La conception de la foi chez l’Albani
(Partie 1)
Il n’est pas permis de préférer une opinion sans preuve et de s’y accrocher aveuglément sous prétexte qu’elle vienne d’un tel. Quand on n’a pas les moyens de regarder dans les textes, on est obligé de se fier à son sheïkh (taqlîd), mais sans donner son avis ni donner tort ou raison à qui que ce soit. Quand on a les moyens de faire la part des choses, on peut se permettre de prendre la vérité qui est chez lui, de rejeter ses opinions fausses, ou faute d’arguments suffisants, de s’abstenir de se prononcer. Les hommes n’ont pas tous la même capacité intellectuelle de la même façon qu’ils n’ont pas tous la même capacité physique.[1]
Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !
« Le Jour de la Résurrection, Allah défend contre l’Enfer le visage de quiconque défend l’honneur de son frère sur terre. »[2]
Selon el Qâsim ibn ‘Abd e-Rahmân e-Shâmî, j’ai entendu dire Um ‘Abd Allah : « Si quelqu’un défend son frère sur lequel on a médit, Allah lui rendra en bien sur terre et dans l’Au-delà. Mais s’il ne défend pas son frère, Allah lui rendra en mal sur terre et dans l’Au-delà. La pire bouchée que l’on peut avaler, c’est de médire sur le dos du croyant. Si les paroles portent sur des choses que l’on connaît, c’est faire de la médisance ; mais si elles portent sur des choses dont on n’a aucune connaissance, c’est de la vulgaire calomnie. »[3]
D’après un hadith rapporté par l’Imam Ahmed, le Prophète (r) a dit : « Le Jour de la Résurrection, Allah (I) envoie un ange pour protéger des flammes de l’Enfer, quiconque défend un croyant sur terre contre la mauvaise langue d’un hypocrite. Allah (I) retient sur le Pont jeté au-dessus de la Géhenne quiconque accuse le croyant d’une chose dans l’intention de l’injurier, jusqu’à ce qu’il revienne sur ses paroles. »[4]
Selon Jâbir ibn ‘Abd Allah (t) et Abû Talha ibn Sahl el Ansârî (t), le Messager d’Allah (r) a déclaré : « Allah (I) abandonne dans une situation où Sa défense est sollicitée quiconque abandonne un musulman dans la situation où son honneur est entamé et méprisé. Allah (I) défend dans une situation où Sa défense est sollicitée quiconque défend un musulman dans la situation où son honneur est entamé et méprisé. »[5]
Introduction
Beaucoup de gens parlent d’irja sans ne savoir ce que c’est, un peu comme les mutakallimîns qui parlent du matin au soir d’anthropomorphisme, alors qu’ils ne savent même pas de quoi il en retourne réellement, et ils ne connaissent aucunement la tendance traditionaliste sur le sujet. Ils en ont une connaissance vague et approximative. Si les grandes références de l’ash’arisme, qui est pourtant la secte ayant le plus de proximité avec ahl e-sunna, s’en font une représentation erronée, il faut alors s’imaginer la situation chez les autres sectes.
