (c n° 127).

                [11] Siar a’lâm e-nubalâ (17/617).

                [12] Siar a’lâm e-nubalâ (17/572).

                [13] Siar a’lâm e-nubalâ (17/190).

                [14] Voir : Nash-a el Ashâ’ira wa Tatawwaruha (p. 320).

                [15] Darr e-ta’ârudh (2/100).

                [16] Majmû’ el fatâwâ (9/134).

                [17] Majmû’ el fatâwâ (20/486).

                [18] Majmû’ el fatâwâ (4/63, 72).

                [19] Majmû’ el fatâwâ (4/18-19).

                [20] Voir : Nash-a el Ashâ’ira wa Tatawwaruha (p. 320).

                [21] Siar a’lâm e-nubalâ de Dhahabî (17/558).

                [22] Siar a’lâm e-nubalâ de Dhahabî (17/557).

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