Sheïkh el Islam ibn Taïmiya fait ce constat amer à travers les lignes suivantes : « Bon nombre d’hérésiographes parmi les dernières générations recensent les diverses opinions qu’ils connaissent sur une question qui constitue pourtant l’un des fondements les plus illustres de la religion comme celui de la Parole d’Allah. Cependant, ils ne connaissent pas celle des anciens et des grandes références de la communauté qui renferment les bonnes tendances sur chaque point de la religion. Ainsi, ils n’en connaissent ni l’opinion ni leur éventuels auteurs à l’instar d’el Shihristânî, l’auteur d’el Milal wa e-Nihal dans lequel il recense les différentes pensées à travers les grandes civilisations, mais il ne dit pas un mot sur la tendance traditionaliste qu’il ne connaît même pas. Concernant la Parole d’Allah, de grands auteurs tels qu’el Qâdhî Abû Bakr, Abû el Ma’âlî, el Qâdhî Abû Ya’lâ, ibn e-Zâghûnî, Abû el Husaïn el Basrî, et Mohammed ibn el Haïsam omettent de citer la tendance qui fut certifiée chez les anciens et les grandes références à l’image d’Ahmed ; lorsque ces derniers recensent toutes les tendances sur la question et que leur choix tombent sur l’une d’entre elle. »[6]
Il a souligné ailleurs : « Quant aux enseignements du Messagers, des Compagnons, de leur successeurs, et des grandes références des musulmans, ils n’en ont aucune connaissance. Ils ne font que citer un certain nombre d’opinion parmi lesquelles ils en choisissent une. Ils réfutent ensuite les autres tendances qui sont en fait toutes aussi fausses les autres que les autres, ce qui laisse l’observateur perplexe. La chose qui pourrait éventuellement le contenter, c’est de savoir qu’en se réfutant les unes les autres, toutes ses opinions s’écroulent d’elles-mêmes, comme il est possible de le constater dans la plupart des ouvrages philosophiques ou du Kalâm, que ce soit chez les penseurs anciens ou modernes à l’image de Râzî et d’el Âmûdî. »[7] Cela concerne autant les adeptes du Kalâm, du Raï (l’opinion), que les soufis et les ascètes.[8]
Des têtes pensantes comme Abû el Ma’âlî, Abû Hâmid el Ghazâlî, ibn el Khatîb, etc. n’avaient aucune connaissance dans les sciences du Hadith, ils atteignaient à peine le niveau d’un débutant avant de pouvoir mesurer les grands spécialistes en la matière. Ils ne faisaient même pas la différence entre un hadith authentique et un hadith complètement inventé comme en témoigne la plupart de leurs ouvrages où l’on y trouve des choses incroyables ![9]
Les témoignages de ses contemporains
En parlant de Sheïkh el Albânî, Mohammed ibn Ibrahim : « C’est un traditionaliste, défenseur de la vérité, et adversaire des dissidents.»[10]
Mahmûd e-Tuwajrî : « L’Albânî aujourd’hui est un symbole de la sunna ; le critiquer, c’est contribuer à la critiquer.»[11]
Râjihî : « Sheïkh el ’Albânî est le grand spécialiste en hadîth du siècle – qu’Allah lui fasse miséricorde –. Il s’est mis au service de la sunna ; il est l’auteur d'ouvrages et de recensions extraordinaires… Les égarés ont en ligne de mire Sheïkh el ’Albânî.»[12]
Sheïkh ‘Abd el ‘Azîz témoigne également : « … Je répondrais comme Sheïkh el ’Uthaïmîn, ce n’est pas auprès de quelqu’un comme moi qu’il faut se renseigner sur lui.»[13]
Sâlih Âl e-Sheïkh : « … c’est l’un des symboles de la sunna et l’un des traditionnistes, par lesquels Allah (Y) préserve notre religion, et propage la sunna. »[14]
Sâlih e-Luhaïdân : « … Sheïkh ‘Abd el ‘Azîz ibn Bâz ne l’a jamais traité de murjite ni de jahmite ! Aucun des étudiants en science qui le connaissaient à Médine n’a dit du mal de lui ! À ma connaissance, aucun d’entre eux ne l’a jamais fait. »[15]
L’Imam Shanqîtî éprouvait un respect immense pour Sheïkh Nâsir à tel point qu’il se levait de son dars à la mosquée du Prophète (r) pour le saluer quand il le voyait passer.[16]
Sheïkh ibn Bâz voyait en lui le « Revificateur » de notre siècle (tout comme el ‘Uthaïmîn d’ailleurs), en plus des innombrables occasions où il rappelait tout le bien qu’il pensait de lui, notamment quand il prenait sa défense.[17] Une fois, il associa sa voix à la lajna dâima (fatâwâ e-lajna dâima 12/224) pour confirmer que la croyance du muhaddith était saine.
On ne compte plus les fois où Sheïkh el ‘Abbâd rend hommage à l’Albanais, notamment à l’occasion de son décès.[18]
Pour Bakr Abû Zaïd, seul un détracteur ignorant pour contester son appartenance au giron des traditionalistes.[19]
La liste est encore très longue.
Ainsi, pour reprendre les paroles de Sheïkh el ‘Uthaïmîn, celui qui accuse Sheïkh el Albânî d’irja, soit il ne connait pas l’homme soit il ne connait pas l’irja ![20]
Remarque
Je n’ai pas la prétention ici de répondre aux accusations dont il fut l’objet, étant donné qu’un article y fut déjà consacré ; il fut suivi d’une introduction générale qui est valable pour la défense de n’importe quelle traditionaliste :
http://mizab.over-blog.com/article-l...104258492.html
http://mizab.over-blog.com/article-i...105139382.html
Cet article se propose plutôt de faire un parallèle entre les erreurs éventuelles, ne serait-ce que d’un point de vue purement formelle, de certains traditionalistes et la position de l’Albani sur la même question, et qui a chaque fois se range du côté de la vérité. Si cela démontre une chose, c’est qu’il était loin d’être le premier venu dans le domaine de la foi.
À suivre…
Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/
http://www.mizab.org/
[1] Majmû’ el fatâwâ d’ibn Taïmiya (35/233).
[2] Rapporté par Ahmed (27543) et e-Tirmidhî (1931), selon Abû Dardâ (t).
[3] Hadith authentique. Voir : el Adab el Mufrad avec la recension de l’Albânî (253).
[4] Rapporté par Abû Dawûd, Sheïkh el Albânî l’a considéré bon. Sheïkh el ‘Uthaïmîn pensait que l’une des raisons qui ont poussé certains à remettre en question l’intégrité de Sheïkh el Albânî, est le sentiment de jalousie qu’il a suscité à cause du succès immense dont il a jouit notamment et pas seulement, dans les milieux savants. Cette réaction était caractéristique aux hypocrites de la première époque qui prenaient les croyants en dérision. Sheïkh Mohammed va plus loin en disant que l’accusation d’irja dont fut l’objet Sheïkh Nâsir est mue par les mêmes qui ne tolèrent aucune contradiction à leurs points de vue dans le domaine du takfîr. Tous ceux qui s’opposent à leurs conclusions sont automatiquement taxés de murjites. Le Sheïkh en conclut qu’il ne faut pas prêter l’oreille à ce genre d’accusation d’où qu’elle puisse venir. Voir : juhûd el Imâm el Albânî fî bayân ‘aqîda e-salaf (p. 104-105) qui à l’origine est une thèse universitaire ès Magistère d’Ahmed el Jabbûrî.
[5] Rapporté par Abû Dawûd ; voir : Tafsîr ibn Kathîr.
[6] Dar e-Ta’ârudh (2/307).
[7] Idem. (9/67-68).
[8] El furqân baïna el haqq wa el bâtil dans majmû’ el fatâwâ (13/25).
[9] Majmû’ el fatâwâ (13/25). El Ghazâlî lui-même disait que son bagage était léger dans les sciences du hadith. Voir : Majmû’ el fatâwâ (35/176).
[10] Voir : ses fatâwâ (4/74).
[11] Voir : tazkiya el ‘ulamâ li el Albânî.
[12] Voir : mawqi’ Sheïkh ‘Abd el ‘Azîz e-Râjihî.
[13] Voir : mawqi’ Sheïkh ‘Abd el ‘Azîz e-Râjihî.
[14] Voir : majallat el asâla (n° 23 p. 65).
[15] Voir : le site sahâb e-salafiya.
[16] Voir : majallat el asâla (n° 33 p. 76).
[17] Voir : juhûd el Imâm el Albânî fî bayân ‘aqîda e-salaf (p. 18-19) qui à l’origine est une thèse universitaire ès Magistère d’Ahmed el Jabbûrî.
[18] Voir : juhûd el Imâm el Albânî fî bayân ‘aqîda e-salaf (p. 21-22).
[19] Voir : juhûd el Imâm el Albânî fî bayân ‘aqîda e-salaf (p. 22).
[20] Voir la revue manâbir el huda (2/23-24).
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